
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
lais : car on vouloir que la procédure fut ca-
nonique -, &c Arfene fit toujours la même ré-
ponfe.
Cependant voulant encore eflaïer de faire entendre
raifon à l’empereur , il vint le trouver, 8c
l’empereur le reçût avec politeifé , & l’entretint
allez long temps de dilcours obligeants. C ’étoit
un dimanche 8c l’empereur avoit donné ordre que
l’on commençât la méfié fî tôt que le patriarche
paroîtroic à l’entrée de l’églife , efperant furpren-
dre une abfolution tacite. Quand donc l’heure fut
venue ils marchèrent enfemble du palais à l’églife,.
l ’empereur tenant le patriarche par la chape. Lors-
qu’ils furent à la porte, le diacre demanda la be-
nediétion fuivant la coutume, 8c le patriarche la>
donna : mais auffi tôt s’appercevant de l’artifice
de l’empereur, il tiralachape d’entre fes mains, ôc
lui reprochant de l’avoir voulu fuprendre, il s’enfuit
promptement & retourna à fon logis. L’empereur
de fon côté fe plaignit aux évêques de l’affront
que lui avoit fait le patriarche, 8c les exhorta«
à finir cette affaire : offrant de s'abfenter du concile*
fi fon excommunication l’en devoir exclure, & feignant
de ceder à la violence qu’ils lui faifoient pour
l’y retenir.
On fit donc au patriarche une derniere citation-
après laquelle on crut le pouvoir condamner par
contumace,en vertu du foixante & quatorzième canon
des apôtres. Toutefois pour le plus fûr, lé-concile
voulut encore examiner le fonds ; 8c ayant fait
venir l’accufateur, on lui demanda les preuves des-
L i v r e L X - X X V . . ^
faits qu il avançoit. Il alleguoit la notoriété publique,
mais on ne laiffa pas d’oüir des témoins
qui certifièrent que le fultan avoit affilié aux prières
dans 1 églife. La difficulté étoit de lavoir s’il
etoit Chrétien ou non ; 5c le fultan voulant jufti-
fier le patriarche , envoya dire à l’empereur, qu'il
etoit prêt à honorer des images, ou même à manger
d’un jambon. A quoi ceux qui vouloient condamner
le patriarche, répondoient que quand le
fultan feroit Chrétien , tous les Turcs de fa fuite
ne l'étoient pas. Quand on vint aux opinions ,
tous les évêques hors fept ou hui t , furent d'avis’
de dépofer le patriarche : mais la plupart ne fon-
doient fa condamnation que fur la contumace,
ceux qui étoient d’un autre avis revinrent bongré
malgré à l’avis commun :onterminaleconcilepar
les acclamations ordinaires pour les empereurs, 5c
on députa deux évêques pour fignifier à Arfenne fa
condamnation.
C ’étoit le foir affez tard, quand ils vinrent lui
déclarer fa fenteuce en prefence de tout le clergé ,
&c lui dirent de fe préparer à partir. Il commença
par rendre grâces à Dieu , &c leur dit qu’il étoit
prêt d’aller où ils voudroient : puis fe tournant
vers le clergé, il dit : Vous favez, mes enfans, ce qui
s’eft paffé à mon égard : Dieu l'a permis , il faut fe
foumetere à fa volonré de quelque maniéré qu’il
difpofe de nous. J’ai conduit commej’ai pû le troupeau
qu’il m’avoit confié : j ’ai peut être fait de la
peine à plufieurs, comme plufieurs m’en ont fait:
pardonnons-nous mutuellement nos fautes. Allez
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