
Vit. Bafil.n.ii.
Jnafi.p. 14«
Ditmar.p• p i l
l .
Indulgence
pleniere.
3. D if. n. 16,
Hifi. liv. tx . n.
4 Sixième Difiaurf
pendant trois cens ans de perfecutions. Mais les faits ne font quetrop"
ce rtains, & les princes Chrétiens ne traitoient pas le Mufulmans pris
en guerre comme de (impies ennemis: témoin ceux que l’empereur Ba-
file Macédonien fit é corch e r , & ceux que firent mourir les papes Léon'
IV . Jean V I I . Beno ît V I II .
L a Croifade ne fut pas refoluë parle pape Urbain fe'ul, mais par
le concile de C lermont compofé de plus de deux cens évêques af-
femblez de tout [O c c id e n t ; & ôn y fut perfuadé de la volonté de
D ieu pour former cette entreprile, que l’on en fit le cri de guerre.-
p our venir à [é x e cu tion , & mettre les peuples en mouvement, le
grand reffort fut l'indulgence pleniere ; & ce fut alors qu'elle commença.
D e to u ttem s l ’é g life a v o itla iilé a la d ifc re t io n d e s évêques de r e mettre
quelque partie de la penitence canonique, fuivant la ferveur du
penitent 81 les autres circonftances; mais on n’avo it point vu jufqu a-
lors qu'en faveur d’une feule oeuvre le pecheur fût déchargé de toutes
les peines temporelles dont il pouvoir etre redevable a-la jullice de
D ieu. Il ne falloir pas moins qu’un concile nombreux , prefidé par le
pape en perfonne, p o e rau to r ify : un tel changement dans l’u fage de la
penitence ; & on crut (ans doute en avoir de bonnes raifons. Depdis
plus de deux fiedes les évêques avoient beaucoup de peine à foûmet-
tre les pecheurs aux penitenoes canoniques: on les avoit' in c ite rendues
impraticables en les multipliant félon lé nombre des pechez,-
d ’où étoit venue l’invention de lés commuer, pour en racheter des
années entières en peu de jours. O r entre les commutations de perii-
tence on employo it depuis long-tems les pèlerinages de R om e , de
C em p o fte lle , ou de Jerufalem'; & la Croifade a joû to it les périls de
la guerre. O n crut donc que cette penitence valoit bien les jeû n e s ,
les prières & les aumônes que chaque penitent pouvoir faire en par--
tieulier, & qu’elle feroit plus utile a l ’églife,-fans être moins agréa-
bie à D ieu . ' .P,
L ’indulgence tenoit lieu de folde aux C ro ifé s , & je ne v o i pas
dans les premiers voya ge s de levées de deniers pour 1 entretien de
ces troupes. La première fut la decime Saladine a l’occafion de la
troifiéme Croifade ; mais comme l’indulgence ne donnoit pas la
nourriture corporelle , on fupoibit que les croifez fubfifteroient a
leurs dépens, ou aux frais des riches qui voudroitnt bien les entreten
ir ; & cette dépenfe rrès-confiderabie dans un fi lon g yo y a g ed e -
v o it être comptée pour une grande partie de la penitence. L in--
dulgence ne laiiïa pas d e tr e acceptée av e c -jo y e , même à ces conditions.
Les nobles qui fe fentofent la plupart chargez de crimes , entre-
autres de pillages fur les ég life s , & les pauvres seftimerem heureux
d’a voir pour toute peniterce leur exercice ordinaire , qui etoit de
faire la guerre : avec efperance, s’ils y etoitnt tu e z , de la gloire du
martyre. Auparavant une partie de la penitence eto it de ne point
fu r THißoire Ecctefiaftique. ^ | Î
porterle's armes & de ne p o ;nt monter à ch e v al: ici Tun & Tautre
é toit non feulement permis, mais commandé; en forte que les croi-
fés changeoient feulement d’o b je t , fans rien changer à leur maniéré
de vie. La nobleife entraînoit le petit p eu p le , dont la plupart etoit
des ferfs attachez aux te r r e s , & entièrement dépendans de leurs
feigneurs ; & pluikurs fans doute aimoient mieux les fuivre dans ce
v o y a g e , que de demeurer chez eux occupez à 1 agriculture & aux
métiers. Ainfi fe formèrent ces armées immenfés que vous volez
dans l’hiftoire : il femhloit .qu’ il n’y eût q u a marcher vers la teire
ia in tep û u raiiû re r fon falüt.
