
A n. 1270.
Du ch. p. 474,
‘Spicil. p. $59.
X.
Retour des
croifcz.
p. 464. j i 6 .
Duch,p• $ i l .
i f 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
autrefois & étoit connu du Toi de Tunis. La nuit
de devant fa mort il difoit : Nous irons à Je;u-
falem. Quoique les forces lui manquaient peu
à peu, il ne ceflfoit point de nommer autant qu’il
pouvoir, les iàints aulquels il avoir le plus de dévotion,
principalement làinr Denis & fainte Geneviève
; &c quand il fe fentit près de là fin , il
fe fit mettre fur un petit lit couvert de cendre,
où les bras croifez fur la poitrine & les yeux
au ciel, il rendit l’eiprit fur les trois heures après
midi, le lundi vingt-cinquième jour d’Août 12 70.
ayant vécu cinquante-cinq ans, & régné près de
quarante quatre.
A peine avoit-il expiré quand le roi Charles
de Sicile arriva au camp, & ralïura par fa prefence
& ià fermeté l’armée defqlée. Lecorpsduiàintroi
fut démembré pour le faire boüillir, leparer les
chairs &coniervcr les os, iuivant l’uiàge dutems.
Le roi Charles demanda le coeur, les entrailles &
les chairs, qu’il fit depuis enterrer dans l’abbaye
de Montréal près de Palerme. Les os furent mis
dans une caille pour être raportez en France.
Tous les ièigneurs firent ferment au nouveau roi
de France Philippe, à qui on donna depuis le fur-
nom de Hardi : il avoit vingt-cinq ans & en régna
quinze.
Il y eut encore quelques combats où'les François
eurent l’avantage, & ils auroient pû prendre
Tunis, mais ils jugèrent plus à propos de
faire une treve de dix ans, qui fut conclue le
trentième d’Oélobre à ces conditions. Le roi
L i v r i L X X X V I . i f ? ______
de France & fe s barons feront entièrement rem- A n. 1278*
bourfez des frais de leurs voyages ; le port de Tunis
fera franc pour le commerce, au lieu que les
marchands payoient le dixième de leur charge.
Le roi de Tunis payera au roi de Sicile le tri- jn.
but annuel que payoient fes prédeceifeurs. Il mettra
en liberté tous les Chrétiens qu’il tient en
prifon ou en efclavage, Ôc leur lailfera l’exercice
libre de leur religion. C ’eft qu’il y avoit .à
Tunis une grande multitude de Chrétiens, mais
efclaves des Sarrazins, un convent des freres Prêcheurs
& des églifes où les fideles' s’alTembloient
tous les jours. Or le roi les avoit tous fait mettre
en prifon, quand il apprit que l’armée Fran-
çoife étoit entrée fur fes terres. Il fut convenu st>iciL “ • v t-
de plus qu’il permettroit à l’avenir aux Chrétiens }6»‘
de demeurer dans les principales villes de fon
royaume, & d’y polfeder toutes fortes de biens,
mêmes des immeubles, fans payer que le tribut
ordinaire des Chrétiens libres ; qu’ils pourroient
y bâtir des églilès, dans lefquelles on prêche-
roit publiquement là foi Chrétienne, & qu’il iè-
roit permis à qui voudroit de recevoir le baptême.
Ce traité venoit d’être conclu quand on vit
arriver Edoüard fils aîné du roi d’Angleterre,
avec Edmond fon frere & quantité de noblelTe K«^h.f.nfe.
croifée pour la terre fàinte. Lorfqu’il apprit le traité
il fut fort mécontent, & dit aux François :
Avons nous pris la croix & nous fommes - nous
alfemblez ici pour traiter avec les infidèles 5 Dieu