
571 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j l î e .
parler de la more , a 1 occafion de Napoléon qui
A N . 12.5-4. avok été obligé de s'abfcntcr, parce qu’il avoir
perdu fon frere tue dune chute de cheval. Cet
accident fit faire aux cardinaux de férieufes réflexions
, & Jean Boccamace évêque de Tufcu-
lum dit : Pourquoi donc différons nous fi longtemps
de donner un chef à f églife î Pourquoi cette
divifion entre nous 2 Le cardinal Latin ajouta r
il a ete revele a un faint homme que fi nous ne
nous preifons d’élire un pape,la colere de Dieu
éclatera avant quatre mois, c’eft-à-dire à la Touf-
fairîts. Benoît Caïetan dit en fourianc : N ’e itce
point frere Pierre de Mouron qui cette révélation
a été faite ? Latin répondit : c’efl: lui-mê-
}■ 4se- me. Il me la é crit, & qu’étant la nuic en priere
devant 1 autel , il avoit reçu ordre de Dieu de
nous en avertir. Alors les cardinaux commencèrent
a s entretenir de ce qu’ils fçavoient du
faint homme : l’un relevoit l’aufterité de fa vie ,
l ’autre fes vertus, l’autre fes miracles : quelqu’un
propofa de le faire pape, & onraifonna fur cette
propofition.
Le cardinal Latin voïant les eiprits bien dif-
pofez s’avança & donna le premier fa voix à Piepc.
re de Mouron pour être pape : puis il demanda les
fuffr3ges, & fîx autres le fuivirent. Jacques &
Pierre Colonne differerent de fe déclarer jufques
à ce que l’on eut appris l’intention de Pierre cardinal
prêtre du titre de faint Marc, quiétoit à fon
logis malade de la goutte. On envoia à Napoi-
leon>qui vint & approuva les avis des autres t
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Enfin tous les fuffrages des onze cardinaux con- ------
coururent, même,celui du cardinal de faint Marc A n ,
abfent , & tous fondans en larmes, fe fentirent
comme infpirez d’élire Pierre de Mouron. Mais non. p.
pour procéder plus régulièrement, ils donnèrent
pouvoir au doïen Latin évêque d’Oftie d’élire
Pierre au nom de tous : ce qu’il fit aufli-tôr, &
les autres ratifièrent l’éledtion. C ’eft ce que porte
l’aéte public qui en fut dreifé à Peroufe le lundi
cinquième Juillet 1154. enfuite ils écrivirent
une lettre à Pierre, pour lui notifier l’éleéfion, &
le fupplier de l’accepter , & la lui envoïerent avec t-4*7-
le décret, par Beraud de Gout archevêque de Lion,
Léonard Mancini évêque d’Orviette ôc Pandulfe
évêque de Patti en Sicile, avec deux notaires du
faint fiege. Oh auroit dû envoïer des cardinaux,
mais la divifion recommençant entr’eux, ils ne jlLr*.
purent s’accorder fur ce point.
Les cinq députez arrivèrent à la ville de Sul-
mone ; près de laquelle étoit Mourron fur une
montagne haute & efearpée, & c’étoit-là que de-
meuroit le papèélû, dans une petite cellule comme
un reclus. Ils lui firent demander audience par sup.i.
l’abbé du faint Efprit de Magelle chef de fon nou-
vel ordre , & le lendemain ils montèrent la mon tagne
par un chemin très-rude où ils fondoient en
fueur , & à peine pouvoient palier deux de front.
Le cardinal Pierre Colonne fe joignit à eux de
fon propre mouvement. Enfin ils arrivèrent à la,
cellule du faint reclus , qui ne parloit que par
une fenêtre grillée. Ce fut ainfi qu’il leur donna
C c c c ni