
8 H i s t o i r e E c c l é s i a s t i q u e ;
• petits enfans : comme on le pratique mêmeàpre-
fent enplufieurs églifes. La plûpartdes paroiiTes
de cette province appartiennent à des prieurezde
moines ou d’autres réguliers, dont quelques religieux
avoient accoutumé d’y refider continuellement
pour gouverner le ipirituel & le temporel,
& en rendre compte à leurs fuperieurs : mais
à prefent leur refidence eft réduite au tems oii
ils vont recüeillir le revenu ; & en quelques
lieux ils ne laiilènt point de prêtre, en d’autres ils
n’en laiiTent qu’un mercenaire. C ’eil pourquoi
nous ordonnons qu’en ces paroiiTes il y ait des
curez tirez de la communauté , pu des vicaires
perpétuels, avec une portion congrue affignée fur
les revenus de la paroilïè. Et faute par les patrons
d’en preienter de capables, le prélat y pourvoira
dans le tems réglé par le droit. On celebrera l’office
de la fainte Trinité le jour de l’Oéfave de la
Pentecôte; &; la fête de làint Trophime par toute
la province comme d’un apôtre. L’office de la
Trinité n’étoit pas encore univerfellement reçû
par toute l’églife latine, & quant à iàintTrophime
premier évêque d’Arles, on le regardoit comme
apôtre,fuivant que c’étoit le dilciple de iàint
Paul : dont on s’eft depuis détrompé.
Deffeniè aux moines & aux chanoines réguliers
qui enfeignent de recevoir aucun iàlaire \ foit
de leurs écoliers, foit des magiftrars des villes.
Deffenfe aux Templiers & aux Hoijritaliers d’é-
tendre leurs privilèges, en faifant porter certaines
marques à ceux qu’ils reconnoiflent pour leurs familiers
L i v r e L X X X V . 9
miliers ou domeftiques -, & permis aux prélats de ^
les corriger nonobllant ces marques, conformé-
mène à la decrctale d'innocent III. Défenfe aux re- <.rw«ïi.a
ligieux de recevoir le peuple à l’office divin dans irmU
leurs églifes les dimanches & les grandes fêtes ;
ni d’y prêcher aux heures de la melTe de paroiffe ;
& cette défenfe s'étend même aux religieux auf-
quels il eft permis de prêcher , c’eft à-dire , aux
freres mendians. Le tout pour ne point détourner
les laïques de l’inftruélion qu’ils doivent recevoir
dans leurs paroiiTes. Les évêques envoyoienc
pendant le carême leurs penitenciers par les villes. *ei
&c les villages , pour abfoudre des cas refèrvez ,
ceux qui ne pouvoient pas commodément venir
aux eveques memes. Sous ce pretexte plufieurs
particuliers éludoient le precepte de la confeffion
annuelle a leurs curez \ difant qu’ils s’étoient çon-
feflez au peniteneier. Le concile leur défend d’entendre
lcsconfeffions des pechez non refervez, fi-
non par 1 ordre de Tévêque Sc la permiffion du
curé.
Un autre abus encore pire regnoit en Provence, »7-
non feulement chez les clercs feculiers , mais chez
les réguliers & les moines ; c’elt que lorfqu’il y
avoit conteftation pour un benefice, au lieu d’aller
devant les jugés eccltfiaftiques , qui feuls en
devoient connoitre, les parties prenoient d’abord
les armes, semparoient des églifès par violence,
& s’efforçoient de les confetver de même : d’où
fuivoient les combats fanglants & quelquefois
des homicides ; car les laïques parens 6c amis des
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