
E è jf H i s t o i r e E c c i .es i a s t i q jcj e .
~T~ en fureté à l’égard de fes Îujets. Loüis le defiroit
ardemment, 8c difoit quelquefois O fi je pou-
vois me voir parrain d’un tel filleul; 8c dans cette
efperancc il voulut aller au bas Languedoc,comme
pour vifiter fes terres; afin que fi Dieu infpi-
roit au roi de Tunis de recevoir le baptême , il fe
trouvât plus proche pour favorifer cette bonne
oeuvre. Le jour de faint Denis neuvième d’O d o -
bre 11Î9. le roi fit baptifer folemnellement dans
l’églife même du Saint, un Juif fameux , dont il
fut le parrain. Le roi de Tunis lui avoit encore envoyé
des ambaifadeurs : il voulut qu’ils affiftaffent
à cette ceremonie , 8c il leur dit dans l’ardeur de
fon zele : Dites de ma part au roi votre maître|
que je voudrois, tant je deiire lefalutdefoname,
paifer le refte de mes jours en prifon chez les Sarrafins,
fans jamais voir la lumière du foleil, pourvu
que lui 8c fon peuple fe fiifent Chrétiens de bonne
foi.
Les cardinaux qui gouvernoient pendant la
vacance du faint fiege , ayant oüi les deux freres-
Mineurs que faint Loüis leur avoit envoyez 2
touchant l’affaire des Grecs , lui firent réponfe
par une lettre datée de Viterbe le quinzième de
?*.*.*. Mai 1170. où ils lui difent , qu’ils ont renvoyé
¡’exécution de cette affaire au cardinal évêque
d’Albane légat en France ; 8c avertiffent le roi de
fe défier des artifices des Grecs,, qui ont fait fou-
vent de pareilles propofitiens , feulement pour
gagner du tems. Le même jour les cardinaux
• 4. écrivirent au léga t, lui donnant pouvoir de re-
L i v r e L X X X VI . 147
prendre avec Paleologue la négociation cbmmen-
cée par les deux derniers papes Urbain 8c Cle-
.ment, fans s’écarter des conditions qu’ils avoient
preferites aux Grecs. Ce légat étoit Raoul de
Chcvrieres auparavant évêque d’Evreux , à qui le
pape Clement avoit donné la croix de fa main ,
Ôc i’avoit déclaré légat pour la croifade : mais de
peur qu’on ne prétendît que la mort du pape eût
annullé facommiffion, les cardinaux la lui confirmèrent
, 8c en effet il accompagna faint Loüis dans
le voyage.
Avant que d ^ partir le faint roi afîlftaaux funérailles
d’ifabelle de France fa foeur unique ,
digne d’un tel frere. Elle réfolut dès fa jeuneffe
de fe confaerer à Dieu , 8c refafa le mariage
avec Conrad fils de l’empereur Frideric 11. qui
lui fut propofé 8c confeiüé par le roi fon frere ,
8c même par le pape Innocent IV. Elle donnoic
la plus grande partie de fon tems à la priere 8c
à la leéture de l’écriture fa in te , qu’elle lifoit en
latin ; car elle l’entendoit fi bien , que fouvent
elle corrigeoit les lettres que fes chapelains avoient
écrites en ion nom , fuivant l’ufage du temps.
Elle jeûnoit fouven t, 8c en général prenoit fi peu
de nourriture, que l’on admiroit qu’elle en pût
vivre. Elle fe confeffoic tous les jours , prenoit
fouvent de rudes difeiplines , 8c gardoit un
grand filence. Elle nourriffoit quantité de pauvres
8c les fervoit de fes mains : fes aumônes étoient
immenfes.
Ayant refolu de faire une fondation, elle dou-
T ij
An. 12.70.'
Rain. 1169, n .jt
V .
La B. Ifabelle
de France,
Vie par Agnes•
p. 170. .
V . Chafielain,
not» martyr* p*
71 4».
p. 17U