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rare beauté, dont elle abufa pour s’abandonner ®-
une vie licentieufe,particulièrement avec un gentilhomme
qui l’entretint pendant neuf ans. il étoic
forti du logis emmenant avec lui une petite chiens
n e , qui revint au bout de quelques jours criant 6s
tirant Marguerite par fes habits avec les dents, en-
forte qu’elle la fit fortir de la maifon ôc l’amena à un
tas de bois, dont Marguerite ayant détourné quelques
pièces, trouva le gentilhomme mort 5c ronge
de vers. Ce hideux fpeêtale la fit rentrer en elle-
même ,& elle réfolut de fe convertir. Elle retournai
chez fon pere couverte deconfufion,vêtuë de noir,,
fondant en larmes, 5c le vifage déchiré de (es on-j
gles ; mais fon pere la ehafla, à la perfuafion d’une
fécondé femme belle- mere de Marguerite.
Ainf i rejettée ôt abandonnée, elle s’aifit fou®
un figuier dans le jardin de fon pere, & déplorant
famiiere elle eut recours à Dieu , qu’elle pria d’ê-
cre ion pere, fon époux 5c fon maître.. Car le démon
la tentoit fortement de profiter de fa jeunefle
ôc de fa beauté pour s’attacher à quelque grand fei-
gneur; fous prétexte que l’abandon où elle étoir,,
reüdroitexcufable ion péché. Alors Dieu lui infpi-
ra d’aller à Cortone, ôc fe mettre fous la conduite
des freres Mineurs ; ce qu’elle exécuta auffi-tot, 5c
fe fournit à eux avec une crainte & un refpeétfin-
gulier. Elle leur demanda humblement l’habit dit
tiers ordre de faint François, confacré à la pénitence;
mais la voyant fi belle 5c fi jeune, ils différèrent
long-tems de le lui accorder, dans la crainte
f . ; 10. n. J4.
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que fa confeihon ne fut pas folide. Ce fut appa- ••
remment dans cette intervalle qu’elle retourna à -An. 1277.
Lavianc, lieu defanaiffance, 5c un Dimanche pendant
lame ffeenprefence de tout le peuple,aïant mis
fa ceinture autour de ion cou, elle fe jetta aux piés
d une dame nommée Manentiffe, Se lui demanda
mifericorde, fondant en larmes, ce qui attira celles
de tous les affiifans. Elle en ufoit ainfi, non-feulement
avec les perfonnes vertueufes, mais avec les
plus grands pecheurs, 5c leur demandoit en trem-
iblant 5c friffonnant, s’ils croyent que Dieu lui voulut
faire grâce.
Les freres Mineurs de Cortone après l ’avoir
.eprouvee pendant trois ans, lui donnèrent enfin
l ’habit du tiers ordre en 1x77. Cefut frereRainald
cuf toded’A r e z z o , qui lui accorda cette grâce; ôc
des lors elle augmenta en humilité, en aufterité 5c
en toutes fortes de vertus. Elle vouloit fe faire conduire
a Monte Pulciano, qui étoit le lieu où elle
3voit donne le plus de fcandale, pour y faire une
fatisfafibion publique ôcs’expofer au mépris de tout
le monde:mais elle en fut empêchée par fon confef-
feur frere Jon ta deBeragna,qui jugea fagement que
lés voïages neconvenoient point à une jeune peni*
tente. Ilretintencoreuneautrefoislezele exceflîf,
par lequel el leavoi tréfoludefecouperavecunra-
ioir le nés 5c la levred’enhaut. Elle perfevera v in g t
ans dans fa penitence, 5c mourut en 1297. le vingt-
deuxieme de Février. Sa vie fut écrite par frere
Jontaion confeffeur ; 5c le pape Urbain.VIII. per-
M m ij
Vading, 1 1 7 7 *
n» 13.
Bell. p. $66, n*
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