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A n. 12do. oecoIÎOme infidele. C’eft qu’encore que J. C.
foit le modèle de toute perfedion,il ne s’enfuir pas
que chaque Chrétien doive imiter toutes fes actions
particulières. Il ne dépend pas de nous d’imiter
les effets de fa puilfance 8c de fa fageffe divine,
en faifant des miracles & découvrant le fecret des
coeurs. Il n’appartient pas à tous d’imiter fes actions
d’autorité, comme de chalfer les marchands
du temple, 8c charger les pontifes de reproches
vehemens ; ou d’exercer les fondions de fon fa-
cerdoce, en remettant les pechez 8c adminiftrant
les iàcremens. Quelques-uns doivent imiter ce
qu’il a fait par condefcendance à notre foibleife,
fe cachant dans la perfecution , 8c priant fon pe-
re d’éloigner de lui les fouffra'nces. D’autres enfin
doivent fuivre les exemples de perfedion qu’il
a donnez , par la pauvreté, la virginité, paflànt
les nuits en prières, fe livrant à la mort pour iès
ennemis,
Girard prétendoit que la perfedion fid’imper-
fedion étoient oppofées , comme la vertu & le
vice , la fànté & la maladie. Saint Bonaventure
le nie , & foûtient que l’imperfedion dont il s’agit
ici n’eft point un m al, mais feulement un
moindre bien, comme le mariage à l’égafd de
la continence parfaite : 8c que la perfedion cop-
•fifte dans la pratique, non-feulement des vertus
commandées , mais des oeuvres de furerogation ;
8c dans la patience qui va jufqu’a aimer les ibuf-
frances. Or cette perfedion eft plus grande lorft
qu’op
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qu’on s’engage par un voeu exprès à y afpirertou- . ^
te fa vie : donnant ainfî à Dieu non feulement N‘ 11
les fruits, mais l’arbre même, c’eft-à-dire le fond
delà volonté. Il y a des degrez dans la p erfedion: ¿>. +04-
la virginité eft plus fublime que la viduité ; fie la
perfedion eft différente félon les états , autre eft
celle du prélat, autre celle du particulier. Le prélat
doit procurer non feulement fon falut, mais celui
de fon troupeau : c’eft pourquoi avant que de s’en
charger, il doit être parfait comme particulier, fie
n’en accepter la charge que malgré lui, à caufe des
périls qui y font attachez. Le religieux au contraire
n’aïant pour but que fon falut particulier ; les
pécheurs 8c les imparfaits peuvent defirer Se em-
braffer cet état pour s’y purifier Se s’y perfedion-
ner ; au lieu que le particulier le pins parfait ne
peut rechercher la prélatuie fans indécence fie fans
préfomption.
Saint Bonaventure répond enfuite à Girard
d’Abbeville touchant la fuite de la perfécutîon fie
de la m o rt, que ce dodeur loüoit extrêmement,
comme une adion digne des hommes les plus
faints fie les plus parfaits. Or l’occafion de cette
difputefemble avoir été la conduite de faint François
8e de fes premiers difciples, qui par un excès
de zele alloient chercher la mort chez les infidèles
, comme les martyrs de Maroc Sc de Ceuta , 8c s«t.Hvlxxtoi.
lui même au fiége deDamiette en 12.19. fur quoi nf ,
faint Bonaventure prouve bien qu’il eft delaper-
fedion chrétienne de defirer la mort pour être uni
à Dieu, 8c que quand J. C. s’eft caché pour l’é-.
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