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l'on-chantoit l'office ; il ne vouloir point qu’on lui
parlât, finon pour quelque chofe de preflé & en
peu de mots. Tous les jours après Ton fouper , il
faifoit chanter folemnellement compiles dans fa
chapelle, & à la fin l’antienne particulière de la
Vierge; puis il fe retiroit à fa chambre, où un prêtre
venoit faire l’afperfion de l’eau benite tout- autour,
particulièrement fur le lit. Ayant vû chez
quelques religieux,qu’à la meife à ces paroles du
Credo, Et homofaflus ejl, le choeur s’inclinoit profondément;
cet ufage lui plut tellement, qu’il
l’introduifit dans fa chapelle & dans plufieurs autres
églifes, avec la genufiexion au lieu de la fimple
inclination. Il imita de même ce qui iepratiquoic
en quelques monafteres , à la le&ure des ¡quatre
pallions pendant la femaine fainte, de fe' profter-
ner & demeurer quelque tems enpriere, lorfqu’on
dit que J. C. expira; &c de là nous viennent ces
deux pieufes coutumes. Il rappella l'ufage de bénir
les images des Saints, avant que de les expo-
fer à la vénération publique.
Son abftinence étoit grande. Toute l’année il
jeûnoit le vendredi ; & ne mangeoit point de viande
le mercredi; il s’en abftint auffi le lundi pendant
quelque tems ; mais il celfa par confeil à caufe de la
foibleffe de fon corps. Les vendredis de carême
8c de l’avent, il ne mangeoit ni fruit, ni poiffon.
Il mettoit beaucoup d’eau dans fon vin. Il jeûnoit
au pain & à l’eau le vendredi - iaint 5e les
veilles des quatre principales fêtes de la Vierge, 8e
quelques autres jours de l’année, Il fé confeifoit
tous
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tous les vendredis dans un lieu très-fecret, difpofç
exprès en chacune de fes maifons. Quand il étoit
affis pour fe confeffer fuivant l’ufage du tems, s'il /• ^
vouloir qu’une porte ou une fenetre fut fermee ,
il fe levoit promptement 8e la fermoir, pour en
épargner la peine à fon confeifeur , difant ; Vous
&es le pere, 8c moi le fils. Après fa confeffion , il
recevoir toujours la difcipline de la main de fon
confeifeur , avec cinq chaînettes de fer attachées
au fond d’une petite bocte d’yvoire , qu il por-
toit dans une bourfe à fa ceinture ; 8e il don-
noit quelquefois de femblables boëtesa fesenfans
& .à fes amis particuliers. Il avoir deux confei-
feurs,.un de l’ordre des freres Mineurs 8e l’autre
des freres Prêcheurs, afin d’en avoir toujours un
de preft. Outre fes confeifeurs , il choifilfoit encore
quelques perfonnes qu’il prioit de lui rapporter
fidelement fans l’épargner ce qu’ils enten-
droient dire, ou qu’ils verroient en lui digne de
reprehenfion; 8c il recevoir leurs avis avec beaucoup
de douceur 8c de patience. Il portoit le cilice
les vendredis en avent 8c en carême & aux vigiles
de la Vierge; mais il le quitta enfin par leconleil
de fon confeifeur , avoiiant qu il 1 incommodoit
notablement.
Voici comme il paifoit tous les ans le vendredi
faint. Après avoir affilié aux matines commencées
à minuit, il revenoit à fa chambre , où feul
avec un chapelain il recitoit tout le pfeautier. Puis
fans fe recoucher ni dormir, il forcoit vers lelever
du foleil, nuds pieds & humblement vêtu ; il alloic
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