
A n. 1170.
x 1 ü
Retour du roi
Philippe,
Ducbef^p, 514^
1170. On y voie la raifon de plufieurs queftions
agitées par faine Thomas, & par les autres doêïeurs
y qui ajourd hui ne paroîcroient pas dignes
d être propofées.
Le Roi de France Philippe continuant font
voyage par l’Italie, vint à R om e , où il fie fes
prières aux tombeaux des apôtres ; puis il vint à
Viterbe où refidoic la cour de R om e , c’eft-à-
dire , les cardinaux pendant la vacance du faint
nege. Et comme ils ne pouvoient s’accorder pour
1 eleôtion, le podefta de la ville, afin de les y contraindre
, les tenoit enfermez dans un palais. Le roi
leur rendit vifi te avec grand refped Sc les falua tous
par le baifer de paix. Il étoit accompagné du roi
de Sicile l'on oncle , & de plufieurs Seigneurs -,
&c tous prièrent inflamment les cardinaux de donner
promptement un paileuràl’églife : comme le
roi Philippe le manda aux deux regens de fon
royaume , par une lettre du quatorzième de
Mars i z 7i.ilcontinua fon voyage par la Tofcane .
laLombardie ôclaSavoye, &c arriva heureufement
à Paris.
Pendant qu il etoitaViterbe, Henri neveu du
roi d’Angleterre & fils de Richard élu roi des
Romains y etoit auffi. En même tems s’y trou-
volt Gui de. Montfort fils de Simon comte de
Leiceftre, qui avoit ete tue pendant laguere civile,,
ô ta e eq u ’ondifoit par le confeil de Henri. Gui
de Montfort, voulant donc en tirer vengeance ,
le furprit dans l’églife de faint Laurent, comme
il entemdoit la meffe & le tua à coups de couteau „
L i v r e L X X X V I. tfÿ
fans refpeâ: ni pour l’immunité du faint lieu , ni 1 '
pour le tems de carême, ni pour la croix de pele- An l27 r*
rin qu’il portoit. Le meurtrier fe fauva chez le
comte deTofcanc fon beau-pere; mais cette affaire
eut des fuites.
Le roi Philippe étant [arrivé à Paris , fit por-
ter à Noftre-Dame les cercueils qu’il avoit apor- Loüi,s-
1 • 1 I * . r 1 t ' M s tez avec lu i, contenant les os du roi ion pere, du
comte de Nevers fon frere & de la reine Ifabelle
fa femme, morte à Cofence en Calabre. On paifa
toute la nuit a chanter l’office pour eux en plufieurs
choeurs fucceffivement avec un grand luminaire;
le lendemain vendredi d’avant la Pentecôte v ing t-
deuxième de Mai 1171. on porta les cercueils à S. f* i p
Denis. Les proceffions de tous les religieux de Paris
marchoient devant, puis le roi avec grand nombre
de feigneurs &c de prélats , & une grande
foule de peuple, ils marchoient tous à pied & le
roi portoit fur fes épaules les os de fon pere. Les
moines de faint Denis vinrent au devant, jufques
a mille pas, revêtus de chapes de foïe & chacun
un ciergeàlamain, enchantant. Maisquand on
vint a l’églife on trouva les portes fermées, à cau-
fe de l’archevêque de Sens & de l’évêque de Paris,
qui etoient prefens revêtus pontificalement : car
les moines craignoient que fi les prélats entroient
de la forte , ils n’en tiraiTent des confequences g
au préjudice de leur entiere exemption, il fallut 5
donc qu ils allaient hors les bornes de la jurif-
diôbion de l’abbaïe quitter leurs ornemens pontificaux
: le roi cependant attendant dehors,
X ij