
A N . 1 1 ,9 0 .
X I
Miracle du Juif
des Billcccejs.
Leblanc Mon. p.
4°J*
Duhreuil. Antiq.
/>* 977«
Dubois hiß. p .]ij.
L&bbe bibl. to» i,
8 w
53«? H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mefarivoit, on pourroit lui en imputer la faute.
C ’eft que les gens fenfez voïoient bien que la perte
de cette terre étoit inévitable.
Cette année arriva à Paris un miracle célébré
fur l'euchariftie. Une pauvre femme avoit emprunté
trente fols à un J u if , & lui avoit donne
en gage fa meilleure robe. Les trente fols valoient
la moitié d’un marc d’argent. La fête de Pâque
approchant, la femme vint trouver le Juif & le pria
de lui rendre fon habit pour ce feul jour, qui cette
année étoit le fécond d’Avril. Le Juif lui dit :
Si tu m’apporte ce pain que tu recevras à le g life ,
& que vous autres Chrétiens appeliez votre Dieu,
je te rendrai ta robe pour toujours & fans argenr.
La femme en convint : & aïant reçu la communion
à faint Méri fa paroifle , elle garda la fainte
hoirie & la porta au Juif. Il la mit fur un coffre
& la perça à coups de canif ; mais il fut bien étonné
d’en voir fortir du fang. Il y enfonça un clou
4 coups de marteau, & elle faigna encore. Il la
jetta dans le feu, d’oùellc fortitentiere voltigeant
par la chambre : enfin il la jetta dans une chaudière
d’eau bouillante , qui parut teinte de fang ,
& l'hoftie s’élevant au-delfus, la femme du J u if,
qu’il avoit appellée, vit à la place J. C . en croix, p
La maifon où ceci fe paiïbit étoit dans la ruë
nommée alors des Jardins, à prefent des Billet-
tes, à caufe , comme l’on croit, de l’enfeigne du
Juif. Un de fes enfans étoit à la porte quand
on fonna la grande meffe à fainte Croix de
fix gretonnerie qui eft tout ptoche ; & voïant
L i v r e L X X X I X . 537
pafler quantité de gens, il leur demanda où ils -------------- jÛ
alloient. Nous allons dirent-ils à leglife adorer ^ N‘ I2,?°*
notre Dieu j Vous perdez votre peine, dit l’enfant,
mon pere vient de le tuer. Les autres mépriferent
le difeours de l’enfant, mais une femme plus cu-
rieufe entra dans la maifon du Juif, fous prétexte
de prendre du feu. Elle trouva l’Hoirie encore
en l’air, la reçût dans un petit vaiifeau qu’elle
portoit & la remit au curé de faint Jean en Grève,
qui eft la paroiiTe de cette ruë. Elle lui raconta ce
qui s’étoit pafle ; & il en rendit compte à Simon
de Büfli évêque de Paris, qui fit prendre le Juif
& toute fa famille. Le coupable interrogé com-
feifa tout ; & l’évêque Taxant exhorté à fe repentir
& renoncer au Judaifme , il demeura obftiné.
C ’eft pourquoi il fut livré au prévôt de Paris, qui
le condamna au feu & le fit executer.
La femme & les enfans du Juif fe convertirent
& reçûrent le baptême &c la confirmation de la
mafia de l’évêque. L’Hoirie miraculeufe fut gardée
à faint Jean en Grève, où on la montre encore :
& le peuple nomma la maifon du Ju if, la maifon
des miracles : où quatre ans après Renier Flaming
bourgeois de Paris fit bâtir à fes dépens une chapelle,
donnée enfuite aux freres hofpitaliers de là
charité Notre-Dame. Ce miracle fut connu dans
les païs étrangers, & Jean Villani auteur du temps uî. ¡¡t.
le rapporte dans fon hiftoire de Florence.
Renoul deHomblieres évêque deParis étoit mort -Duiou. to. x.
dès le douzième de Novembre 12.S8. Entr’autres P' 5U-
liberalitez qu’il fit à fon églife, il lui laiifa trois
Tome X V 1 1 1 . Y y y