roi tie Cocliinchine. ils créèrent en peu de temps une
armée et une marine bien supérieures aux forces de
terre et de mer que jiouvaieut lui opposer les ïu n k i-
nois, et surent, p a rle u rs sages dispositions, au tan t que
par leur courage, appeler et fixer la victoire sous les d ra peaux
de Cia-Long.
De son côté, l ’évêque d ’Âdraii, d o n t l’attachement et
le dévouement au roi ne connaissaient pas de bornes,
usa de son influence p o u r a ttire r dans son armée, non-
seulement les nombreux chrétiens du royaume de
Tsiampa, mais aussi ceux que renfermaient les provinces
de Cocbincbine encore soumises au joug du roi de
Tunkin.
Rétabli par leur secours sur le trô n e de ses p è r e s , le
roi Gia-Long h o n o ra les hommes éminents qui le lui
avaient rendu. L’évêque d ’A d ra n , respecté de tous les
grands du pays, continua à jo u ir près du roi de la plus
grande considération, ju sq u ’à sa mort, qui arriva peu de
temps après celle du jeune prince élevé sous sa direction.
Les officiers français re stè ren t à son service avec le
titre de mandai’ins ; ils co n trib u è ren t puissamment à la
conquête du Tunkin, que Gia-Long réu n it ensuite à sa
c o u ro n n e , et conservèrent leur faveur tan t que ce roi
vécut. Ils étaient bien vus d ’ailleurs des autres mandarins,
qui avaient une haute opinion de leur mérite, p o u r
les avoir vus à l ’oeuvre. Du r e s t e , to u t semblait devoir
confirmer et ren d re efficaces les bonnes intentions d e puis
longtemps manifestées par la cour d ’Hué-fou envers
la France e t les Français. Ce fut ce qui détermina
Louis XVilI, peu après sa restauration sur le trône de
F ra n c e , à rep ren d re les négociations relatives à la cession
du te rritoire environnant T o u ra n e , e t su rto u t aux
avantages commerciaux que devait nous assurer le p re mier
traité.
Mais les choses étaient bien changées en quelques
années. Gia-Long avait de puissants motifs d ’aimer les
Français, q u ’il ne connaissait que p a r leurs services et
leur dévouement chevaleresque; mais il craignait les
Anglais. îl eut p eu r que ceux-ci ne vinssent réclamer les
avantages q u ’il aura it concédés à une autre nation européenne
: ce sentiment paralysa toute sa b onne volonté
à n o tre égard.
Ce fut bien pis e n c o re , lorsque après la m o rt de Gia-
L o n g , Mine-Mben, le roi actuel, fut monté sur le trône
de Cocbincbine.
Les sentiments de défiance e t d ’aversion profonde
que le nouveau souverain avait conçus depuis longtemps
contre les maîtres de l ’Inde, d o n t il voyait en trem b lan t
la puissanceet l ’am bition g randir tous les jo u rs, lui firent
p ren d re en h aine tous les Européens. Bientôt cet éloignement
se trad u isit p a r des actes. Les mandarins fran çais
, qui avaient ren d u ta n t de services à son p è r e , en
furent les premières victimes. Leurs services furent oubliés;
peut-ê tre même ce souvenir ne fit-il q u ’ajouter
aux défiances d ’un prince ombrageux. L’ingratitude est
compagne de la peur.