
106 H I STOTRE E C C t E S I ASTI QJJê;
. — par [es ruësde la ville où'il fe rencontroit, mar-
AN.Ü67. c^int fur les pierres & la bouë : il entroit dans les
églifes 8c y prioit, fuivi d’un aumônier qui don*
noit largement à tous les pauvres, Il revenoit à
fou logis très-fatigué, & un peu après il entendoit
le fermon de la paillon. Enfuueil affiftoit à l’office
qu’ il faifoit celebrer folemnellement, 8c quand (&
venoit à l’adoration de la croix, il fe levoit de fa
place nue tête & nuds pieds pauvrement vêtu , 86
venoit de loin à genouxïuivi de fes cnfans, avec des
marques d’une telle humilité , que lesafliftans en
étoient touchez jufqu’aux larmes. Le fer vice fini, il
fe mettoit à table, 8c faifoit fon petit repas de pain
8c d’eau. C’eft ainfi qu’il pafloit ce faine jour.
;joim.t.6. Il lavoit les pieds aux pauvres le jeudi laint , 8C
exhortoit les autres à le faire , comme le Sire de
Joinville le témoigne de lui-même. Mais de plus
le faint roi lavoit les pieds à trois pauvres vieillards
tous lesfamedis, puis il leur donnoit de l’argent 8c
Dact.f- 447. leur fervoit lui-même à manger. Si fon peu de fanté
ncluipermettoitpasdes’en acquitter, il le faifoir
faire par fon confeifeur en prefence de l’aumônier.
^es aumônes étoienc immenfes : tous les jours
quelque part qu’il fû t , plus de fîx vingt pauvres
étoient nourris chez lu i, de pain , de vin 8c de
viande. On en augmentoic le nombre en carême
, en avent 8c aux autres jours de dévotion»
Le roi les fervoit fouvent de fa main , 8c à quelques
vigiles folemnelles il en fervoit ainii deux
cens avant que de manger. Tous les jours ¿dîner
8c a fauper il faifoit manger près de lui trois pan-
L ï v r b L X X X V . 107
Vfes vieillards, 8c leur en voyoit des mets de fa ta- ^ ' 1
ble. il donnoit abondamment aux pauvres mai- p ®T*
fous religieufes d’hommes 8c de filles, 8c aux hôpitaux.
Tous les ans au commencement de l’hiver,
il envoyoit une certaine fomme aux Cordeliers 8c
aux Jacobins de Paris, 8c difoit : O que cette aumône
eilbien employéeà tantde freres, qui viennent
de tout leurcoeuràces convents pour étudier
les faintes lettres, 8c répandre enfuite ce qu’ils ont
appris par tout le monde pour la gloire de Dieu 8c
le falut des ames.
Il fonda grand nombre de monafteres, comme
Roïaumont de l’ordre de Cifteaux, plufieurs mai-
fons de Jacobins 8c de Cordeliers en divers lieux Dwi. f. 471»
du royaume. Il augmenta les revenus de l’Hôtel-
Dieu de Paris , 8c fonda ceux de Pontoife , de
Compiegne 8c de Vernon. Il fonda les Quinze-
vingt de Paris, où il aifembla plus de trois cens
cinquante aveugles : il retira aux filles-Dieu plu-
fieurs femmes perdues, ou en danger de fe perdre.
Or fachant que quelques perfonnes de fa maifon
murmuroient de la profufion de fes aumônes, il
leur difoit : Puifqu’il faut quelquefois faire trop
de dépenfe, j ’aime mieux la faire pour Dieu que
pour le monde 8c la vanité ; 8c récompenfer les
dépenfes exceffives qu’on ne peut éviter pour les
chofes temporelles. Il ne laifToit pas d’être magnifique
, foit dans l’état ordinaire de fa maifon,
foit dans les occafions extraordinaires des cours
royales, des parlemens 8c des autres affemblées :
enforte qu’il écoic fervi avec plus d’abondance 8c
O |