
4 1 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ?
d'abord augiiientoit de jour,en jour. L’empereur
lie leur fut pas favorable tant que Jofeph-vécut,
parce qu’on lui fit entendre qu’il n’y avoit point
de réünion à efperer, 6c qu’ils ne jugeoient pas ce
prélat digne feulement d’être compté pour Chrétien.
On ajoûtoit que ce fchifme étoit dangereux
même pour l’état, ce qui' ne donnoit pas peu d’in-
quictudc à l’empereur.
Au commencement du mois de Mars 1183.’
le patriarche Jofeph mourut coufumé de vieilleife
6c de maladie , &c fut enterré au monaftere de
faint Bafile à C . P. L’empereur Andronicen étant
délivré, s’appliqua plus fortement à la réünion des
Arfenites ; ôc leur dqnnant libre accès auprès de
lui , il s’efforçoit de les perfuader par toutes fortes
de raifons. Car il les craignoit ; 6c quoiqu’il
prit pour prétexte de fauvër la réputation de Jofeph
6c l’honneur de fa mémoire , il agiifoit au
fonds pour fon propre intereft : voïant bien
que l’on pourroit lui difputer la couronne , ii
celui dont il l’avoit receuë n’étoit pas évêque ,
mais un fimple laïque 6c même excommunié. Ce
font les paroles de Pachymere , qui montrent
que les Grecs croïoient que le couronnement de
leurs empereurs étoit plus qu’une pure cérémonie.
Les Arfenites de leur côté travailloient à guérir
les foupçons de l’empereur, & à montrer que
leur feparation étoit légitimé 6c fondée fur des
fignes de la volonté de Dieu , ce qu’ils préten-
doient prouver même par des miracles : 6c pour
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cet effet ils demandoient une églife particulière à
C . P. ou ils pulfenc faire Leurs prières : car ils difoient
que toutes avoient été profanées par ceux
qui fuivoient la communion de Jofeph. L’empereur
leur donna l’églife de tous les faints, qui étoit
belle Ôi grande, mais fermée depuis fi long-temps,
qu’il y avoit peu de perfonnes qui fe fouvinffent
d’y avoir vû faire l’office. L’aïant reçûë ils y
tinrent leurs affemhlées, faiiant foigneufement
garder les portes,de peur qu’il n’y entrât quelqu’un
de ceux qu’ils tenoient pour excommuniez ; 5c
l’empereur y envoïoit fouven t, pour montrer le
foin quîl prenoit d’eux , ce qui les encourageoit
de plus en plus.
Ils penferent donc à confirmer leur parti par
un miracle femblable à celui que l’on racontoit
de fainte Euphemië à Calcédoine. Car les Grecs
croïoient dès-lors, qu’après que le quatrième concile
général tenu dans l’églife de cette fainte , eut
condamné l’herefie d’Eutyches 6c de Diofcore,
leS peres prirent le décret du concile écrit fur un
papier , ôc aïant ouvert la chaffe ou etoit le corps
de fainte Euphemie y mit ce papier , qu’elle
étendit la main, le p r it , le baifa, 6c le rendit aux
évêques. Il eft vrai que ni les a ¿tes du concile de
Calcédoine ni aucun auteur du temps ne parle de
ce miracle,mais il étoit célébré du temps de l’empereur
Andronic , 6c les Grecs en font mention
dans leur menologe l’onziéme jour de Juillet ,
où ils difent que l’on p p dans lai chaffe les deux
confeffions.de foi , & que l’aïant ouverte quel-
A n . 1183.
v . Cang. C. P.
chr.p. 130.
Sup. I. x x y l il.
». 1.
Conjl. T ij. api
Sur. i l . Jal.
v . Baren an»
4 5 1 . » . i 2 i . 1 1 3 .
Tillem. to. 5.p.
4 09.