
4i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
curieufement les peres & voulant pénétrer la
nature divine au-deflus de la portée de 1’efprir
humain. On le cita au concile , où l’on avoit
même appellé le peuple à grand bruit par le fon
des cloches pour l’exciter à fedition , en lui fai-
fant comprendre qu’on l’avoit jetté dans l’impieté.
Veccus aïant été cité plufieurs fois pour
rendre compte au concile de fes écrits, ne pou-
voit fe refoudre à s’y prefenter , craignant la fu reur
du peuple : mais le grand logothete retint
leur emportement, leur faifant entendre que fi
Veccus étoit infulté , l’empereur s’en tiendroit
offenfé lui-même : puis il fit fçavoir à Veccus
qu’il pouvoir aller au concile en toute sûreté. Il
s y rendit donc : on le fit aifeoir à la derniers
place &c on l’obligea àfedeffendre. Lui qui voïoic
bien que fa deffenfe ne feroit jamais plus mal
receuë qu’alors ; répondit : J’ai écrit dans le tems
ou il étoit à propos de le faire , & j’avoiie qu’il
ne conviendroir pas d’écrire à prefent , puifquc
le temps eft changé. J’écrivis alors parce qu’il étoit
neceifaire & que perfonne ne l’entreprenoit. De
revenir maintenant aux chofes paifées,, c’eftpour
vous une recherche hors de faifon , Si c’eften vain
que je voudrois me juftifier. La feule chofe que
vous devés déclarer , c’eft s’il-e ft jufte qu’un
homme que vous avés appellé à l’épifcopat, fans
qu’il le demandât, ni même qu’il -y penfât, 8c
qui eft à prefent fans églife , parce que vous l’en
avés ôté & r.ippelié le pafteur légitimé : s’il eft
jufte au moins qu’il garde le rang qu’il a aoûts
L i v r e L X X X V I I I .
'par vôtre fuffrage. Ces paroles de Veccus les piquèrent
au v i f , &c quelques uns difoient : Et d’où
feras-tu évêque ènprefence de l’évêque légitimé ,
toi qui dois expofer ta confeifion de foi & montrer
ii tues orthodoxe ? Après avoir ainfi rejette
avec aigreur fa propofition , ils s’adoucirent &
menèrent Veccus au patriarche Jofeph , auquel
ils l’obligerent de faire quelque fatisfaélion : puis
aïant dreffé une confeifion de fo i, ils la lui firent
fouferire & même fa démiifion du patriacat,
enfuite ils le renvoïerent avec honnêteté. Mais
le patriarche Jofeph l’aïant appris depuis, jugea
qu’ils avoient eu tort de forcer un prélat catholique
à donner fa demilfion, & qu’elle n’étoit pas
canonique.Peu de temps après les fchifmatiques,
qui agiifoient au nom de Jofeph , perfuaderent à
l ’empereur d’envoïer Veccus.en éxil à Prufe en
Bithynie , ce qu’il fit après lui avoir affigné une
penfion fuffifante.
Cependant les partifans du patriarche Arfene
voulurent profiter du temps & de l’indulgence de M o u v cM n s fo
I» • i / - i • Arfenites. Iempereur, qui voulant reunir tous les partis M
leur donnoit une entiere liberté. Ils fortirent
donc de leurs cachettes, aïant à leur tefte An-
dronic ancien métropolitain de Sardis ; & courant
de côté & d’autre ils excitoient le peuple
contre Jofeph, qu’ils difoient être encore char- Sup. i .,
gé de l’excommunication prononcée contre lui 54'
par Arfene ; & non-feulement évitoient fa communion
, comme criminelle , mais en détournoient
les autres : enforte que leur parti petit
F f f iij
A n . 1183,
i
Vîl.