
Seß. x x iv . Ref,
4. 8.
XII.
Cioifades du
Nord.
Hiß. /. LXXIV. ».
i^LXXYI l .n , I $ ,
i , t . f io . ct. 8.
in corp.fup. n. i.#
Hifi.l l x x v i .n ,
3°*
lind,-
Hiß. I, X L iY . n•
4J.
ifoW.
18 Sixième Difcours
à mettre p o u r , ainfi d ire , les pechezau rabais, & à juftifier plufieur^'
a l lio n s , que les anciens moins fubtils mais plus finceres jugeoient
criminelles.
L ’ancienne difcipline à force d’être négligée & horfc d ’ufage eit-
tombée dans l’oubli : en forte qu’on n’o fe plus parler de la rétablir. •
S. Charles étoit néanmoins bon ca th o liq u e , & dans fes in ftru âion s
pour les confeifeurs il a mis un extrait des anciens canons pour les
guider dans l ’impofïtion des penitences, & faire qu’autant qu’il fe
peut elles foient proportionnées aux pechez. Enfin le concile de
T ren te a ordonné de mettre en penitence publique pour les pechez'
icandaleux ; permettant feulement aux évêques d’en d ilpenier quand
ils jugeront à propos.
J ’ai marqué en paflanf qil*un des objets des Groifades fut la con -
veriion des Païens de L ivon ie , de P rufle & des autres païs du N o r t ;
ce qui m érité des réflexions particulières. C e s coriverfions commencèrent
par le zele de quelques moines de C îte au x , & furent continuées
par des freres prêcheurs ; & jufques-là rien »’étoit plus confo
rme à l ”efprit de l'évangile. Mais comme ces peuples étoient
tres-farouches, ceux qui demeuroient Païens , & qui étoient le
plus grand nombre infitltoient fouvent les nouveaux^ Chrétiens ,>
qui fe défendoient à main armée ,u fa n t du droit naturel de repoui-
fer la fo rce par la force ; & im p lo ro ien tie feeeursdes Allemans,*
des P olonois & des autres anciens Chrétiens du voifinage. T o u t cela ■
étoit encore dan s les bornes d e là juftice fuivant la do&rine de faint
T homa s que j’ai déjà rapportée. C e tte caufe de guerre parut fi légitimé
, que pour la mieux foûtenir on inftitua les ordres militaires'
de chevaliers de Ch rift & des freres de lep é e , réunis depuis aux'
chevaliers T eu ton iq u e s: les papes étendirent la Croifade à cette
guerre de r e l ig io n ,& y attribuèrent la même indulgence qu’au fè -
coursde k t e r r e fainte.
Mais ces C ro ife z ne demeurèrent pas long-tems fur la fimple
d é fen fiv e , ils attaquoient fouvent les Infidèles ; & quand ils avoient
l ’avantage, 1a première condition de la paix éto it qu’ils recevroient
des prêtres pour l*es inftruire, fe feroient baptifer & bâtiroient des
églifes : après quoi s’ils rompoient la p a ix , comme il arrivoit fouv
en t , on les traitoit de rebelles & d’apoftats; & comme tels on
croyo it être en droit de les contraindre par la force à tenir ce qu’ils
avoient une fois promis : en quoi on fuivoit encore la d o â r in e 'd e
S . T h om a s .T e lle étoit en ces grandes p rovinces la p ropagation de la
f o i ;& il faut avouer qu'elle n’étoit pas nouvelle , dès le tems de
Charlemagneil étoit entré de la contrainte dans la converfion des
Saxons, & pendant leurs révoltés fi fréquentes le moyen le plus ordinaire
d’obtenir le pardon étoit de recevo ir le baptême.
T o u te fo is S. T h oma s établit fort bien après toute l ’antiquité
q u ’on ne doit pas contraindre les Infidèles à embrafler la f o i , &
fur fHifioire Ecdejtaftiqueï t f
.flii’en co fê q u ’on les eût vaincus en guerre & faits prisonniers, on
.doit les laiiTer libres fur ce point. O r je cite volontiers ici ce faint
doéfceur, parce que nous n’avons de meilleur témoin de la doétrine
de fon tem s . Il dit donc., fuivant iaintAuguftin qu’il c ite , que per-
ion n en ep eu t croire fansle vouloir & quaon ne contraint point la
v o lon té : d’où il s’enfuit que la profefiion extérieure du Chriitianif-
me n e fe r td e rien , fansla perfuafion intérieure. C a r Jefus-Chrifl:'
a.dit : A lle z inftruiiez & baptiiez ; & : Qui croira & fera baptifé fera
fauvé. Et faint Paul : O n croit de coeur pour être ju flifié , & on con-
;feffe de bouche pour être fauvé. I ln ’eftdon c permis de baptifer des
adultes., qu’après le s avoir fuftïfamentinftruits, & s’être aflûré autant
qu’on le peut humainement d e le u r c o n v iâ io n quant à la doctrine.,
& de leur converfion quant aux moeurs; & de-là veno it cette
fainte difcipline de l’antiquité, de préparer au baptême par tant
d’inftruéfcions & de fi longues épreuves.
O r comment pouvoit-on inftruire ou éprouver des L iv o n ien s ,
des P ruflîens, des Curlandois q u i le lendemain d’une bataille perdue
venoient demander le baptême pour éviter la mort ou l’efclavage?
Auifi dès qu’ils p auvoient fecoüer le joug des vainqueurs,ils retournoient
à leur vie ordinaire .& à leurs anciennes fuperftitions : ilschai-
foient ou tuoient les prêtres & abattoientles églifes. Vous en avez
v u pluileurs exemples. D e tels hommes font peu touchez des pro-
mefles & des fermens, dont ils ne comprennent, ni la force ni les
confequences : c ’eft 1*objet prefent qui les frape. Peut-être eft-ce la
<caufe de la facilite avec laquelle ces peuples le fon tla ifle z entraîner
dansles dernieresherefies : la religion n’avoit jamais eu chez eux de
fondemens aflez folides. Je joins à cet exemple un plus re c en t, celu
i des Morifques d'Efpagne.
Pour revenir aux Croilàdes de ces païs du N o r t , je crains que
fin te r ê t temporel n’y eût autant ou plus de part que le zele de la
religion. C a r les papes donnèrent aux chevaliers Teutoniques le
.domaine & la fouveraineté de toutes les terres qu’ils pourroient
conquérir fur les infidèles. Je n’examine point ici quel droit y
avoit le pape , ni quel befoin avoient les chevaliers qu’il autorifât
leurs conqueftes: j’o bferve feulement la fait; & je dis qu’il eft à
craindre que ces chevaliers ne cherchaflent plus l ’accroiflement de
leur domination que la propagation de la foi. Je croi bien que les
religieux qui prêchoient la Croifade & inftruifoient les néophytes,
a voient une intention droite & un zele iincere: mais je voi de grandes
plaintes contre les chevaliers, de ce qu’ ils reduifoient les nouveaux
Chrétiens à une efpece de fe rv itu d e , & par là détournoient
les autres d’embraifer la foi : en forte que leurs armes nuifoient à
k r e l ig io n , pour laquelle ils les avoient. prifes. V o y e z entre-autres
le règlement du légat Jacques Pantaleon en 1 249. Enfin de ces conquêtes
fur les Païens, font venus les duchez de Prufle & de Curlande.
c ij
Matth. xxv 11 r»
19'
Marc x v i . 16 ,
Rem X. io .
X I I I .
Avantages cerr*
p oids des Croi
iadcs.
LÌV, LXXX I .» .i
biß- /.- ü LMxxin
». 5,