
A n " erefi“ prefque par toute l’Italie, la
4- foi .catholique eft déprimée, le fervice divin diminué
, les ioix &c les libertez ecclefiaftiques foulées
aux piés. Les prélats & les clercs font envoïez
en exil, jettez dans des priions, mutilés ou mis à
mort. Les lieux confacrez à Dieu font dépouilles
de leurs biens, & convertis à des, uiages profanes.
On force quelques ecclefiaftiques à célébrer
les divins offices dans des lieux interdits ,
& a adminiftrer les facremens à des excommunies.
T„ ■ M i *;e ^ i et rap ° rte ce que dit Matthieu Spinelli,
qui vint l'automne fuivanc dans l’armée de Main-
froi : Letroifiémede Septembre 1164. vinrent trois
nobles envoyez par les Napolitains, pour prier le
roi de faire la paix avec le pape ; parce que la ville demeurait
excommuniée, l’archevêque ne vouloic
pas que Ion dit la meife. L ê to i repondit, que ce
n etoit pas fa faute fi on faifoit la guerre, mais la
faute du pape, qui vouloit le chaffer de fon roïau-
me, & il ajouta: J’envoïra à Naples trois cens Sar-
rafins, qui feront dire la meife par force: envoïez-
moi dans une galere les prêtres & les moines qui
le refuferont. Les députez repondirent : Seigneur ,
n envoyez point de Sarrafins , Naples ne voudra
pas les loger. Et le roi entra en grande co-
lere.
Pendant que le pape Urbain étoit ainfi occu-
m Ë m . PC d/?.la guerre contre Mainfroi, il ne laiffia pas
julienne de a mitituer la fefte du faint facrement de l ’autel-
M Sç la célébra pour la première fois cette année
le dix neuvième de Juin, qui étoit le jeudi ------
d après 1 odtave de la Pentecoile ; ce qu’il faut An. iz64.
reprendre de plus haut, Lorfquil étoit archidiacre
de Liege, il connut particulièrement une fainte
fille nommée Julienne, religieufe hofpitaliere à
Mont-cornillon , près une des portes de la ville.
Elle eut toute fa vie une dévotion particulière $ett «.»
au faine facrement , & dès lage dé feize ans, ' W'
c e ft- a -d ire en n o S . toutes les fois qu’elle s’appliquoit
a loraifon, il lui fembloit voir la lune
p le in e , mais avec une petite brèche; & cette
image fe prefentoit à elle fans qu’elle pût l’empêcher,
ce qui dura pendant long-temps. Elle crût,
que c etoit une tentation, & fit beaucoup de prières
pour en être délivrée : enfuite elle en demanda
la lignification, & il lui fut die interieuremenc
que la lune fignifioit l’églife ; & la brèche le défaut
d’une felte, qui devoir être celebrée tous les
ans , pour honorer l’inlHtution du faint facrement.
Il lui fut die qu’elle devoir commencer cette fe ife ,
& annoncer la première, l'obligation de la célébrer.
Quoique Julienne crut avoir reçu cet ordre de
Jefüs-Chrift même, elle s’en défendit long tems,
difantqu une commiffion de cette importance conviendrait
mieux à quelques do&eurs autorifez dans
Feghle t enfin après plus, de vingt ans elle fe rendit
& découvrit la chofe, premièrement à Jean
de Laulenne chanoine de faint Martin de Liege ,
homme d’une vertu finguliere; & le pria de con-
fulcer fur ce fujec les meilleurs théologiens ians