
J H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. 1270. bien: mais quand il rpgardoit les grâces que
Dieu lui ayoit faites, il aimoir mieux négliger
fon droit, qu’avoir difpute avec 1 eglifie. Aimes
donc, mon fils,, les ecclefiaftiques, & garde la
paix avec eux tant que tu pourras. Aimes les religieux,
& leur fais du bien félon ton pouvoir,
principalement à ceux par qui Dieu eft plus honore',
& la foi prêchée & exaltée.,Tu dois à ron
pere & à ta mere amour,refped & obèiflance.Don-
11e les bénéfices à des perionnes capables & dignes,
par confeil des gens de bien, & à ceux qui n’ont
point de bénéfices. Garde-toi d’entreprendre la
guerre fans prendre délibération, principalement
contre des Chrétiens; & s’il la faut faire, pré-
, ferve de tous dommages les ecclefiaftiques & les
innocens. Appaife les guerres & les conteftations
le plutôt que tü pourras, comme fàint Martin-fai-
foit. Sois foigneux d’avoir de bons prévôts & de
bons baillifs, Sc t’enquiers fouvent comment ifs
fe conduifent, eux Sc les gens de ta maifon. Travaille
à empêcher les.pechez., fur tout les pechez
honteux & les vilains fermcns, Sc à détruire les
heréfies de tout ton pouvoir. Prens garde que
la dépenfe de ta maifon foit raifonnable & me-
furée. Je te prie, mon cher fils , fi je meurs
avant t o i , que tu faiFes fecourir mon ame de
méfies Sc de prières par tout le royaume de France
, & que tu m’accordes une part ipeciale dans
tous les biens que tu feras. Enfin je -te donne
toutes les benediétions qu’un pere peut donner
à un fils. Dieu te garde de tout mal, Sc te don-
L i v r e LXXXVI . ] 'IJ7 ____
he la grâce de faire toujours fa volonté; afin que 12~jQt
nous puiifions après cette vie le loüer enfemble
fans fin. Amen.
fie roi donna une pareille inftruétion à là fille 40° R
Ifabelle reine de Navarre. Il y répété les mêmes
préceptes, infiftant fur l’amour de Dieu, jufqu’à
dire : Quand vous feriez certaine de n’être jamais
recompenfée du bien ni punie du mal que vous feriez
; vous devriez vous garder de rien faire qui
déplût à notre Seigneur, & vous étudier à faire
les chofes qui lui plairoienr, purement pour l’amour
de lui. Il lui recommande d’obéir à fon mari :
de n’avoir point trop d’habits à la fois, ni de joiaux
félon fon état, mais faire au lieu des aumônes, au
moins du fuperflu ; de n’employer" pas trop de
tems ni de foin à fe parer : ne point donner dans
l’excès des ornemens, Sc plûtôt en diminuer tous
les jours.
La maladie continuant d’augmenter, Loüis re- ^
içut les iàcremens avec grande dévotion, ayant Louis,
encore une entiere liberté d’efprit r jufques - là
que quand on lui donna l’extrême-onction, il î?i*
difoit les verfets des pfeaumes Sc les noms des ‘Jainvillep. iiiG
faints aux litanies. Aprochant de fa fin il n’é-
toit plus occupé que des choies de Dieu & de la
propagation de la foi. En forte que ne pouvant
plus.parler que très-bas & avec peine , il difoit
à ceux qui aprochoient leur oreille de fa bouche :
Pour Dieu , cherchons comment on pourroit
prêcher la foy à Tunis. Oh quipourroit-on envoyer
!• & il nommoit un Jacobin qui y avoit été Ehîj, 474<
Y iij