
434 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
& il eft très - vraifemblable qu’il n’en vouloit
qu’aux décimés.
L’empereur Andronic Paleologue travailloit
toûjours’a réünir les Grecs fchifmatiques divifez
entr’eux. Etant paffé en Natolie, il y fit venir le
patriarche de C . P. Grégoire avec les principaux
de fon parti ôc du parti oppofé, c’eft-à-dire des
Arfenites. Ils paiferent l’hyver à'Adramytte , oq
l’empereur les deffraïa ôc conferoit avec eux deux
fois la femaine pendant le carême de cette année
1 18 4 .
Cependant il arriva à C . P. un accident, qui
fut regardé comme un effroïable prodige. Le
vingtième de Février , qui cette année étoit le
jour de la Quinquagefime , que les Grecs appellent
le dimanche du fromage, parce que c’eit
le dernier jour ou les laitages font permis : le
prêtre qui officioit dans la grande é g life , aïant
célébré le faint facrifice, ouvrit le ciboire afin
d’y mettre les pains qu’il avoit confacrez pour
toute la femaine fuivante , où commence chez les
Grecs le jeûne du carême : car les jours de jeûne
ils ne confacrent point, ôc difent la meffe des
prefan&ifiez comme nous faifons le vendredi
faint. Le prêtre aïant donc ouvert le faint ciboire,
y trouva une hoftie entièrement corrompue
: que l’on crut être une des trois qui avoient
été confacrées l’année précédente le mercredi
faint , ôc qui n’avoit pas été confirmée, parce
que l’on n’acheva pas la meffe , à caufe qu’il
étoit trop tard quand les ecçlefiaftiques reçûrent
l’abfolution. Cette hoftie fe trouva tellement
corrompue, qu'elle n’avoit plus aucune apparence
de pain, ôc reffembloit plus par fa noirceur
ôc fa confidence à un morceau de teriaque.
Le prêtre célébrant en fut eiFraïé ôc faifi de
tremblement. Il confulta avec les afliftans ce
qu’il y avoit à faire ; ôc ne pouvant fe refoudre
à prendre ôc confumer cette particule fi degoutante,
ni achever la meffe fans mettre dans le
ciboire celles qu’il venoit de confacrer. Il refolut
enfin de l’avis commun , de jetter la particule
corrompue dans le lieu deftiné à de pareils ufa-
ges, que les Grecs nomment le four facré ôc
nous la pifcine. Cette hiftoire fert au moins à
montrer le grand refpe<ft des Grecs pour l’eucha-
riftie.
L’empereur ne put venir à bout de réiinir les
deux partis, ni par fes exhortations, ni par fes
raifonnemens. Les Arfenites en revenoient toû-
jours à demander quelques miracles pour les af-
furer de la volonté de Dieu : croïant que s’ils ce-
doient aux raifons humaines, on les accuferoit
d’opiniâtreté pour y avoir refifté fi long temps;
Le patriarche ne voulut point y confentir expref-
fément, mais l’empereur fit convenir les deux
partis, que les Arfenites écriroient dans un volume
leurs plaintes & ce quils croïoient necef-
faire pour parvenir à la paix ; Ôc que les Jofe-
phites écriroient de leur côté leurs défenfes.
Que l’on allumeroit un grand feu , où l’on mettrait
les deux volumes ; ôc que fi l’un des deux
I i i ij
A n . 1 184 .
X I V .
Epreuve par le
feu encre les f c h i f ;
matiquçs,
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e', 2.z.
n.greg*