2 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . .
pure liberalicé la principauté de T árente, à laquelle
il n’avoit aucun droit, & luffit de plus de magnifiques
prefens. Tbutefois incontinent après il fit
tuer cruellement prefque à la vûë du pape, Burel
comte d’Anglone, fèrviteur fidele de l’églife, &
fc révoltant ouvertement contre elle, il alla trouver
les Sarrafins de Nocera ; avec lefquels ayant fait
alliance il s’empara du Royaume, fous prétexte
de la tutelle de fon neveu le fils de Conrad ; puis
ayant feint que cet enfant étoitmort,ils’eft attribué
le royaume comme fon héritage, 8c nonobftant le
défaut de là naiflance, il a pris le titre de roi ¿
à la honte de la dignité royale & de tous ceux qui
portent couronne ; fiins avoir horreur d’une telle
trahifon contre fon neveu 8c fon pupille. Enfuite il
s’eft emparé, comme il fait encore, -des églifes vacantes
du royaume ; il pille celles qui ne le font
pas 8c leurs prélats, dont il charge quelques - uns '
d’exaétions, & en retient d’autres dáns de cruelles
prifons. Il faut celebrer devant lui les divins offices
, feulement par mépris des chefs de l’églife, 8c
des excommunications prononcées contre lui par
notre prédeeefleur. Il a fait mourir cruellement
quelques barons du royaume, pour s’être attachez
au pape & à l’églife, quoique de fon confentement;
& il a banni du royaume plufieurs grands 8c d’autres
, fans épargner ni âge ni fexe.
L’églifè n’aurait pas Iaiiïe de le recevoir à bras
ouverts, s’il étoit revenu de bonne fo i, 8c nous
avons écouté fès envoyez comme avoit fait le pape
Alexandre 5 mais ils ne nous ont fait que des propofitions
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pofitions illufoires.C’eitpourquoinousnecrdions ---------
pas qu’il foit de votre dignité d’entrer dans une tel- AN.i2d2.'
le négociation, & encore moins de contraéter une
alliancefi honteufè,&devous unir fi étroitement
à un ennemi de l’églife dont Vous avez toûjours
pris la défenfè avec tant de valeur & de fuccés. La
lettre & du vingt-fixiéme Avril 1262.
Le roi fàint Loüis avoit auiïi traité du mariage
de Philippe fon fils aîné , avec Ifàbelle fille du DuTiii,t.p.iîj.
même roi d’Arragon ; & le mariage avoit été accordé
de parti & d’autre dès l’année 12J8. eh même
tems que les deux rois tranfigerent fur leurs
prétentions reciproques. Saint Loüis s’étoit mê- Sa,.;^,LXXXXV.
me avancé jufques à Clermont en Auvergne cet- site
année 1262. pour Taccomplifïèment de ce
mariage , quand il apprit celui que le roi d’Arragon
vouloit faire entre fon fils & la fille de Main-
froi. Alors le fàint roi déclara qu’il ne vouloit
point d’alliance avec qui que ce fût qui eût des
engagemens fi étroits avec un prince excommunié
8c ennemi déclaré de l’églifè. Ce que le pape
ayant appris , il en écrivit à fàint Loüis une let- *?• Rain-Ilgl-
tte pleine de loüanges 8c de remerciemens ; mais
les deux mariages ne laifTerent pas de ¿accomplir.
Saint Loüis fè contenta d’un aéfce autentique, par
lequel le roi d’Arragon déclara, qu’en mariant fon
fils avec la fille de Mainfroi, il ne prétendoit s’en- in-umUescb. 4.
gager à rien contre les intérêts de l’églife Romaine ;
8c cette déclaration fut confirmée par le témoignage
de plufieurs évêques, 8c de plufieurs fej-
gneurs.
Tome m m à p