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~ torze ans nommé Verner né à la campagne & ae~
coutilmé à vivre de ion travail.' Etant venu à V e -
• fc l, des Juifs le prirent à la journée pour porter de
la terre dans une cave. Son hôteile lui dit : V e rner,
garde-toi des Juifs, voilà le vendredi-faint, ils
te mangeront. Il répondit : Je m’en rapporteà Dieu.
Le jeudi faint ilfeconfeiTa & communia, & le même
jour les Juifs l’attirerent pour travailler dans
la cave , où ils lui mirent premièrement une balle
de plomb dans la bouche pour l’empêcher de
c fie r , puis ils l’atcacherent à un poteau la tête en
bas pour lui faire rendre I’hoftie qu’il avoit reçue*
mais n’y aïant pû réuffir, ils commencèrent à le
déchirer à coups de fo ü e t, puis avec un couteau
ils,-lui ouvrirent les veines par tout le corps, &
les prefferent avec des tenailles pour en mieux
tirer le fang. Ils le tinrent ainii trois jours pendu
tantôt par les pieds, tantôt par la tête jufques à ce
qu’il ceffa de faigner.
En cette maifon les Jbtfsavoient une fervante
Chrétienne,qui aïant vû l ’atEîon fecretement, alla
trouver le fcultetou juge de la ville & l’amena fur
le lieu, mais les Juifs le gagnèrent par argent * & Je
jeune homme étant mort, ils 1’emporterenc de nuit
&i le mirent dans un bâteau pour le mener à Maïen-
ce : mais le jour venu ils trouvèrent qu’ils n’avoient
avancé qu’une lieue, & ne pouvant faire enfoncer
le corps dans l’eau, ils le jetterent dans une petite
grotte couverte de ronces & d’épines près de Ba-
charac. Mais les fentinelles des châteaux voifins
aïant vû pendant plu/leurs nuits de la lumière fur
ce lieu , on en f iî| le corps , & on le porta félon
la coutume à l’auditoire de la juftice de Bacharac ; A n . 1187.
la vérité de la chofe aïant été découverte par
le témoignage de la fervante Chrétienne, on len-
terra dans une chapelle voiiine dediee a faint Cu-
nrbert archevêque de Cologne. Il y eut un grand
concours de peuple & il s y fit plufieurs miracles.
. .
Une chronique du temps fitr l’anqée fuivante Arm.ct>im*r.
. r ’ v 1 ‘ r 12.88. porte ce qui luit. On dilo■ i' t en Aa i1iCa ce que l1 es -?d.p7' o5. rjpl
Juifs s’étoient plaintsiau roi Rodolfe que les Chrétiens
en avoient fait mourir honteufement plus de
quarante fans fujet \ & les Chrétiens fe plaignirent
de leur côté que les Juifs avoient tué fecretement
un Chrétien daps une cave le vendredi-
faint. Les Juifs promirent au roi vingt mille marcs
d’argent pour leur faire juftice des habiians do
Vefel & de Boparde & délivrer leur rabin qu’il
avoit mis en prifon. Le roi les écouta, mit le ra-
bin en liberté & condamna en deux mille marcs
d’argent les habitans de Vefel & d.e Boparde. De
plus il obligea l’archevêque de Maïence de prêcher
publiquement que les Chrétiens,avoient fait
grande injuftice aux Juifs 5 & qu’au lieu d’hono-'
rer Verner comme un faint, ont devoit brûler fon
corps & jetter les cendres au vent. A ce fermon de
l’archevêque 'aiîiftoient ‘plus de cinq cens Juifs en
armes pour retenir les Chrétiens qui voudroient
parler contre.
Nous avons vû que dès le iîecle précédent ori.
accufoit les Juifs de ces meurtres d’enfans commis
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