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650 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
lu fe préparer une voie pour rentrer dans fon fie-
gc. Quant à l’anathême , les uns croïoient qu’il
falloit le prier de le lever lui-même : les autres di-
foient que c’étoit lui demander l’impoffible $ puiC-
qu’il n’étoit plus que fimple particulier ; mais les
pl us inftruits foutenoient qu’il ne falloit point d’ab-
folution ; & que la cenfure étoit nulle & contre les
canons , étant prononcée fecretement fans que
ceux qu’elle frappoit en euifent connoiifance.
L’empereur toutefois fut d’avis d’envoïer vers
Athanafe pour le faire expliquer. Il reconnut fon
écrit, & déclara qu’il étoit prêt de lever la cen-
furc : comme il fit par un nouvel écrit, où il di-
foit en fubftasce : Le chagrin & l’amertume de
coeur où m’avoient mis les perfécutions que j’ai
fouffertes pendant mon patriarcat, m’ont fait corn-
pofer cet écrit que j’ai caché dans fainte Sophie,
Mais après ma démillion, je n’ai penfé qu’à me
mettre l’efprit en repos, & en effacer tout ce que
cet écrit contient de plus fâcheux : pardonnant
de bon coeur à tous ceux qui m’ont perfécuté. Car
je fçais bien que quiconque connoît les comman-
demens de Dieu , & penfe au jugement futur, ne
peut garder une inimitié, & prononcer des malédictions
contre ceux qui l’ont offenfé. J’avois
donc tellement ôté de mon efprit toutes ces trif-
tes peniées , que j’ai même oublié de reprendre
l ’écrit &de le fupprimer. Mais puifqu’il a été trouv
e , je déclaré que dès ma renonciation au patriarcat
j’ai dépouillé tout reifentiment & tout
L i v r e L X X X I X .
defir de vengeance , & j’ai levé ces excommunications
& toutes autres cenfures. Et de plus par
ce prefent écrit j’accorde un plein pardon à tous
ceux qui m’ont offenfé, & que j’ai frappé de quel-
que cenfure connue ou à connoître, & je veux
garder avec tous la paix & la'charité félon Dieu,
fans aucune animofité ni reifentiment contre per-
fonne. La datte étoit du mois de Septembre indiction
onzième qui venoit de commencer.
Six mois après & à la fin du mois de Mars 12,58.
mourut l’ancien patriarche Jean Veccus, la plus
grande lumière qu’eût alors l’églife Grecque. Depuis
plus de quinze ans qu’il avoir quitté le fiege
de C . P. il avoit toujours vécu en exil & en di-
verfes prifons : celle où il mourut étoit un château
nommé de faint Grégoire. Il fit un telfa-
ment, ou il dit : Plufieurs mourant en exil & en
pnfon , & n’aïant rien de quoi difpofer, ne laif-
fent pas de faire un teftament pour fe juftifier
des crimes dont on les accufe. Je fais le mien
au contraire, pour confefTer le crime pour lequel
je fuis perfecuté , qui eft de foutenir que
le faint Efprit procédé du Pere par le Fils. Il s’étend
enfuite fur la preuve de ce dogme, & ajoute
a la fin : Je n ai a difpofer ni d’argent, ni d’he-
ritages, on m’a tout ôté avec mon fiege: mais le
peu qui me refte dans ma pauvreté, je le laiiTe
à partager à ceux qui font demeurez avec moi dans
ma prifon, dont l’un me tient lieu de fils , l’autre
dedomeftique. Il fut enterré fans ceremonie au
lieu même où il étoit logé ; & Con'ftantin Me-
A N. 1257;
Lvit:
Mort de Jeare
Ycccua.
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fo jf. 710t. p . f i ? .
Su p. I. LXXXVII.'
n. 66.,
Allât, eenf.p.^6^
& Gr. 9rthod. to<
I ./ .37J.
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