
ÀN. 12.90.
c. to. xi; c«nc.
p. ij5x.
Tegna in Dire El.
Lnquif. p. 171.
/ 40 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nons donc que s’il fe trouve dans vos diocéfes de
ces fortes de gens, vous les contraigniez par cen-
fures à quitter leur habit, & à répondre fur les
articles de la fo i, fur lefquels nous voulons qu’ils
foient foigneufement examinez par les inquifi-
teurs des provinces : le tout du confentement des
prélats de ces vagabonds. Et vous ne fouffrirez
point qu’ils courent par le monde, qu’ils prêchent
pu entendent les confeffions, ni qu’on les
nomme apôtres. Ces prétendus Apoftoliques
avoient aufli été, condamnez en Angleterre dans
le fynode tenu à Chicheftre par l'évêque Gilbert
l’année précédente 12.89.
On compte pour auteur-de cette feôte un nommé
Gérard Segarelle natif de Parme de baife condition,
fans lettre & de peu de fens, qui vers l’an 1 1 4 6 .
étant encore jeune demanda à être reçu chez les
freres Mineurs. N’étant pas écouté il ne laiiToit
pas de demeurer dans leur églife.autant qu’il pouvoir
, & regardoit attentivement une peinture où
les Apôtres étoient reprefentez enveloppez de
manteaux avec des fandales aux pieds, comme on
les peint ordinairement. Sur cette peinture ce pauvre
idiot fe mit en tête d’imiter la vie des Apôtres.
Il laifla croître fa barbe & fes cheveux , fe fit faire
un habit de bifet avec un manteau blanc d’une
groffe étamine : prit une corde pour ceinture &
des fandales comme les freres Mineurs. Puis il
vendit fa petite maifon, & en aïant reçu le prix
monta fur une pierre, d’où le podefta de Parme
haranguoit autrefois : il appelfe quelques canailles
L i v r e L X X X I X . *4«
qui joüoient aux dez là auprès dans la place & leur
jetta fon argent, en criant : Prenne qui voudra ,
c’eft pour lui. Les joueurs le remaflerent promptement
& retournèrent à leur jeu qu’ils continuèrent,
blafphemant le nom de Dieu en prefence de
Gérard. H
Après qu’il eut demeure quelque temps leul a
Parme , un nommé R o b e r t, qui avoit fervi les
freres Mineurs, fe joignit à lui -, & bien tôt il eut
jufqües à trente compagnons. Mais comme il vou-
loit toûjours demeurer o ifif, fans prendre aucun
foin de les feéàateurs, un d eux nomme Gui P utage
auffi Parmefan fe mit à leur tête : puis ne le pouvant
fouffrir, ils choifirent pour chef un nomme
Mathieu. Ils étoient déjà répandus en plufieurs
villes d’Italie, & cette première divifion arriva a
Faïence, où fe troiivoit alors Gérard Segarelle ,
qui y commit de grandes infâmies. Ses difciples
à fon imitation s’abandonnoient a toutes fortes
d’impuretez, ce qui contribua a multiplier la fe& e ,
& elle s’étendit prefque par toute l’Europe : mais
Segarelle demeura à Parme. L’évêquede cette ville
étoit alors Opizon de faint y ita l neveu du pape
Innocent IV . qui fit prendre Segarelle vers l'an
1180. & le tint quelque temps en prifon : mais il
contrefit l’infenfé, & l'évêque l’aïant tiré de prifon
le retint dans fon palais, ou il fut le joüet de
tout le monde. Mais enfuite l’évêque étant bien
informé de fes crimes & de ceux des autres faux
apôtres, les chaffa de Parme & de tout le diocéfc
en 12.86. E n f i n quatorze ans après Segarelle fut
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