
H ¡fi. /. LX X V III*
n. i f.
Hifi. I. LX X V I I I .
n. 4 1 .L X X IX . n.
IX .
Glergé Latín
d'Oi ient.
H/í.l l x i v . n.
5 8 . 6 7 .
1 2 Sixième Di[cours
commanderune armée ; & fouvcnt il trou vo it les cïiefs militaires*
d un avis différent du fien touchant les projets d une campagne &
leur exécution : ce qui produifoit entre-eux des divifions, comme
celle du légat Pelage avec le roi de Jerufalem. I
Il ar rivoitfouvent q u ’un prince après s’être croifé , & avoir fait
ferment de partir à un certain jo u r , differoit fon voiage : foit qu’il fe
repentît de fon voeu par leg ereté, foit qu’il lui furvïnt chez lui des
affaires plus p r tifé c s , comme une révolté de fes fujetsou l ’invafion
d'un prince voifin. Alors il falloit avoir recours au pape, pour oh-»
tenir difpcnre du ferment & prorogation du terme ; & fi le pape ne
g o û o i t pas les raifons du prince cro ifé ,' il ne lui épargnoit pas les
certfures ecelefiaftiques. T e l le fut' la fource du fameux différend
entre le pape G ré g o ire IX . & l'empereur Frideric II. qui attira la'
ruine de ce prince & d e fa maifon, plongea l’A llemagne dans une
anarchie de trente an s , & mit l’Italie dans une divifion dont elle ne
s’eff point relevée. T e lle futaufii la cauféde la querelle entre Bo -
niface V I I I .& Philippe le Bel,qui futpoufféè àde ff grandes extrêmi-
te z , 6c dont la fin fut fi funefte à ce pape.
L e prince croifé difoit en ces occafions : J eduis preft d’accom-
p lirmon voeu jmafo je Veux auparavant pourvoir à la feureté de
mon-roiaume , foûmettre mes fujets rebelles , ou defarmer un te l
prince mon voifin , qui fe prévaUdrôitde mon ahfcnce. Le pape re-
pondoit :.La Croifade c il l'affairé commune de la religion à laquelle
doivent ce 1er tous les interefta particuliers. R emettez vos differendsr
entre mes mains, comme ju g e , ou comme arbitre ; je vous rendrai
bonne juftice ; v o u s e fL sen qualité de Cro ifé fous la j ro redion fpe-
ciale de l’égliîe Romarne i quiconque vous attaquera pendant voti c
ahfince fera déclaré fon etfncmi.
Les nouveaux feigneurs établis en O r ie r tf comme lé roi de J e ïu -
falem, le prince d’A ntio che , le comte de T r ip o li donnoient aux
pape^ d’autant plus d'affaires, que leur conduite à l’égard des infidèles
, & leurs démeilez entre eux regardoient direélement la con-
fervation de la terre faihte. A joûtez-y les affaires des évêques Latins
établis en ces pays depuisla con quefte, & vous verrez que la Croifà-
de feule & fes fuites fournifloit aux papes plus d’occupations que
n’en ont les plus grands potentats. O r ils prenoient tellement à
coeur les affaires de la terre fàinte, que plufieurs font morts de chagrin
de leur mauvais fuccés.
Le clergé Latin d ’O r ien t mérité une attention particulière. Vous
avez vû qu’auffi-tôt après la conquefte d’Antioche , de Jerufalem &
des autres v ille s , on y établit des patriarches 6c des évêques Latins ;
& on en ufa de même après la conquefte de C . P. J e v o i bien que la
divei ii'é de la langue 6c du rite oblige oit les Latins à avoir leur clergé
particu’ic r : mais je ne fçai s’il ctolt à propos de fe tant preffer,
& de tant multiplier les évêques pour les Latins qui étoient en fi
ju r /’Hiftoire Ecchjîafliquc. r 5
petit nombre. L e patriarche de Jerufalem par exemple n au ro it-il
pasaifément gouvernéTéglife de Bethléem, qiti n’en éft qu’à deux
lieues ? L es Croifés étoient venus au fecours des anciens Chrétiens
du pays Syr iens, Arméniens ou autres, quiavoient tous leurs év ê ques
établis par une longue fucceffion. Cependant je voi dans nos
hiftoires peu de mi ntion de ces pauvres Chréiiens & de leurs évêq
u e s , finon à l’occafion de leurs plaintes contre les Latins : ainfi
fôus prétexte de les d é liv ic rd cs Mufulmans, on leur impofoit une
nouvelle fervitude.
L e premier foin de ces évêques Latins fut de Bien fonderie temporel
de leurs é g lifé s , 6c de leur aquerir des feigneuries, des villes
6c desforteréfles, à l’exemple de ce qu’ils voyojentdeça lamer ; &
ils netoient pas moins curieux de les cûnferver. Auffi à peiné furent-
ils établis qu’ils- eurcnt'de' grandi démeflczavec les feigneurs, comme
le patriarche de Jerufálem avec le roi pour le domaine de là ville : Hifi. lx jv , 6y
ils-n’en avoient pas moins pour la jurifdiótion fpirituelle, foit entré
eux , foit avec les chevaliers des ordres militaires , trop jaloux de
leurs privilèges. Four vuider tous ces différends il falloit recourir à
R om e , où les patriarches mêmes étoient fouvent obligez d’aller en
perfonne : quelle d iftraâîon pour ces prélats, & quel iurcroit d’affaires
pour les papes ! Mais quel fcandale pour les anciens Chrétiens:
d’Orient & pour les infideles!
Selon l ’efprit de l ’évangile ce clergé Latin auroit dû s'appliquer
principalement à l ’inftruôtion & la correction des C i oifi z : pour fo r - .
me reomm e un chriftiariifme nouveau, le plus approchant qu’il eut
été poiîible de la putfete des premiers fîec les , & capable d’attirer par
le bon exemple les infideles dont ilsétoient environnez. Enfinte ce‘
clergé auroit pu travaillera la réunion des hérétiques & des fch'fma-
tiques , 6c à la co a ve tfion des infideles mêmes : c’étoit le moyen dé
yendre utile la C r o i (acfe.Mais rvotre clergé Latin n ’en favoit pasafiez
p oiir avoir des vues fi ptires & fi élevées : il étoit tel en'Paleftinequé
deçà la m e r , ou même plus ignorant & plus corrompu rtémohr les &
deux patriarches Raoui d ’Antiocfre 6c Arnoul de Jerufalem , fur- [ [
ttommé Malccourone.
Après la perte de Jeriifalem le patriarche auffî bien que le roi fe
retira dans la ville d’A cre , où il reíidá jufqiies à la perte entiere
de la terré fiiinte ; & quoique ion patriarchat ne fut* plus que titu la
ire , il y avoit raifon de le g-rder tant que l'on efpcra de regagner
Jerufalem. il en éft de même du patriarche d’A n tio ch e , de ceiui de
Conftantinoplc 6c des autres évëoucs Latins de Grece & d’Orient'.
Mais dcp'uis que les Crnifades ont cc ffé , 6c q u ’il n ’y a plus eu d’efpe-'
rance raifonnnble de rétab'ir'ces prélats dans leurs éjglifes, il fcmblc
qu’on auroit dû ceifer.de leur donner des fuccellèurs 6c de perpétuer
ces vains titres. D ’autant pius'qüe cet ufage éloigne de plus en plus les
Grec s & les autres ichifniatiques de fe réünir à le g l i f e , voïant Ià‘
b iiÿ
lx v i »,
7-LXV Ilj.tf. cto