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un fuccès contraire à mon intention : enforte que
quelques-uns crioient que jamais cette paix fi défi-
rable ne fe feroit,fi je ne me retirois. je n’ai pu me
refoudre à demeurer en place avec une telle oppo-
fition , j’ai mieux aimé voir réunir les partis divi-
fez. C ’eft donc pour procurer la paix & faire cef-
fcr les fcandales fi pernicieux aux ames que je fais
ma démiffion de la dignité patriarcale, fans toutefois
renoncer au facerdoce, que je pretens par la
mifericorde de Dieu conferver toute ma vie : car
ma confcience ne me reproche rien, qui m’en
éloigne. On peut donc déformais élire un autre
patriarche, qui puiiTe en exercer dignement les
fondtions & ra in ir les membres divifez de l’églife.
Grégoire donna cet adte écrit de fa main, mais
fans foufcription : ce qui fit croire à quelques-uns
qu’il prétendoit rentrer un jour dans le fiege, d’autant
plus qu’il n’alleguoit pour caufe de fa démif-
fion que le bien de la paix : enforte que fi fon ef-
perance étoit fruftrée, il voudroitrevenir, n’aïant
rien qui le rendît indigne du facerdoce. Mais l’empereur
& Theolepte de Philadelphie le principal
moteur de cette affaire crurent avoir tout fait en
tirant la démiffion de Grégoire, & obligèrent les
autres de s’en contenter fans lui rien demander de
plus. Grégoire fe reconcilia avec ceux qui étoient
mal contens de lui depuis long-temps, entr’autres
Germain évêque d’Heraclée & Neophytede Prufe
qu’il avoit dépofez. Enfuite il fe retira au petit
monaftere d’Ariftine attenant à celui de S. André
où demeuroit Theodora coufine de l’empereur &
veuve de Raoul protoveftiairc *> ôc cette princeife
prenoit un grand foin de lui. Les fix années du
patriarche Grégoire exprimées dans l’aéte de fa
démiffion avoient commencé le onzième.d'Avril s«p.».s.
1183. & comme il marque qu’il avoit tenu le fiege
quelque temps au-delà, on peut compter qu’il le
quitta vers le mois de Juin 1189.