
j i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e . '
que cette conférence ne feroit d’aucune utilité, en
ce que fi Grégoire étoit jugé coupable , il demeu-
reroit en repos : s’il étoit innocent, fes accufateurs
feroient reconnus calomniateurs, le fcandale re-
commenceroit, Si on difputeroit fans fin : que
ceux que Grégoire avoit ordonnez fe couvriroient
d’infamie en le déclarant heretique ; &c d’autant
plus qu’ils avoient foufcrit le tome, pour lequel
ils le vouloient condamner. Par ces raifons l’empereur
Andronic contremanda ceux qui devoienc
aififter au jugement ; Si ils en furent contens eux-
mêmes.
Mais ils confeillerent à l’empereur d’envoïer
demander à Grégoire fa démiifion en lui repre-
fentant qu’il ne lui feroit pas avantageux de s’ex-
pofer à un jugement, & promettant de déclarer
qu’ils le reconnoilfoient orthodoxe , Sc n’avoient
aucun doute fur fa doétrinc , mais qu’ils étoient
feulement feandalifez de l’écrit de Marc , que Grégoire
lui-même avoit défapprouvé, L’hillorien Pa-
chymere fut emploie à cette négociation avec le
quefteur Choumne. Enfin Grégoire demanda que
la déclaration de fon innocence fût faite dans une
alTemblée publique, en prefence du fenat & de
l’empereur avec les moines choifis ; Si il promir
g. de donner aulfi-tôt fa démiifion. Cette réponfe
de Grégoire caufa de la divifion entre ceux qui
étoient feparez de lui. Les uns difoient que lorf-
qu’il auroit reçû leur déclaration, il fe regarderoit
comme confirmé dans fon fiege par leur propre
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témoignage, Si chercheroit à les punir de leur calomnie
; Si concluoient à pourfuivre le jugement.
Les autres youloient que l’on juftifiât Grégoire par
condefcendance, comme n’étant pas fi feandalifez
de fon tome que de l’écrit de Marc : mais ils de-
mandoient qu’il promît par écrit de donner aulfi-
tôt la démiifion. Il ne le promit que de parole ,
mais en prenant Dieu à témoin ; Si ils fe contentèrent
de ce ferment. Le premier parti qui étoit
celui de l’évêque d’Ephefe Si de celui de Cyzique
perfifta toûjours à refufer la juftification de Grégoire
-, Si l’empereur irrité contr’eux les chafla de
fa prefence Si leur ordonna de demeurer enfermez
dans leurs logis fans voir perfonne , jufques à ce
qu’il y eut un nouveau patriarche. Enfuite il af-
fembla les autres dans le grand palais en fa prefence,
de tout le fenat, du clergé, des moines Si
d’un peuple nombreux. Là Theolepte évêque dé
Philadelphie, parlant au nom de tous les adverfaires
de Grégoire qui étoit prefent, le déclara orthodoxe
, rejettant tout le fcandale qui étoit arrivé
fur l’écrit de Marc.
Le lendemain Grégoire compofa tout à loifir l v i .
l ’aéte de fa démiifion, où il difoit : Je n’ai été pla- fa dS'on.0™'
cé fur le fiege patriarchal ni de mon mouvement c.9.
ni par les follicitations de mes amis : Dieu feu'l
fiçait comment j’y fuis monté. J’y ai déjà paifé fix
ans Si plus, & pendant ce temps j’ai fait tout ce
qui m’a été poifible pour réünir à l'églife ceux qui
s’en étoient feparez. Mes foins toutefois ont eu
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