
An. 1173. d'Ariftate$ enfuite font les commentaires fur le
Maître des fentences,puis un volume de queftions
theologiques. La fomme contre les gentils , la
fomme théologique, plufieurs commentaires fur
l’écriturefainte, enfinles opufculesau nombrede
foixante-treize, entre lefquels il s’en trouve plufieurs
de douteux. En general les meilleurs criti-;
ques croyent que l’on a attribué à faint Thomas
plufieurs écrits, qui n’étoient que les recueils de
fes leçons publiques nommez Reportâta, fuivant
Tnmt.cir.-iii. l'uf jg e tems ; g¿ quc [a conformité du nom a
c»mfm.vid.f. f ait confondre avec lui Thomas l’Angloisou Jorzi
religieux du même ordre, qui vivoit au même fie-
cle 6c au commencement du iuivanr. Mais.à ne
compter que les ouvrages qui font certainement
de lui, il eft furprenant qu’il ait pû les compofer
dans l’efpace d’environ vingt ans depuis fon docJ
torat jufquesàfamort, étant venu deux fois à Paris
8c retourné en Italie.
Ainfi parle Guillaume de Toccodans la vie du
faint, 6c il ajoute : On fait par le rapport fidele de
fon compagnon 3c de ceux qui écrivoient fous lui,
qu’il diékoit dans fa chambre à trois écrivains, 8C
quelquefois à quatre fur différentes matières en
même tems. Il dormoic peu ôc paffoit une grande
partie de la nuit en priere.à laquelle ilattri-
buoit fa fcience plus qu’à l’étude. Il prioit toujours
avant que d’étudier 8c de compofer , re-;
doubloir fes prières dans les grandes difficultez 6C
y ajoûcoit le jeûne. Une fois après qu’il eût ainfi
p r ié
p. 699. 670•
L i v r e L X X X V I . zo9
prié 8c jeûné pour entendre un paffage difficile d’I-
faïe, la nuic frere Renaud fon compagnon l’entendit
parler à quelqu’un, fans favoir à qui, ni ce
qu’ils difoient. Enfuite le S. doêteurlui dit : Levez-
Vous, prenez de la lumière 8c le cahier que vous
aviez écrit fur Ifaïe, 8c après lui avoir diété long-
tems il le renvoïa dormir. Renaud fe jetta à fes
pieds, 8c lepreffa tant delui dire à qui il avoit parlé,
qu’il lui dit que Dieu lui avoit envoyé les apôtres
S. Pierre 8c S. Paul pour l’inftruire, 8c lui défendit
de le dire pendant fa vie. *
Il étudioit avec tant d’application qu’il ne fça-
voit plus où il étoit : enforte que mangeant u n e fois
avec le roi faint Loüis, il frappa fur la table 8c dit:
Voilà qui eft concluant contre l’herefie de Manés.
Le Prieur qui etoit du repas le toucha 8c lui dit :
Maître prenez garde que vous êtes à la table du roi
de France -, le tirant fortement par la chape il le
fit revenir à lui. Alors il demanda pardon au ro i ,
qui fut étonné 8c édifié de le voir fi peu occupé de
l'honneur qu’il lui avoit fait. Mais pour ne pas perdre
la penfée du faint doêteur, ilappellafonfecre-
taire 8c la fit écrire en faprefence. S. Thomas crai-
gnancque la fubtilité des méditations abftraicesne 1
lui deffechât le coeur 8c ne refroidit fa dévotion ,
•faifoit tous les jours quelque leêture des conférences
de Cafnen;en quoi il imitoit S.Dominique^àqui
cette leêture fut très utile pour s’élever à la perfe-
éfion. S. Thomas avec toute fa doêlrine prêchoit
Amplement fans rien donner à la curiofité , mais f
Tom. X m i . D d
An. 1174.
p. C l) .
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