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“ • me, ious pretexte de fauver fa vie & de ceux qui
.1170. voudraient fe faire Chrétiens avec lui, en confer-
vant ion royaume. D’ailleurs on faifoit entendre
à Louis que fi le roi de Tunis ne vouloit pas fe
faire Chrétien, la ville étoit très-facile à prendre,
& par confequent tout le pays. On ajoûtoit: Elle
ell pleine d’o r , d’argent & de richeifes.infinies,
parce que depuis long-tems elle n’a point été
prife 5 &c par confequent l’armée Chrétienne en
tirera de grands avantages pour le recouvrement
de la terre fainte. C ’eft de-là que le fultan tire
quantité d hommes, de chevaux & d’armes pour
incommoder la même terre : il faut tarir la four-
ce. Mais ce qui détermina peut-ctrele plus àcet-r
te entreprife , c ’eftl’intereft du roi Charles roi de
Cuiurt.'f. ijî, Sicile, que l’on attendoit de jour en jour; carie roi
de Tunis lui devoir un tribut qu’il negligeoit de lui
payer.
J^88, L’entreprife étant réfoluc , l’armée Chrétiens
ss* ne partit du port de Caillari le mardi quinzième
de Juillet, ôc arriva lejeudifuivant au port de Tu-,
nis près les ruines de l’ancienne Carthage. La
defcente fe fit fans réfiftance , & l’armée du roi
étant campee il y eut plufieursefcarmouchesavec
les Sarrafins : pendant lefquelles vinrent au roi
deux chevaliers Catalans , qui lui dirent que le
roi de Tunis avoit fait arrêter tous les Chrétiens
qu il avoit a fa folde , difant qu’il leur .ferait à
tous couper la tete fi l’armce Chrétienne venoit
j.ufqu a Tunis. Tant ce prince étoic difpofé à ic
faire Chrétien.Cependant les maladies qui avoienc
com m en c é
L i v r e L X X X V I . l yj
commencé avant le débarquement dans l’armée
Françoile, augmentoient de jour en jour; c’étoit
principalement des fièvres aiguës & des dyièn-
teriescauféespar la mauvaife nourriture, le manque
d’eau douce, l’intemperie de l’air, la chaleur
du climat, & la iaiibn. Jean Triftan comte de
Nevers un des fils du roi, mourut le troifiéme
jour d’Aouft , Si le roi voulut qu’il fut enterré
à Royaumont, ne voulant pas qu’on le mît à
iàint Dénis, où on n’enterroit que les rois : le
légat Raoul des Chevriers mourut le jeudi fep-
fieme du même mois. Il avoit fubdélegué un fre-
re Prêcheur, mais plufieurs juriiconfultes de l’armée
doutoient qu’il l’eût pû faire. Philippe fils
aîné du roi avoit la fièvre quarte ; le roi lui-même
fut attaqué du flux de ventre, puis de la fièvre
continue.
Il étoit déjà très-mal quand il reçut des ambaf-
fàdeurs de Michel Paleologue. C’étoit deux ec-
clefiaftiques confiderables par leur dignité & par
leur mérité perionnel, Jean Veccus cartophylax
de l’églifc de C. P. & Conftantin Meliteniote archidiacre
du clergé impérial. S’étant embarquez
à la Valone, ils abordèrent à Capo Paflàro en
Sicile, où ils apprirent que le roi de France étoit
devant Tunis. Ils y palferent, le roi tout malade
qu’il étoit, leur donna audience , & ils lui
prefenterent les lettres de l’empereur , par lefquelles
il le prioit d’adoucir le roi de Sicile,
fon frere, & le détourner de faire la guerre aux
Grecs. Louis leur témoigna fon inclination pouf
Tome X V ll l, . Y
A n . 1270.
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