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de dignité qu'aucun de fes prédéceifeurs.
La ville de Milan étoit depuis quatre ans en interdit,
pour le refus de recevoir Octon Vifeonti
fon archevêque. Ce trille état faifoit grande peine
à Ñapo de la T o r ré , qui avoit la principale autorité
dans la ville : c’eft pourquoi il envoya au mois
de Mai 1167. des ambalfadeurs à R om e , prier le
{>ape de lever cette cenfure. Mais le pape Clement
oin de leur donner audience,leur fit même défendre
d’entrer à Rome. Ils allèrent trouver Charles
roi de Sicile qui les reçût favorablement, & ayant
appris le fujet de leur voyage, il les renvoya àRome
accompagnez de fes ambalfadeurs, qui obtinrent
du pape audience publique pour eux 8c pour les
Milanois. ils furent oüis en confilloire , 011 étoit
prefent l’archevêque O cton, 8c le chef de l’ambaf-
fade du roi Charles parla le premier , priant le
pape 8e les cardinaux d’écouter favorablement les
Milanois, qui avoient toûjours été dévoüez au
pape, 8c ennemis de l’empereur, & avoient donné
à l’armée du roi Charles tous les fecours neceflai-
res, quand il étoit entré en Italie pour le fervice
de l’églife.
L’ambalTadeur de Milan parla enfuite, 8c dit en
fubftance : Si nous n’étions réfolus, faint pere ,
d’obéïr à voscommandemens, 8c fi nous n’avions
u a extrême refpeèt pour la dignité du faint fiegej-
nousferions retournez chez nous, quand vous nous
avez renvoyez, 8c nousaurions cherchéàfaire des
alliances avec nos ennemis, afin de foutenir la
guerre. Entrant en. maticre il continue ainiL ^
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L’archevêque Léon ne s’appliqua pendant fon pon- ^
tificat , qu’à femer la divifion > 8c armer la nobleife '
contre le peuple. Après fa mort, le peuple qui s e-
toit mis fous la protection des Turriens, fit elire
pour archevêque, Raimond de cette famille , ef-
perant que fon éleètion réuniroit les citoyens di-
viiez ; mais il s’éleva des diiputes, 8c François Set-
tara fut élût archevêque par un parti foible. Alors
le pape Urbain votre prédéceffeur , ne voulant
approuver ni l’une ni 1 autre eleétion, élut un troi-
fiéme fujet d’entre ceux qui confpiroient depuis
long-tems pour la ruine de leur patrie,. 8c qui en
étoic banni par fes crimes- L ambaifadeur Milanois
continua fur le même ton ,, parlant avec grand
emportement contre ianobleffe, 8c en particulier
contreOcton, qu’il voulut même rendre fufpeèt
d’herefie; 8c il conclud en demandant au pape un
autre archevêque.
Otton V ifeonti parla à ion tour, mais avec plus ->•i8*--
de modération. Il releva les avantages de la no-
bleife, 8c l’ingratitude du peuple de Milan , qui
s’éroit élevé contre elle, 8c l avoit perfecute jufqu a.
la bannir du pais. Il accufa en particulier de ces
maux, Martin d e laT o r ré ,q u il traita de tyran, 8c.
dit qu’il avoit été caufe de la mort de Larcheveque.
leo n . Il releva leur defobéïflance envers le pape,,
qui l’avoit faic lui-même leur archeveque, 8c 1 in*
dignité avec laquelle ils l’avoient repoufle a. main
armée. Enfin il décrivit fi vivement leurs.cruau- ¿¿»jetez.,
que les afliftans l’interrompirent, ne pouvant
en entendre le récit êc il.rendit les Turriens i î
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