
ainsi que par les expériences récentes des docteurs Chiarenti, Bréra, Alibert,
de MM. les professeurs Pinel et Duméril (1), et du célèbre Mascagni qui, ayant
injecté les artères avec de là gélatine 'colorée , a tu que si les parois de ces vaisseaux
laissoient épancher' la matière de l ’injection dans les cavités splanchniques,;
ou dans les aréèles du tisu cellulaire, elle remplissoit aussitôt Jes: lymphatiques,,
mais en perdant sa couleur ^).
Or , ces' résultats semblent nous promettre un moyen de découvrir les lymphatiques
et leurs racines sur' des cadavres d’individus non hydropiques. Pour-1
quoi ne pas tenter d’en profiter ? Cependant comme la gélatine passe incolore
dans les absorbons, elle ne peut les rendre fort apparens ; comme, d’un autre
côté, elle se concrète, elle ne peut être remplacée dàns les vaisseaux qu’elle occupe
par une autre injection. Je desirerois donc que, pour produire un effet analogue,
l ’on poussât immédiatement dans le tissu cellulaire une grande quantité d’eau •'
celle-ci, pompée par les vaisseaux dont il s’agit, les rendroit visibles, et pourroit
être chassée à son tour par un nouveau fluide qu’on introduiroit dans leur
cavité. On auroit alors 1 avantagé précieux de faire choix d’un sujet maigre5 on
pourroit ne pas recourir aux hydropiques , et l’on sait que chez eux les ganglions
lymphatiques sont tellement obstrues, que l ’injection s’y arrête souvent,'
ce qui compense bien le volume plus considérable de leurs vaisseaux.
On sait aussi que dans certains cas d’épanchement de sang dans la poitrine, on a
vu les lymphatiques des poumons, des plèvres, etc., gorgés de ce fluide. Pourquoi,
afin de remplir ceux de certains organes, ne pas mettre en iisage un moyen analogue.
à ce phénomène naturel? Hùnter, avec du lait teint par l ’indigo, a
démontre les absorbans des intestins; Mascagni, avec diverses liqueurs colorées
par des substances douces, ainjecte la cavité abdominale de quelques animaux, et a
vu les vaisseaux lymphatiques dü péritoine être distendus par elles. Que ne cherche-
t-on, suivant ce procédé, ceux du cerveau, qui sont encore inconnus? Si Mar-
chettig(3), en. effet, prétend en avoir découvert sur les ventricules; sîRidley U) et
Nuck (5) ont cru en voir dans le plexus choroïde; si Landsi (<5) et Pacchioni (7)
(0 Voyez les Mémoires de la Société médicale d>Émuldtion de Paris , tom, I , in-8°.
(s) Vasorum lymphatiçorum corporis hurnani historiée et ichdographiay inifol. Sdnis, 1787. ' '
(3) Voyez 1 Anatomie dés vaisseaux 'absorbans du côrp 's humain, p ar Cmiskshàïik, page 385.
(4) The Anatomy o f the brain y contming its mechanism , etc. Lone!. , l 6g5 ; in-8°; ’ 1
(5) Antonii Nuck, de invèntis nobis episl. anatomicii adD. D. B . G - ~ A la suite de son Adeno-
graphia curiosa^ in-12 , 1722.
(6) De Mortih, subitem, lib. I , c. X I , pag. 36.
(7) Dissert epistol. de gland,, conglobat.’dures jneningis huinanoê indèque ortis lymphatic is adpiam
matrem productis} ad virum Lùcam SchroecJcium. Romæ, iy o 5 , in-80.
•.ont décrit ceuxdelàpie-mèré; Brunner (î)etZelIer (2), HaIler(3)etCruiskshank(4)
prétendent qu’il se sont mépris. Ce h’ést point qu’on doive pour cela conclure
qu’ils n’existent point; feu Laumoriier, dont l’autorité est, en pareille matière
d’un très-grand poids, m’aassuréles avoir trouvés, mais une fois seulement, et
leur ténuité étoit telle, qu’ils ne pouvoient soutenir la colonne de mercure.
Pourtant leur découverte; me paroît encore à faire, et je crois que le moyen
d’en venir à bout seroit d’enlever la voûte du crâne sur des têtes de suppliciés,
immédiatement après la mort, et d’injecter, soit dans la cavité de l ’arachnoïde,
soit dans lé tissu cellulaire de la pie-mère, du lait coloré avec le safran et maintenu
à une douce température. Ce liquide pourroit être absorbé, et ne creveroit
point lés vaisseaux, de l ’existence et du trajet desquels Userait alors facile de s’assurer..
Quelques essais que j ai déjà faits a cet égard, semblent mé présager le
sùccès.
^ On ne connoît pas non plus les vaisseaux lymphatiques de l ’iris ni ceux du
placenta; c’est encore.un point sur lequel' on peut étendre ses méditations; ils
échapperont probablement long-temps aux recherches : cependant çomme
Meçkel dit ayoir souvent injecté certains troncs fa ces canaux par l ’intermède
des artères, je crois qu’il seroit convenable de tenter cette voie.
Le corps thyroïde, chez 1 adulte, le thymus et les capsules surrénales, chez le
foetus, attendent qu on leur assigne un usage, qu’on leur accorde des canaux
excréteurs, ou qu’on les en déclare définitivement privés. La rate, les glandes
bronchiques font encore le tourment des physiologistes. Voilà autant d’objets
qui, dès les premiers pas, réclament toute notre attention.
Quels que soient les moyens dont nous voulions nous servir pour tenter,
confirmer ou rectifier de nouvelles découvertes, nous ne serons donc embarrasses
que du choix des sujets ou de l ’ordre à suivre dans leur examen.
Ainsi, que de points de pure observation même, sur lesquels on est loin
dêtre d accord ! Haller (5) , Sabatier (6) et plusieurs autres célèbres anatomistes
disent que les lèvres de la glotte sont formées de fibres albuginées
(0 De Glandula piûntariâ. Hëidelbërgæ, 1687', in-40.'
(a) De Vajis lymphaticis. Tubingæ, 1687, in-4°. Cette dissertation a été réimprimée dans la c o l lection
des thèses anatomiques de Haller,
(3) Ployez 1 Anatomie des vaisseaux absorbans, par Cruiskshank, 1. c.
(4) Anatomie des vaisseaux absorbans du corps humain, ouvrage traduit de l’anglais, par Petite
Radel. Paris, 1.787, in-8°. fig.
(5) Element, physiol, corpons Jüvmani, in-40, tom. III. Laiisannse, 1766V
( ) Traité complet d anatomie} ou Description de toutes les parties du corps humain. Pari? f
m-8°. 1791,