Les eccleiialliques fe croiferent comme les autres : mais ce devoit
être par un m o t if différent; pour initruire le sC ro ifé s , les confoler
& leur adminiftrer les facremens, non pour racheter eu x -m êm e s
leurs penitences i car fuivant les vraies réglés les penitences canoniques
n’étoient pas établies pour les clercs :■ quand ils avoient
f a i l l i , on fe co n ten to it, fuivant le canon des Apôtres de les depo-
f e r , & ie s réduire à l ’état des laïques, fans y ajoûter d’autre p e in e ,
p o u r ne les pas punir deux fois. Peut-être néanmoins q u o n n y r e -
gardoit pas de fi près dans l ’onziéme fiecl'e, & que les eedefiafti-
ques , dont il n’y a v o it que trop de coupables, cherchoient auffi-
bien que les laïques à expier leurs pechez par la Croifade. C e qui
eft certain, c ’eit qu'ils fe croïoient permis de porter les armes, &
de s’en fervir en cette g t fen e & eh toutes les autres contre les infidèles.
Vous, avez vu les évêqus de H on gr ie armez contre les T a r -
ta re s , lorfqu’i'ls défolerCntce Roïaume en 1241* Prelats du cinquième
fiecle n’en ufoient pas ainfi : le Pape faint Leon & faintLoup
évêque de T r o y e s , n’arrêterent Attila que par leurs prières & leurs
raifons ; §£ ceux qui n epouvoien t arrêter ces barbares par la douceur,
fe la ilf ient m alLcre r, comme faint N icaife de R e im s , & faint P rivat
de Givaudan ; & l ’églife approuvoit tellement leur co n d u ite , qu elle
les compte entre les martyrs.
Le s moines même & leurs abbez fe croiferent, quoique cette
dévotion les éloignât plus que les autres de leur v o c a t io n , qui. étoit
ta io!itude.& la retraite. J’ai «rapporté en fon lieu la reponfe de faint
G régo ire de N y ife à un folitaire de Cappadoce , qui l’avoit confulté
Air le vo ïa g e de Jerufalem, & vous avez vu q u il 1 en détourné ab-
fo lument, quoiqu’il ne s’agit que d’un fimple pelerinage. Vous avez
' vû les reproches que fit faint Bernard à Arnold abbe de Morimond
de s’être cro fe ; & la fermeté avec laquelle il refufa lu i-m em e de
prendre la conduite de la ieconde C ro ifade ; & toutefois â ce ilequi
fe fit du tems d Innocent III. nous voions des abbez du meme ordre
de Cîtaux. Leurs devoirs effentiels en fouffroient ; leur mona-
ftere n’en étoit pas mieux gouverné; & a leur r e to u r , ni e u x , ni les
moines de leur fuite n’y raportoient pas un efprit de plus grande régularité.
l ’en dis de même à p roportion desévéques & de leur cierge,
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Hi fi» liV.LX I Y.«»
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Can. »4o
Hifi, liv. Lxxxr*
n 48.
Hifi.liv x x v i i i .
n. 3 ,ÿ .x x v n . ».
49.
M ar ty r .i+.D e c*
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Grog de Eunt.
Hier.
Hifi. liv. XVI I<r-
n. &9•
S. Bern, ep 7.
B p .i 57.
Hifi. liv. ix 1 xj.v.
14.
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