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140 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ne peut le féparer’de la propriété. Et à qui donc
appartient l’argent que vous demandez 5c que vous
amaiTez de tous cotez, fi vous n’avez rien en commun?
S. Bonaventure répond : C ’eft au pape 51 à
l ’églife Romaine qu'appartient en propriété tout
ce qu’on nous donne , nous n’en avons que le
fimple ufage. Nous fommes à l’égard du pape ce
que font, fuivant le droit Romainl es enfans de
famille qui ne peuvent rien recevoir, dont la propriété
ne paiTe auifi-tôt à leur pere. C ’eft comme
ce qu’on donne à un moine particulier : quelle
que foit l’intention de celui qui donne, la propriété
de la chofe donnée pafle à-la communauté, &C
la difpofition à l’abbé. D’*ailleurs fuivant les réglés
du d ro it, perfonne ne peut rien acquérir
fans en avoir l’intention : Or les freres Mineurs
n’ont aucune intention d’acquerir, leur volonté
eft toute contraire : ainfi quoiqu’ils touchentcor-
porellement ce qu’ils reçoivent, ils,n’en acquièrent
ni la propriété ni la poiTeifion. Ce qui eft
confirmé par l’autorité du pape, fuperieure à toutes
les loix humaines. JelaifTe aux jurifconfultes à
juger, fi celui qui prend à deux mains ce qu’on
lui donne , n’a pas, quoiqu’il puiife dire , intention
de l’acquerir.
Saint Bonaventure continué: Quant à l’argent
que l’on donne aux freres Mineurs pour leur fub-
fiftance, il eft indubitable qu’il n’appartient point
a leur communauté , puifque la réglé leur défend
de recevoir de l’argent par eux ni par une
perfonne interpofée. Celui donc qui emploie cet
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argenta leur profit, ne le fait pas en leur nom ,
mais au nom 5c comme procureur de celui qui le
donne, auquel il appartient toujours jufqu’à ce
qu’il foit employé. Ce qu’il appuie encore par l'autorité
du droit civil. O r , ajoûte-t-il , S. François
nous a particulièrement défendu la poiTeifion de
l’argent, parce que de tous les biens c’eft le plus
capable de tenter, d’engager ôc de diftraire, même
les parfaits. Vers la fin de cet ouvrage , il dit
qu’il y a plus de foixante ans que les freres Mineurs
vivent d’aumônes en grande multitude : ce
qui marque cette année 12.69. ou la fuivante; car
la premiereapprobationde la regleeftdel’an tzio.
Enfin il convient qu’il feroit d’une plus haute per-
fedrion de travailler des mains, en prechanr comme
S. Paul, pour le nourrir, & faire encore l’aumône:
mais, d it-il, la foibleffe des corps & la pe-
ianteur des efprits des hommes de notre tems, ne
le comporte pas.
Saint Bonaventure compofa plufieurs autres
écrits pour la défenfe de fon ordre, & pour l’explication
de la réglé de faint François ; 61 en
général il a laiiTé un très grand nombre d’ouvrages
, de traitez de philofophie , 5c de théologie
, des commentaires fur l’écriture, des fermons
, des traitez de pieté. C ’eft en ces derniers
qu’il a le plus excellé; Si entre les doéteurs
de fon tems, il eft regardé comme le plus grand
maître de la vie fpirituelle, le plus aflcétif , &
le plus rempli d’onébion. Or entre fes ouvrages
f . 444. E ,
Sup.liv, LXXTI w
n, 54»
p. 44 6. K
fin.
Oeuvres <fc
faint Bonaventure.
Vading, feript»
ord. Min• p* 6 z.
66,