
à
ÉÉL
I
A n . 12.81,
t. ji.
368 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
n’eut confideré qu’il avoit beaucotip fouffert pour
ce fujet, & n’y avoit réuifi qu’avec peine ; & que
s’il lui arrivoit de fe dédire 5c de rompre la paix
tout d’un coup, il pourroic revenir une occasion
de la chercher , 5c qu’alors il n’y auroit
plus moïen d’y réuiïlr. Il confideroit d’ailleurs
que les affaires de l’égliie changeroient de face,
il Jofeph remontoit fur le fiege patriarcal : que
ce prélat étoit de lui-même tout pacifique , 5c
qu’il n’y avoit rien à craindre de lui, mais qu’il ne
manqueroit pas de gens qui le mettroieot en mouvement.
Ce qui venoit.d'arriver confirma ce Soupçon
de l’emper.eur,
Car le patriarche Jofeph fe croïant près de la
mort , fit ion teftament où il ne put fe difpen-
fer de nommer l’empereur & de prier pour lui.
Or c’étoit l’ufage de nommer l’empereur fa in t, à
caufe de l’onétion de fon facre -, 5c Jofeph ne donnât
point ce titre à Palcologue dans fon teftament,
qu’il ne laifla pas de lui envoïcr. L’empereur en
fut indigné , & écrivit au patriarche Veccus, au
gouverneur de C . P. & au patriarche d’Antio-
che, de s’informer de Jofeph pourquoi il en ufoit
ainfi : demandant s’il vouloit le dégrader de l’empire
, 5c s’il le jugeoit indigne du titre de fain-
teté. Jofeph rejetta la faute fur les moines qui
étoient auprès de lui , 5c montra une autre copie
de fon teftament toute femblable , excepté
que le titre de fainteté s’y trouv’oit. Il dit donc ,
qu’il l’avoit écrit ainfi d’abord , mais que
ceux
Sfi
f
A n . 12.81
L i v r e L X X X V I I . 369
ceux qui l’environnoient en étant fcandalifez ; il
en avoit fait une autre copie , qui étoit venue
entre les mains de l’empereur : tant ce bon prélat
cherchoit la paix avec tout le monde. L'empereur
fe déficit donc de ceux qui l’obfedoient ;
& d’ailleurs il ne vouloit pas fortifier le reproche
qu’on lui faifoit, que fa paix avec les Latins
n’étoit ni férieufe , ni véritable. Ainfi il laifla les
chofes comme elles étoient , attendant à fe regler
fur l’avenir.
Cependant il étoit entré dans une conjuration rv.
I . r ' H 1 • J c - bS /-■ Conjuration cîç qui le tramoit contre Charles roi de Sicile. Ce jean de prodda.
prince s’étoit rendu odieux à fes nouveaux fujets a«. Male/p. c,
par la dureté de fon gouvernement &: la fierté des
François : enforte que plufieurs perfonnes confi-
derables étoient forties de Poiiille 5c de Sicile.
De ce nombre étoit Jean feigneur de Prochyta
ou Procida petite ifle près deNaples, qui dès l’an
1 i-jÿ. alla feçretementà C .P . 5c reprèfenta à l’empereur
Michel qu’il étoit en grand p é r il, parce
que le roi Charles avoit armé une puiffante flotte -
à la priere de fon gendre Philippe empereur titulaire
de C .P . qu’il prétendoit y rétablir ; 5c paffer
enfuite à la terre fainte, pour reconquérir le roïaurne
de Jerufalem au profit de fon fils Charles ^
prince de Salernc, auquel il en avoit acquis les
droits. Jean de Procida reprefenta donc à l’empereur
Michel la puiffance du roi Charles aidé
par le roi de France fon neveu, par les Vénitiens
5c par le pape qui lui fourniffoit de l’argent ; puis
il ajouta : Si vous voulez finvre mon confeil, vous
Tome XVIII. Aaa