
Ordres militaires.
V.Platon.Repub.
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1I.LXXXIII.72.I8.
14 Sixième Difcours
cour de Rome pleine de ces évêques in partibus} dans des emplois
peu convenables à leur dignité*
Après le clergé confidérons lesordres m ilitaires,nouvelle efpece
de religieux inconnuë à l ’antiquité. Jufques au douzième fié c leon
s ’éto it contenté de croire la profelïion des armes permife aux Chrétiens
6c compatible avec le fa lut : mais on ne s’étoit pas encore avi-
lé d’en faire un état de p erfeétion, & d’y joindre les trois voeux eflen-
tiels a la vie rcligieuie. En effet i’obfervation de ces voeux demande
de grandes précautions contre les tentations ordinaires de la
v ie ; la folitude, ou du moihs la retraite , pour éloigner leso cca-
fions du péché : le recueillement ,1a méditation des veritez éternelles
, & la priere fréquente pour arriver à la tranquilité de lame 6c
à la pureté de coeur. O r , il femble bien difficile d’allier ces pratiques
a v e c la v ie militaire, toute d’aôfcion 6c de mouv em en t, où l’on efl»
continuellement expofé aux tentations les plus dangereufes, ou du
moins aux pallions les plus violentes.
C ’en; pour cela que les guerriers auro'ient qilus befoin .que les
autres hommes de cultiver leur efprit.par la .le& u re , la converfation
6c les fages .reflexions. tjComme je les fuppoje naturellement
hardis 6c courageux., le bc« ufage de leur raifon le u r e il plus n e -
.ceifair.e q u ’aux autres pour bien employer leur co u ra g e , 6c le contenir
dans de juiles bornes., La valeur feule'ne fait que des brutaux;
ia raifon feule ne fait pas de braves.: elles ont beloin l’une
de Fautje, Orno sanciens chevaliersétoient fans aucune étude , 6f
né fçavoient pas lire pour la plûpart : d’où vient que la priere commune
des Templiers ne confifloit qu a affilier,à l’office chanté par
leurs clercs. Je doute que d’ailleurs ils fuifent affez en garde contre
les tentations inféparables de l’exercice des armes ; & que dans les
combats mêmes ils confervaifent affez de fang f r o id , pour ne fe
faiifer emporter à aucun mouvement de colere ou de h ain e , à aucun
defir de vengeance , aucun fentîment qui ne fû t conforme à
Lhumanité & à la juflice. S e lo n i’ancienne difcipline de l ’eglife 011
confeilloit quelque efpece de penitence à ceux qui avoient tué,,
mcine dans les guerres les plus jufles ; 6c nous voïons un relie de
cette difcipline après la bataille de Eontenaien S40.
Je veux croire que les Templiers & les autres chevaliers des o r dres
militaires ont donné de grands exemples de vertu dans leur
première ferveur : mais il faut convenir qu’elle fe ralentit b ien - tô t ,
& qu’on voit de grandes plaintes contre eux dès le douzième fiecle
peu après leurinilitution. Ils abufoient de leurs p rivilèges, les étendant
à l’infini, méprifanr les évêques dont ils étoient exemts ; & n’o -
béïflant au pape même qu’autant qu’il leur plaifoit. Ils ne gardoient
point les traitez avec les infidèles, & quelquefois ils s’entendoient
avec eux pour trahir les Chrétiens >plufieursmenpient une vie co r -
rompûë & fcandaleufe. Enfin les crimes des Templiers vinrent à un
fur l’Hifioire Écclejiaflique, i f
tel excès, qu’on fut obligé de les ab olir au concile général de Vici.ne
avant les deux cens ans accompl s depuis leur inilitution ; & les
faits dont ils furent acculez font fi a tro ce s , qu’on ne peut les lire
fans horreur, & qu’on a peine à les c r o ir e , quoique prouvez par des
procédures autentiques.
Quant aux ordres militaires qui fubfiilent , jerefpedte l ’autorité
de l’églife qui les a ap p rou v e z , & la vertu de plufieursparticuliers
de chaque co rp s : nous avons1 vu de n ô tre tems des chevaliers de
Malte pratiquer une hante perfection. Mais je la ifle à la con/cience
de chacun à examiner s’il vit en vrai relig ieu x , & s’il obferve fidc-
lement fa réglé. J e prie fur tout ceux qui embrafient ce genre de1
v ie , & les pareas qui y engagent leurs enfiins, de le faire avec gran-'
de cpnnoiflance de- caufe , fans fe laiffer entraîner à l ’exemple des
autres. D e cofifiderer attentivement' devant Dieu quelles font 1e r
obligations de cet état , fuivaiit l’intention de l ’égliie , non fuivant
le relâchement qu’elle- tbilere ; 6c fur tout quels font les motifs de
l ’engagement : fi l ’e ft d’afiürer ion ialut éternel, & de tendre à la
périt d io n chrétienne, ou de participer aux biens tcmporelsde l ’o rdre
6c d’obtenir des commanderies: car c’efl un étrange rcnverie-
ment de faire voeu de pauvreté comme un moïen d’acquérir un jo u r
des richeffes.
D e . toutes les fuites des Croifades la plus importante à la religion
a etélaceflatiori des periitences canoniques. Jedislaceffation
& non pas l’ab ro gation: car elles n ’ont jatfiais été abolies expreifé-
ihent par conflitution d’aucun pape : ni d’aucun concile: jamais que
je fçache on n’a délibéré fur ce p o in t, jamais on n’a dit / N o u s avons
examine fogneufement les raifons de cette ancienne difcipline , 6c
les effets qu elle a produits tant qu’elle a été pratiquée : nous en
avons trouv é les inconveriiens plus grands que l ’utilité ; 6c tout
Bien confidere nous: avons jugé plus à propos de laiifer déformais
les penitences a la.difcretion dés confeifeurs. Je n’ai rien v û d e fem-
blable dans toute la fuite de l ’hiflo ire. L e s penitences canoniques
fon t tombées infenfiblement par la foibleile des évêques & k dureté
des pecheurs , par n égligence, parigfioranee : mais elles ont
reçu le coup m o r te l, pour ainfi d ir e , par l ’indulgence d e là C ro i-
fade.
Je fçai que ce n’étoit'pas l’intention du pape U rbain & du concile
dé Clermont. Ils croioient au contraire faire deux biens à la fois :
délivrer les lieux Lints , & faciliter la pënitencè a une infinité de
pecheurs qui ne l’auroient jamais faite autrement^ C ’e fl ce quedit
expreifement S. Bernard : c ’efl ce que dit le pàpe Innocent III. &
ils relevetlt pathétiquement la bonté de D ie u , qui dans leur tems a
donne aux hommes cette occafion de ie co n v e r tir , 6c ce nouveau
moïen de fatisfaire à fa juflice. Mais il e(l à craindre qu’on n’e ût pas
affez confidere les iblides raifons des anciens canons, qui avoient
X Ü'
Chute de la pe-'
nitence.-
hift. IÏV. IXI.X»'
n , 1 a .
In noe. 111, / ’xvx*'
ep. z8.