d ’éloiinement pour nous. « De la glace dans la zone to rride
! — Poui'([iioi non ? i e])t it le capitaine. Dabord vous
savez (pi'il y a près d ’ici une [ilaine, nommée la plaine des
glaces où, toutes les nuits, ou fait congeler l ’eau daus des
vases à fond très-plat. 11 suffit, pour c e la , d ’isoler ces
vases de la terre au moyen d ’une coucbe de paille ou de
charbon et de laisser ainsi l’eau pe rd re son calorique par
le rayonnement. Mais nous n ’avons même pas besoin de
cette ressource artificielle. La glace que vous voyez vient
des Etals Unis d ’Amérique; tous les ans arriv en t à Calcutta
des navires qui n ’o n t jias d ’autre cha rgement; an
moyen de ({uelques précautions elle se conserve très-bien
el elle ne coûte pas che r. » Le repas égayé p a r la conversation
de n o tre hôte était trop agréable p o u r ne pas se
pro lo n g er; il durait en c o re , que déjà le soleil atteignit
l ’horizon.
« En ce moment des cris de joie se firent en ten d re sur
les deux rives du fleuve. La curiosité uous ramena sur le
{)ont d ’où nous fûmes témoins d ’une scène fort étrange,
po u r nous du moins qui u ’étions jamais venus au Bengale.
E p iso d e d ’tine Tête in d ie iiu e .
t< Le bateau côtoyant le rivage passait près d ’un village
h in d o u , et le village était en fête. On y.célébrait nue
de ces cérémonies de la religion d eB ra bm a q u i donnent
la mesure de ce que jieut le fanatisme superstitieux.
« Au milieu de la foule rassemblée sur la place et
remplissant l’air de ses cris, s’élevait uu poteau et sur le
poteau pivotait une longue traverse. A l ’une des extrémités
de cette traverse pendait uu croc de fer ; à l’autre
se trouvait fixée une corde d o n t plusieurs bommes tenaient
le bout. Quand le soleil commença à disparaître
sous 1 horizon, un Indien que son rang et son zèle religieux
ren d a ien t digne de cet h o n n eu r, fut suspendu p a r
les reins an bo u t de la traverse, au moyen du croc de fer
q u ’on fit en tre r dans les chairs. Aussitôt le branle étant
d o n n é , la traverse to u rn a rapidement sur son a x e , faisant
ainsi décrire au p atien t un cercle dans les airs. Pendant
cette évolution, qui nous p a ru t un affreux supplice, l’hindou
montra it un visage heureux e t souriait aux spectateurs
envieux de son so rt, en leur je tan t à pleines mains
des fleurs e t des fruits. Une musique infernale, destinée
p eu t-ê tre à couvrir les cris que la douleur eût pu lui arracher,
ne cessa de se faire entendre ta n t que du ra la cérémonie.
Quand elle c e ssa, le plus p rofond silence succéda
au tumulte de la foule qui s’écoula sans proférer
une parole ou je te r un cri. J ’avais vu distinctement ce
qui venait de se passer et je pouvais à peine y croire.
Mon étonnement diminua p o u rtan t un p eu , quand on
me fit rema rque r q u ’outre le croc passé à travers la peau
des reins une ceinture aidait à suspendre l’accroché. Aujo
u rd ’hui je me demande si le croc ne passait pas tout
b o n n em en t dans la ceinture et si nous ne fûmes pas
dupes d ’une jonglerie. Cette ick« ne me vint pas dans le
moment.