
A n . 12.85?.
vu r.
Athanafc patriarche
de C .P .
Gregor. lib. VI.
Hachym. c. 14.
530 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
l’avoit fait connoître à l’empereur , qui en avoiti
conçu une haute eitime. Gennade refufa le fiege
patriarcal , quoiqu’on le prefsâc fortement de
l ’acc.epter ; & entre les deux autres, Athanafc fut
préféré. Il s’en défendit auffi d’abord, mais enfin
il parut ceder à. la violence que lui faiCoit l’empereur
& le concile.
C ’étoit un homme d’une grande vertu , mais
fans littérature & fans ufagê de la vie civile , exercé
dès l’enfance aux travaux de la vie monaftique,,
a l’abftineace, aux veilles , à coucher à terre ,
propre à vivre en folitude fur les montagnes &
dans les cavernes. Auffi dès fon entrée au patriar-
char il parut bien différent de fes prédeceifeurs.
Il alloit à pied dans les rues, portoit un habit rude
& des fandales groffieres faites de fa main , &
vivoic dans une extrême fimplicité; mais comme
il étoit dur envers lui-même , auffi manquoit-il
d.’humanité & de condefcendance envers les autres.
On avança contre lui ces reproches quand
l ’empereur délibéra fur fon éleélion ; & on allégua
pour preuve de fa cruauté qu’il avoit fait crever
les yeux à un âne pour avoir mangé les herbes
du jardin des moines. D ’autres au contraire
lui attribuaient des miracles, & difoient qu’un
jour aïant amaffié des herbes il en chargea un loup
qu’il rencontrai, & lui commanda de les porter
au monaftere. Mais on fçut depuis que c’étoit un
homme nommé Loup. Toutefois l’empereur
aïant balancé le bien & le mal que l’on difoit d’A~
thanafe , jugea que le bien l’emportoit, & fe dé-
•¡termina à le faire patriarche.
Il le déclara publiquement dans le grand palais
le quatorzième jour d’Octobre 12.85». & de la
Athanafe paifa à pied à fainte Sophie où peu après
il reçut l’ordination. En cette ceremoniearrivèrent
quelques légers accidens, que les Grecs fuperfti-
tieux prirent pour des prodiges & des prefages
qu’Athanafe feroit chaiïé du fiege patriarcal corn-
me fes prédeçeiFeurs. On remarc^ua entr autres,
que lorfqu’on lui mit l’évangile fur le cou fuivant
la coutume , les paroles qui fe trouvèrent à l’ouverture
du livre étoient des malédictions j aïant
tourné quelques feuillets, on ne rencontra pas
mieux. Il attira bien-tôt auprès de lui des moines
de dehors, qui parurent d’une rigueur exceffive
aux moines de G. P. qu’ils accufoient de relâchement
: comme de ne pas obferver les deux jeunes de
■la femaine, faifant deux repas, ufant de v in , d’huile
, & de ragoûts ; en un mot fe nourriflant comme
les féculiers : quelques - uns même aïant de l’argent.
Les compagnons du patriarche recherchoient
fi curieurieufement toutes ces fautes , & les punif-
•foient fi feverement, que les plus réguliers ne fe
croïoient pas en sûreté. Le patriarche Grégoire de
Chipre mourut peu de temps après d’une longue
maladie ; &,comme quelques-uns difoient,du chagrin
de fe voir méprifé , & l’empereur défendit
qu’il fût enterré comme évêque.
Jean de Grelli avoit été envoie au pape avec
quelques autres par Henri roi de Chipre & de Je-
tnfalem, pour demander du fecours-après la per-
X X x ij
A N . 1 1 8 5 .
C. IJ,
c. 16.
C. IJ.
IX .
Le pape veut fc-
courir la terre-
fainte.
Sup. L LXXXYIII.
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