à l’esjioir de recueillir des renseignements bien précis
sur tout ce qui concerne l’organisation intérieure du
ro y aum e , sur ses forces militaires et m a ritim e s, sa po-
])ulation, son adm in istra tio n , ses ricbesses et son in dustrie.
Après le d ép a rt du jeune Vanier, il n ’éta it plus possible
d ’entre tenir des communications v e rb a le s , soit avec
les au to rité s, soit avec les habitants d o n t personne à
b o rd ne comprenait la langue et qui eux-mêmes n ’en-
teudaient pas la nôtre. On ne pouvait p én é tre r dans le
pays, et p ar consé((uent rien observer un peu attentivem
e n t, parce que, du moment où les Français mettaient
le pied sur le rivage , ils étaient entourés de so ld a ts,
suivis et traqués comme des pestiférés. Par grâce spéciale
il leur fut permis d ’aller au baz ar; mais non sans être
accompagnés, tan t on craignait q u ’ils essayassent de p é n
é tre r plus avant. On a vu q u e , sur la riviè re , d o n t les
deux rives étaient gardées p a r de nombreux soldats,
deux embarcations armées b a rra ien t aussi le passage
aux canots qui aura ient tenté de rem o n te r au-dessus de
Tourane.
M. Vaillant eût p u sans doute se soustraire à cette
surveillance b le ssan te , s’il avait voulu employer la force
pour écarter ces importuns gardiens; plus d ’une fois
les officiers de l’expédition éprouvèrent que ce n ’était
pas difficile.
Mais à quoi bon se révolter contre l’exécution d ’une
loi qui s’appliquait à tous les étrangers ? Alors surtout
qu'il se voyait d ’ailleurs traité p ar les mandarins chargés
de l ’appliquer, non-seulement avec ime distinction ma rq
u é e , mais encore avec toutes les formes respectueuses.
Des actes d ’hostilité n ’aura ient p u , dans nn pareil cas ,
avoir p o u r conséc{uence que d ’appeler de sanglantes re présailles
sur les navires du commerce français qui viendraient
après la Bonite. M. Vaillant c ru t plus sage et
plus utile de laisser à ceux q u ’il visitait une impression
favorable du caractère français. Cette pensée lui d onna
la patience de supporter bien de petites contrariétés,
q ui ne l’empêchèrent pas de témoigner constamment
aux mandarins, avec qui il se trouvait en rela tions, une
bienveillance affectueuse.
' Il n ’est guère p ro b a b le , du r e s te , que de longtemps
les navires du commerce français tro u v en t quelque in té
rê t à fréquenter Tourane. Sans parler des tracasseries
humiliantes auxquelles ils devraient s’a tte n d re , puisque
la Bonite, malgré sa force im p o s an te , n ’en p u t être
ex em p té e , il faut rema rque r to u t d ’ab o rd un premier
obstacle à toute opération avantageuse.
Le navire étranger venant en Cocbincbine n e peut
vendre sa cargaison q u ’au ro i, car la population de
Tourane est beaucoup tro p pauvre p o u r rien acheter.
D’ailleurs les habitants de ce pays craignent tellement
l’avidité des man d arin s q u e , p o u r ne pas l’exciter et
n ’en être p oint pressurés, ils se font pauvres, s’ils ne le
sont pas rée llem ent, et enfouissent leur argent.
D’un autre cô té , pour tra ite r avec le ro i, l’unique