
iî3 4- H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-------------- troublez à ce fujet , & fçachant qu’au fonds ont
A n . üî)8. leur falloir grandtorc , alla trouver leur procu-
rc-ur Sfctui demanda en fecretde ¡quoi écrire. Le
procureur s’en mocquoit, ne croïant pas même
qu’il fçût lire : toutefois -comme il perfeverok
dans fa demandes , le procureur lui donna du papier
,de l ’encre & une plume. Frere Auguftin écrivit
un mémoire court & folide, qui ayant efté
communiqué au procureur de la partie adverfe ,
a ld it : Celui qui a dreifé ce mémoire eft un diable
ou un ange , ou le feigoeur Mathieu de Thermes
avec lequel j’ai étudié à Boulogne, & qui eft mort
à la bataille du roi Mainfroi. Il voulut voir l’auteur
du mémoire , 8c l’aïant-reconnu, touché de
fon humilité il l’embraffa tendrement, 8c ne put
retenir fes larmes. Auguftin le prioit de ne pas
troubler fon repos en le faifant connortrc , mais
il ne put s’y refoudre, 8c dit aux Auguftins : Vous
avez un trefor caché : c’eft icy le plus excellent
homme du monde, traitez le comme il le mérité;.
8c au refte vous avez gagné votre caufe. Ils commencèrent
donc à le refpedter ^ mais il rejettoit
tous les honneurs 8c continuait dans fes pratiques
d’humilité. Cependant le bienheureux Clement
d’Gifimo général de l’ordre vint à Siene, où aïant
appris quel étoit frere Auguftin , il le fit venir , le
prit pour fon compagnon, & le mena en cour de
Rome , où nonobftanc fa refiftance , if le fit ordonner
prêtre ; 8c ils drelferent enfemble les eon-
ftitutions de l’ordre. Pendant le fejour qu’ils firent
à la cour, le pape Nicolas IV . demanda au gene-
TT. Bol. 8. A frit.
Ko. p . 84c-
L i v r e L X X X IX . c,y5
- ral dé lui donner un religieux capable d’y entendre
Icsconfeflions. Il lui amena frere Auguftinen plein A
confiftoirc ; 8c les cardinaux voïant la pauvreté de
fon habit 8c l’aufterité dé fon vifage, demandoient
de quelle forêt on l’avoir amené. Il vint aux pieds
du pape fans fçavoir de quoi il s’agilfoit : mais
voïant que le pape lui impofoit les mains pour le
faire fon pemtencier , il pleura G arnerement, qu’il
attira les larmes du pape & des cardinaux. A me-
fure qu’i'k- le connurent davantage , ils conçurent
pour lui beaucoup d’affeétion 8c de refpeét ; & il
exerça cette charge de penitencier environ vingt
ans , ayant toujours le coeur à fa ebere folitude.
Son zele pour la juftice l’engageoit à ufer quelquefois
envers le pape & les cardinaux, non feulement
de pricres , mais de réprimendes ; & ils les écou-
toient patiemment, tant ils avoient de vénération
pour lui. Car fes confeils écoient reçûs comme ve- “ ■'s
nant du ciel.
Il étoit encore ën cour de Rome quand on tint
à Milan le chapitre de fon ordre , où quoi qu’ab-
fent il fut élû général tout d’une voix : mais il
n’auroit point accepté l’élection , s’il n’y eût été;
contraint par le pape Boniface. Il exerça fa; charge
avec beaucoup d’humilité, de charité , de fermeté
& de zele.; mais il ne la garda que deux
ans. Car encore que fuivant l’ufage de l'ordre!, le
chapitre général ne fe tînt que tous les trois ans,.
il en aflembla un à Napfës le premier jour de Mai
1300. où quelque inftance que lui fiiTent fes confrères
, de continuer à les gouverner, ils ‘ne pu-'
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