
3 i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
.------------ l’ordre indiqua ce chapitre à Affife pour la Pentc-
A n . 117:9. côte , qui fut le vingt-uniéme de Mai. Mais il ne
„ put s’y trouver à temps,étant tombé malade com- y a a i n g . 1 2 7 n , 1 J g 1 f
7■ me il venoit de la légation de France. Il y vint
enfuite & confirma le choix que le chapitre avoit
fait de frere Bone-grace , quoiqu’abfent, pour lui
fucceder en qualité de général. Le pape fit fçavoir
aux freres que cette élection lui étoit très-agréable
, & inyita les principaux à le venir trouver, &
lui propofer avec confiance ce qu’ils jugeroient expédient
pour le gouvernement de l’ordre. Ils allèrent
donc àSuricn où le pape refidoit cet efté avec
fâ cour; &c un de ceux qui accompagnèrent le nouveau
général en cette occafion fut Philippe dePe-
roufe, qui écrivit la relation de ce qui s’y paifa.
Après avoir rendu compte au pape de ce qui
s’étoit fait dans le chapitre,ils lui demandèrent un
protecteur, comme ilsétoient obligez par laregle;
fi ce n’étoit qu’il voulût lui-même s’en refer ver la
fondtion à l’exemple d’Alexandre IV . Le pape Nicolas
répondit : Il n’eft rien que je fille plus volontiers
; mais les foins de la conduite univerfelle de
l’églife , ne me permettent plus de donner l’attention
necellaire au gouvernement de votre ordre ;
& après avoir pris leurs fuffrages en iecret pour le
choix d’un protedteur , il trouva qu’ils s’accor-
doient tous à demander fon neveu Matthieu RoiTo
des Urfins cardinal diacre du titre de lainte Marie
au portique. Le pape approuva leur choix & dit
au cardinal : Mon cher fils , je vous ai fait bien
des grâces, mais voici la plus grande & la plus pro- -
pre à vous conduire au c ie l, puifque vous aurez A n 1179.
part aux prières &c aux bonnes oeuvres de tous les
freres Mineurs. En vous donnant la prote&ion de
cet ordre je vous donne ce que j ai de plus preçieux
& les délices de mon coeur. Ses fanglots & fes larmes
l’interrompirent alors, &c les freres qui etoient
prefens ne purent retenir les leurs. Ce mouvement
de tendreffe étant paifé, le pape tira l’anneau qu’il
portoit au doigt & le donna au cardinal pour marque
de fa nouvelle charge, & ajouta : Cet ordre n’a
pas befoin de votre gouvernement, il a des fupe-
yeurs très-fages & très-éclairez : il n’a befoin que
de prote&ion contre fes adverfaires qui font puif-
fans & en grand nombre.
De ce jour le pape s’appliqua à reprimer ceux x x x in .
qui attaquoient la réglé & la vie des freres Mi-
neurs, la traitant d’illicite , d’impratiquable & de s- rasais,
dangereufe. Il refolut donc de donner une ample
déclaration de leur inftitut , & y travailla pendant
deux mois avec deux cardinaux de l’ordre,
Jerôme d’Afcoli évêque de Paleftrine 51 Bentiven-
ga évêque d’Albane : auxquels il joignit le nouveau
général & quelques provinciaux. La cour de
Rome étoit étonnée de voir pendant tout ce temps
renvoïer à d’auttes toutes les affaires , & on ne
comprenoit point quelle étoit celle que le pape
traitoit fi fecretemént. Enfin le quatorzième
d’Aouft parut la bulle Exïit qui feminat , où il
refout fore au long les objections que l’on faifoic
S s iij