
j 6 0 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n . 1196. En France le roi Philippe le Bel fie uneordon-
ïn-tv. 'dtf t. 13. nancele Üix-feptiéme d’Aouft 1x96. portant défen-
' Tes à toutes perfonnes, de quelque qualité ou nation
qu’elles fulTent, de tranfporter hors de ion
roïaume , or ni argent en ma(fe, en vaiflclle , en
joïaux ou en inonnoïe : des vivresg des armes, des
chevaux ou des munitions de guerre, fans fa pér-
miffion exprelTe , fous peine de confifcation. Le
PaPe Bonirace fut choqué de cette ordonnance
& d’une autre , par laquelle le roi défendoit aux
étrangers de demeurer en fon roïaume , & d’y faire
le commerce. Il lui adreffa donc une grande
bulle où il releve d’abord la liberté de l’églife
époufe de J. C.àlaquelle, dit-il, il a donné le pouvoir
de commander à tous les fidelles , & à chacun
d’eux en particulier. Puis venant à la défen-
fe du tranfport d’argent il dit : Si l'intention de
ceux qui l’ont faite a été de l’étendre à nous, à
nos frères les prélats & aux autres ecclefiaftiques ;
elle feroit non feulement imprudente , mais in-
fenfée , puifque ni vous ni les autres princes fecu-
liers n’avés aucune puiflance fur eux ; & vous au-
riés encouru l’excommunication pour avoir violé
la liberté ecclefiaftique.
Le pape explique enfuite la conftitution Clericis-
laïcos , & déclare qu’il n’a pas défendu abfolu-
ment au clergé de donner au roi quelque fecours
d’argent pour les neceilités de l’état : mais feulement
de le faire fans la permiiTxon du faint fiege.
Il ajoûte que le roi des Romains & le roi d’Angleterre
ne refufent pas de fubir fon jugement
L i v r e L X X X 1X.
pour les différends qu’ils ont avecPhilippe. Et il cil
hors de doute, continuë-t-il , que le jugement
nous en appartient , puis qu’ils prétendent que
vous péchés contre eux. Il finit en menaçant le
roi d’avoir recours à des remedes plus extraordinaires.
La bulle eft dattée d’Anagni le vingt-unié-
me de Septembre , &i elle fut énvoïée par l’éyêque
de Viviers.
On y fit une réponfe au nom du roi , qui porte
en fubftance : De tout temps le roi de France a
pû faire des ordonnances pour fe précautionner
contre les attaques de fes ennemis , & leur ôter
les moïens de nuire à fon roïaume. C ’eft pour ce
fujet que le roi , qui eft à prefent , a défendu
la traite des chevaux , des armes , de l’argent
& chofes femblables j mais il a ajouté , fans
fa permiffion , afin que quand il fçauroit que
ces chofes appartiendroient à des clercs , & que la
traite ne nuiroit point à fon état, il la permît en
connoiffance de caufe. L’églife époufe de J. C.
n’eftpas feulement compofée du clergé , mais encore
des laïques : il l’a délivré de la fervitude du
péché & -du joug de l’ancienne l o i , & a voulu
que tous ceux qui la compofent, tant clercs que
laïques , joüiffent de cette liberté. Ce n’eft pas
pour les feuls ecclefiaftiques qu’il eft,mort, ni à'
eux feuls qu’il a promis la grâce en cette vie , &£
la gloire en l’autre : le clergé ne peut donc s’approprier
que par abus la liberté que J. G. nous a ac-
quife. Mais il y a des libertés particulières accordées
aux miniftres de l’églife par les papes, à la
G g g g »i
x l 1 v.
Réponfe du: ro$
aux préte»dons
du pape.
Di§< p. 2f.