
AN.1270.
VIII.
ïnftruffcion <3e
S- Loiiis à Ton
fils.
Joinv J>» 1 1 6.
Obferv.p. } 98.
Vu ch. p.
ry'4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i que.
la paix, & promit, s’il vivoit, d’y concourir de
toutfon pouvoir, les priant cependant d’attendre
en repos: mais il mourut le lendemain, & les am-
baiTadeurs s’en retourneront fans rien faire.
Le roi fàint Loüisfe voyant à l’extrémité, donna
à Philippe fon fils aîné une inftruétion écrite
de là main en ces termes : Mon cher fils , la
première choie que je te recommande, c’eft d’aimer
Dieu de tout ton coeur 5 fans quoi perfonne
ne fe peut fàuver. Garde-toi de "rien faire qui
lui déplaife, c’eft - à - dire , de pecher mortellement
5 tu devrois plûtôt fouffrir toute forte de
tourmens. Si Dieu t’envoye quelque adverfité;
fouffre- la avec patience & a ¿lions de grâces 5 8c
penfê que tu l’as bien méritée, 8c qu’elle tournera
à ton avantage. S’il t’envoye de la profpe-
rité, remercie - l’en hautement; enforte que tu
n’en fois pas pire par orgueil, ou d’autre maniéré.
Car on ne doit pas tourner les dons de
Dieu contre lui. Confefle- toi fouvent, & choi-
iis des confeflêurs vertueux & fçavans, qui fça-
chent t’inftruire de ce que tu dois faire ou éviter;
& donne lieu à tes confeflêurs & à tes amis de
te reprendre & t’avertir librement. Entens dévotement
le fêrvice de l’églife, fans caufèr & regarder
çà & là : mais priant Dieu de bouche & de
coeur, particulièrement à la meflê après la con-
iècration.
Ayes le coeur doux & compatiflant, & con-
fole les pauvres félon ton pouvoir. Si tu as quelque
peine, dis-la auffi-tôt à ton confeftèur, ou à
quelque homme de bien, & tu la porteras plus fa- A n. 1270.
cilement. Prens garde de n’avoir en ta compagnie
que des gens de bien, foit religieux ou féculiers,
& leur parle fouvent. Ecoute volontiers les fermons
én public & en particulier : recherche les
prières & les indulgences. Aime tout bien & hai
tout mal en qui que ce foit. Perfonne ne foit af-
fez hardi pour dire devant toi parole qui excite
au péché, ou pour' médire d’autrui ; & ne fouffre
point que l’on blasfême en ta prefence contre
Dieu ou fes fàints, fans en faire auffi-tôt juftice.
Rends fouvent grâces à Dieu de tous les biens
qu’il t’a faits, enforte que tu fois digne d’en recevoir
encore plus. Sois roide pour la juftice;
& loyal en tes fujets, fans tourner à droit hi à ..
gauche. Soûtiens le parti du plus pauvre , 8c
fi quelqu’un a un intereft contraire au tien, fois
pour lui contre to i, jufques à ce que tu fçaehes
la vérité: car tes confeillers en feront plus hardis à
rendre juftice. Si tu retiens quelque chofê du bien
¿ ’autrui, par toi ou par tes officiers, & que le
fait foit certain, rends - le fans délai; s’il eft
douteux, fais-le édaiteir promptement & foi-
gneuiêment.
Tu dois mettre toute ton application à faire
vivre en paix & en juftice tes fujets, principalement
les religieux 8i les ecclefiaftiques. On raconte
du roi Philippe mon ayeul, qu’un de fes
confeillers lui dit un jour , que l’églife faifoit
plufieurs entreprifês fur fes droits, & diminuoit
fa jurifdidion. Le roi répondit, qu’il le croyoit