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X L V .
Gommencemcns
de Raimond Lul-
le.
Boll. jo . Jun. to.
23. p ¿44.
Vadingt 1175. »,
10.
Sttp. h v . LXXÜ.»,
i-
¿0//; />. <s6i.
4 9 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
des papes & à l’intencion de celui même qui l'a leur
a donnée:d’oùfe fontènluivisplufieurs fcandales
au grand péril des âmes dont nous devons rendre
compte à Dieu. Nous avons tenté plufieurs fois
de ramener amiablement ces religieux &leurper-
fuader de le départir de leur encreprife, fans vouloir
ufurper les fonélions épifcopales : mais n’y
aïant pasréuffi, nous avons été obligez de convo.
quer un concile provincial à Reims pour le lundi
jour de S, Michel : où nous avons unanimement
réfolu de pourfuivre cette affaire en cour de Rome
jufqudS à ion entière expédition. Et comme il
nous faudra faire des frais pour cette pourfuite ,
nous avons réglé que nous archevêque & chacun
des évêques nos fuffragans paierons pour cet effet
dans Pâque prochain le vingtième de nos revenus
de la préfente année -, & que tous les abbez,prieurs,
doïens, chapitres & curez delà province paieront
Je centième. La lettre eft du jour de faint Remi
premier d’Oétobre 1187,
Ce fut cette année qu’alla pour la première fois
en cour de Rome Raimond Lulle depuis fi fameux
&d'une réputation fi ambiguë. Il naquitàMajor-
que vers l'an 1135. de parens nobles venus de Catalogne
à la fuite de Jacques roi d’Arragon qui
conquit cette ifle. Il avoir trente ans quand il fe
convertit étant fenechal, c’eft-à-dire maître d’hôtel
du roi de Majorque & marié, mais abandonné
à des amours criminelles. Un foiriléroit aftîs près
de fon l it , Çc commençoit à écrire une chanfon en
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fon langage Cacalan fur une femtne dont il étoit
amoureux -, quand regardant à droite il vit ou crut N’ 11 6
voir J. C .en croix. Ileutpeur, & laiiîant fa chanfon
il fc coucha. Le lendemain il recommença,&
eut encore la même vifion ; & ainfi pendant une
iemaine jufques à cinq fois avec quelques jours
d’intervalle. La derniere fois s’étant couché , il
paffala nuira longer ce que pouvoir fignifier cette
apparition ; & après une grande agitation , il crut
que Dieu demandoit de lui qu’il quittât le monde
& fe donnât entièrement à fon feryiee.
Il commença donc à penfer quel fervice étoit
le plus agréable à Dieu, & il jugea que c’étoit de
donner fa vie pour lui en travaillant à la conver-
fion des Sarralins. Mais réflechiffant lur lui-même,
il comprit qu’il ne fçavoit rien de ce qui pou voie
fervir â l’execution d’un fi grand deffein , n’aïant
pas même appris, la grammaire. Cette réflexion
l’affligea fenfîblement : toutefois il lui vint dans
l’efprit qu’il feroit un livre meilleur que l’on en eut
encore fait pour la converfion des infidèles. Et
quoiqu’il ne fçut par où s’y prendre pour la com-
pofition de ce livre , il s’affermit fortement dans
cette penfée ; & réfolut d’aller trouver le pape, les
rois & les princes Chrétiens, pour.leur perfuader
d’établir en differens païs des monafteres, où l’on
apprît l’Arabe & les autres langues des infidèles :
pour en tirer des miffionnaires qui allaffent travailler
à leur converfion.
Raimond s’étant donc fixé à cette réfolution ,
encra le lendemain matin dans une églife > où ft