
Sjo H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q u e .
vifage fut couvert de fang : les autres fuivirens
fon exemple , & fe découpèrent le vifage en di-
verfes maniérés. Les Sarrafins étant entrez dans le
monaftere l’épéeà la main , furent faifis d’éton-
nement à ce fpeétacle : puis l’horreur fe tournant
en fur ie , ils les maiTacrereni toutes. Les freres
mineurs du convent d’Acre furent auffi tuez en
cette occafion.
En général les Mufulmans firent main-baffe
fur la plupart des Chrétiens qui fe prefenterent
devant.eux , Si emmenerent captifs tous les autres
, de tout âge Si de tout fexe -, en forte qu’on
faifoit monter le tout â foixante mille, tant morts
qu’efclaves. Ils pillèrent la ville remplie de ri-
chcifes innombrables, depuis quelle étoit devenue
le centre de tout le commerce du Levant &
du Ponant : puis ils y mirent le feu en quatre endroits,
abattirent les murs, les tours, les églifes
Si les maifens. Cette deftruétion d’Acre fut regardée
comme h jufte punition des crimes de
fes habitans, les plus corrompus qui fuifent entre
les Chrétiens, particulièrement pour les péchez
d’impureté , tant les hommes que les femmes.
Le jour même de la prife d’Acre , les habitans
de Tyr abandonnèrent leur ville fans la défendre
, Si fe fauverent par mer. Ceux qui étoient à
Barut fe rendirent fans refiftance : enfin les Chrétiens
Latins perdirent tout ce qui leur reiloit dans
le païs. La plupart de ceux qui fe fauverent fe retirèrent
dans Pille de Chipre. Telle fut la fin des
L i v r e L X X X I X. j/i _______
guerres pour la conquête ou le recouvrement de ^ N_
la Terre-fainte, qui avoit duré plus de deux cens
ans*A
vant que le pape eut nouvelle de cette perte ,
Si a V a n t m ê m e qu’elle arrivât, ôn avoit conclu Jacques rot d'Ai-
un t r a i t é entre la maifon de France Si celle d’Ar- r'‘s°D'
i i> rC' • i r> ■ • 1 t a v 1 M a r ia noe lib .x IV. ragon , touchant I âfiaire de Sicile. Des le com- i4.
mencement de Février, les deux légats Gérard Si
Benoift fe rendirent à Tarafcon , où fe trouva le
roi Charles de Sicile , & les ambafladeurs de Philippe
le Bel & d ’Alfonfe roi d’Arragon. Les condi- InJic.Arri!s<>„,
tions du traité furent, qu’Alfonfeenvoïeroit à Ro- t-1}?-1,0*
nie demander pardon de fa defobéiiTance paifée ,
Si qu’il pàïeroit à l’églife Romaine le tiibut de
trente onces d’or que fon bifaïeul avoit promis f
qu’il pafferoit avec une bonne flotte au fecours de
là Tetre-fainte ; qu’à fon retour il obiigeroit fa
mere Confiance Si fon frere Jacques de renoncer
à la Sicile, & publieroit un ordre rigoureux à
tous les Arragonnois, foldats ou chevaliers, d’en
fortir. Que Charles de Valois renonceroit au droit
que le pape lui avoit donné fur l’Arragon r que le
pape recevroit Alfonfe en fes bonnes grâces, Si
envoïeroit un prélat pour lever l’interdit jette fur
l’Artagon, Si retirer les otages que Charles avoit
donnez à Alfonfe. Ce traité fut conclu fans la participation
du roi Jacques & des Siciliens, qui en
furent très-mécontens : mais les deux rois Alfonfe'
Si Charles le ratifièrent à Jonquieres le feptiémc'
¿’Avril.
Alfonfe roi d’Arragon fe difpofoit à époufer