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418 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i c l ü e .
le mois de Mars où étoit mort Jofeph , aïant pris
George de Chipre , le mena au monaftere du Pre-
curfeur , où aïant trouvé une églife dans une v igne
où on ne faifoit point de fervice,il le fit moine
de feculier qu’il étoit , & de leéteur l’ordonna
diacre. George changea de nom en prenant l'habit
monaflique , &c fe fit appeller Grégoire ; & le
même jour l’empereur le déclara patriarche de
Conftantinople , lui donnant fur fon tribunal le
bâton paftoral, fuivant l’ancienne coutume ; &
dès lors il exerça les fonctions qui ne dépcndoient
point du caraètere facerdotal.
Enluite l’évêqùe de Cozile à la priere de Grégoire
, ordonna métropolitain d’Heraclée en Trace
le moine Germain difciple d’Acace ,bomme pieux
Si modéré , qui avoir paru neutre dans l’affaire de
l’union ; & Germain lui-même étoit homme fim-
ple & adonné aux exercices fpirituels. Or levêque'
d’Heraclée avoitle privilège d’ordonner le patriarche
de Gonftantinople. Ce fut donc ce nouveau
métropolitain Germain qui ordonna Grégoire prêtre
, puis évêque & patriarche , affilié de l’évêque
de Cozile & de celui de Dibra en Macedoine. Cette
ceremonie fe fît le Dimanche des Rameaux
onzième jour (l’Avril 1283. dans Téglife de fain-
te Sophie dont on purifia l’autel : puis s’aifemble-
rent autour de Grégoire des hommes qui s’ctoicnt
fournis aux fchifmatiques & parbiffoient tranfpor-
tez de zele , mais qui ignoroient les cérémonies ,
& ne connoiffoient pas même la difpôfition du.
Heu. Car ils avoiçnt exclus de cette aétion tout le
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clergé ordinaire , &c ne vouloient même être vus ~
dcpcrfonne: toutefois ils furent obligés de faire A n . 1283.
venir l ’ecclefiaftique ou facriilain pour les con- ■V. Cang. gloffi
duire > & leur faire obferver au moins l’eifentiel ^ ucUP‘
de l’ordination. A cette meife on facra trois pains
félon la coûtume , pour les trois premiers jours
de la femaine fainte, aufquel les Grecs ne confièrent
point. Puis le nouveau patriarche alla
trouver l’empereur, pour acheyer avec lui le reite
des cérémonies du jour.
Le lundi & le mardi le clergé fut encore exclus
de l’églife , à la referve de ceux qui étoient
avec le patriarche. Le mercredi on devoit donner
l’abiolution au clergé , mais on fut fi longtemps
à délibérer fur la maniéré de la donner,
que le temps de la liturgie des préfan&ifiés fe paifa. ■
Enfin on fit venir les ecclefiaftiques à la grande
porte de l’églife , le peuple que les fchifmatiques
eftimoient le plus zélé étant debout des deux côtés;
le clergé fe profterna & demanda pardon , & on
lui permit d’entrer & d’affifter à l’office. Mais
comme il étoit nuit quand il fin it, on ne cele- -
bra. point la liturgie ; foit parce qu’il étoit trop
tard , foit parce qu’on ne jugeoit pas que le clergé
fût encore affés purifié pour recevoir la communion.
Çe qui arriva le lendemain le fit croire ;
car ce jour qui étoit le jeudi faint , le patriarche
célébrant la radie prit du pain qu’il avoit fecre-
îcment fait venir du marché , & Tarant rompu
en petits morceaux fans le contacter,Je donna pour
fommimion aus nouveau? reçoncilies, qui 1 aàa<fi£