
431 H I S T.f0 IR E E CCL ESI AStfl QJ1 E.
— encore. Le pape par ia lettre du huitième de
A n . 1184. Janvier 1183. lui témoigna fon chagrin, de ce qu’il
r«<». 1183.».<1. ne perfiftoit pas dans la bonne volonté d’y aller
lui-même au plutôt ; mais , ajouta-t-il, comme le
temps du paifage n’eftpas encore marqué , ôc que
l’état du monde ne permet pas d’efperer qu’il foit
».66. ii proche : nous ne voïons aucune neceffité d’accorder
à prefent cette décime au comte votre
frere.
Le roi qui fans doute avoit compté fur cet argent
de la décime1, ne s’en tint pas 4 la réponfe
«.67. du pape, mais il s’en faifit d’autorité. Les col-
leéteurs commis par le faint fiege avoient dépofé
cet argent fous bonne garde en des lieux facrez
& sûrs : le roi malgré les gardes fit rompre les
fceaux ôc les ferrures , enlever tout l’argent & le
mettre où il lui plût : puis il écrivit au pape, s’efforçant
de juftifier cette aétion. Mais le pape bien
informé du fait, écrivit à l’archevêque de Çantor-
beri d’aller trouver le roi , pour retirer ces deniers
de fes-mains ; ôc il écrivit au roi lui-même
une lettre où il lui fait de grands reproches de
cet attentat, ôc traite fes exeufes de frivoles: puis
il lui ordonne de remettre inceifamment ces deniers
, & lui défend d’ufer à l’aVenir de pareilles
voies, le menaçant s’il n’obéît d’emploïer d’autres
remedes. La lettre eft du troifiéme de Juillet
1183.
Il eft à croire que roi Edoüard donna fajuh
».h*4.». tisfa&ion au pape fur ce fuj,et : car l’annee fuivante
le pape reçut agréablement un chanoine
&
L i v r e L X X X V I I Î . 433
& un gentilhomme fes envoïez, qui vinrent l’af- ', ~
furer de fa part, qu’il vouloir fe croifer pour paffer N‘ 11 4 '
à la terre fainte. Surquoi le pape lui donna de
grandes loüanges, ôc l’exhorta fortement à exécuter
fa promeife. La lettre eft du vingt-fixié-
me de Mai 1184. Mais en même temps le roi
faifoit plufieurs demandes touchant les décimés
, que le pape ne trouva pas fans difficulté. Le
roi demandoit les décimés déjà levées en An- ».¡«.
gleterre ôc en Ecoife & dans toutes les terres de
fon obéïifance , l’Irlande, le païs de Galles , la
Gafcogne ôc le Pontieu, qui lui appartenoit par
la reine fon époufe. Le pape répondit : fi vous
prenez la croix dans Noël prochain, nous vous
accordons les décimés d’Angleterre, d’Irlande
ôc de Galles , ôi même d’Ecofle , fi le roi d’Ecoffe
y confient. Et vous les recevrez pendant 9
deux ans avant le terme du paifage , qui fera
fixé par le faint fiege. Quant aux décimes de
Gafcogne ôc du Pontieu, elles ont été données
au roi de France : fuivant l’ordonnance du concile
de Lion. Le roi d’Angleterre vouloit pro- » 57.
fiter des extorfions que les colleéteurs de la
decime avoient faites en excédant leur pouvoir.
Le pape dit, qu’en ce cas il falloit- punir les
colleéteurs ôc les obliger à reftitution. Il refufa «■ v-èe.
auffi de comprendre dans la decime les biens
de ceux qui mouroient fans faire teftament, ôc
les premiers fruits des bénéfices vaeans : mais il
accorda au roi de n’être point contraint avant cinq
ans à faire le voïage. Il ne le fit point du tout -,
Tome X V 1 1 1 . I i i