
88 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Or il avoit grand nombre d’ennemis , comme
aïancufurpélefiege du patriarche Arfene; & aïanc
quitté la fille pour la mere , c’elt-à-dire , l’églife
d’Andrinople pour celle de C. P.
Entre les gens de mérité avancez par le patriarche
Germain, on remarque Manuel Holobole, jeune
homme d'un grand eiprit & d’une grande littérature
; mais qui étoic tombé dans la difgrace de
l ’empereur Paleologue, pour avoir témoigné un
grand reiTentiment de l’aveuglement du jeune em?
pereur Jean Lafcaris. Paleologue en fut tellement
irrité , que fous d’autres prétextes inventez, il fit
couper le nez & les levres à Holobole : qui auffi-
tôt s’alla cacher au monaftere du Precurfeur , &
y prit l’habit monaftique, Le patriarche Germain
voulant donc rendre utiles à l’églife les grands
talens de ce jeune homme, parla ainfi à l’empereur.
.
George Acropolite le grand logothete , qui par
vôtre ordre enfeigne depuis long-tems les feien ces,
ne peut plus fuffire à ce travail ; & il eft necelTaire
de lui donner un fuccelfeur,particulièrement pour
l’initruétion des ecclefiaftiques. Accordez donc à
mes prières & au befoin de l’ég life, de faire çeiTer
votre indignation contre Hplobole,pour le mettre
àcetteplace. L’empereur l’accorda auffi-tôt, délirant
de fon côté de rétablir C. P. en fon ancienne
fplendeur. Et dans cette vûë il mit un clergé avec
une rétribution convenable à l’églifedes apôtres,
& une autre àcelle de Blaquernes Deplusà l'ancien
hôpital de faint Paul deftiné pour les orfelins,
L i v r e L X X X V . M
félins, il établit une école de grammaire avec des
penfions annuelles pour le maître & pour les en-
fans. 11 y alloit même quelquefois pour les con-
noître & voir le progrès qu’ ils faifoient, & leur
donnoit pour les exciter des prix ou des congez.
C ’eft ainli qu’Holobole étant forti du monaftere,
reçût du patriarcheGermainles provifions de rhéteur,
& ouvrit fon école à tout le monde.
Cependant l’empereur découvrit uneconfpira-
tion contre ià vie, à laquelle on prétendoit que le
patriarche Arfene avoit eu part. L’empereur prit
l’affaire chaudement, défera Arfene au concile &
en demanda juftice avec grand empreifement. Le
concile députa vers Arfene quatre commiflaires;
¡deux évêques, celui de Néocefàrée & celui de Pro-
tonefe ; deux clercs, le fecretaire Galien & George
Pachymere, qui a écrit l’hiftoire du tems. Ils partirent
de C. P. le vingt-cinquième de juillet 5 &
étant arrivez à PiflealeProconeie, îlj deelarerent à
Arfene leur commiffion. Dès les premiers mots il
fut outré de douleur & de colere, & dit : Quel mal
ai-je fait à l’empereur ? je l'ai trouvé firnple particulier
, & je l’ai élevé à l’empire ; il m’a trouvé patriarche
& ma deshonoré pour de mauvaifes rai-
fons ; & maintenant je fuis dans ce défêrt comme
un malheureux exilé, réduit à attendre de jour en
jour lacharitédes Chrétiens. Toutefois je fuiscon-
tent du pafïe , & Dieu benifïè ion patriarche.
Mais quand on déplia la plainte pour la lire,
Arfene fçaehant d’ailleurs ce qu’elle contenoit, fit
tous fès efforts pour l’empêcher , comme on en
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