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LeblancI mon.
p. i ÿO.
XX XIConceiTion
du
Royaume de.Sicile
à Charles
d’Anjou.
¿4 H i S T O Î R E E C C L E S Ï A S T Ï QUE . '
notre ordre particulier ; autrement fi uftrés de leurs
efperances , ils s’en retourneroient confus. Ne
cherchez pas à marier votre foeur plus avantageuie-
mentà caufe de nous ; nous ne le trouverions pas
bon, 5c ne vous aiderions pas. Toutefois fi vous
la mariez au fils d’un fimple chevalier, nous nous
propofons de donner trois cens tournois d'argent.
C ’étoit environ cent cinquante livres de notre mon-
noye. Le pape continue : Si vous afpirez plus haut,
n’efperez pas un denier de nous * encore voulons
nous que ceci foit très-fecret , Sc qu’il n’y aie que
vous Sc votre mere qui le fâche. Nous ne voulons-
point qu’aucun de nos parens s’enfle fous pretexte
de notre élévation ,, mais que Mabile 8c Cecile
prennent les maris qu’elles prendroient fi nous e-
tions dans la fimple clericature , voyez Gilie , 8c
lui dites quelle ne change point de place ; mais
qu’elle demeure à Sufe , 8c qu’elle garde toute la
gravité 8c la modeftie poffible dans fes habits.
Q u ’elle ne fe charge de recommandations pour
perfonne, elles feroient inutiles a celui pour qui on
les feroit, 8c nuifibles à elle-même. Si on lui offre
des prefens pour cefujet, qu’elle les refufe, fi elle
■yeut avoir nos bonnes grâces. Saluez votre mere
8c vos freres ; nous ne vous écrivons point avec la
bulle , ni à ceux de notre famille , mais avec le
feau du pêcheur , dont les papes fe fervent dans
leurs affaires fecrettes. Donné à Peroufe le jour de
fainte Perpetuë 8c fainte Félicité, c’eft-à-dire , le
feptiéme de Mars.
Le pape Çlement donna, fes premiers foins à
l’affaire
L ï v r e L X X X V . 6 j
l ’affaire du roïaume de Sicile, comme la plus pref- An. izcTf?
fante pour la cour de Rome ; 8c dès le vingt- fixié-
me de Février 1 165.il fit expedier deux bulles. Dans
■la première il raconte la conceffion de ce roïaume s?«, to.9.
faite par Alexandre IV. à Edmond fécond fils du 107‘
lo i d’Angleterre, 8c confirmée par Innocent IV .
les diligences faites par le faint fiege pour l’ef-
feôtuer, 8c le défaut d'execûtion de la part du roi
8c de fon fils, enfin la fommation qu’Urbain IV.
leur a fait faire de déclarer s’ils y prétendoient encore.
En confequenee le pape Clement révoqué
8c annulle cette conceffion -, 8c déclare que l’églifè
Romaine efl en pleine liberté de difpofer du
ioïaume de Sicile. Par l’autre bulle du même jour, t.-n*.
le pape donne ce roïaume à Charles comte d’A n jou
8c deProvence , aux conditionsqui y font exprimées
fort au long , 8c dont la plupart ne re- 1I4*
gardent que l’état temporel. V oici celles qui concernent
Téglife. Tous les biens, meubles 8c im- /• *37*
meubles qui ont été ôtez-aux églifes, ou aux personnes
ecclefiaftiques, leur feront reftituez en chaque
lieu, à mefure que le nouveau roi en pren- *. m
dra poiTeifion. Les éleétions des églifes cathédrales
& autres feront entièrement libres , fans demander
le confentement du roi devant ni après. La
jurifdiétion ecclefiaftique fera confervée en ion
entier, avec liberté d’aller pourfuivre les appellations
au faint fiege, le roi révoquera toutes les loix
de Frideric,de Conrad, ou de Mainfroi contraires à
la liberté ecclefiaftique. Aucun clerc ne fera pour-
fuiyi devant un juge feculier, ni chargé détaillés 1+' *5‘
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