
cicatricule, une multitude de points d’un rouge
obfcur ou d’un pourpre foncé. Ces points, de
diverfes grandeurs, paroiff.nt comme ifolés &
féparés les uns des autres. On ne remarque en eux
aucune forte de mouvement. La cicatricule s’ eft
un peu élargie.
Au centre de cette cicatricule, on découvre
alors un petit corps alongé, dont une des extrémités
femble fe terminer en pointe, 8c qui fe dif-
tingue par fa teinte d’ un blanc - grilâtre, plus
opaque que les parties environnantes.
Vers le quatrième ou le cinquième jour, fui-
vant quelques auteurs, Vicq-d’Azyr en particulier,
le germe s’ eft encore agrandi, les points
pourpres de fa. circonférence paroiffenc d’un rouge
v if; ils font aufli beaucoup plus multipliés, beaucoup
plus rapprochés les uns des-autres, & ils
s’avancent davantage vers le centre de ia cicatricule.
On voit déjà , au milieu du petit corps alongé
qui occupe ce centre, deux points rouges beaucoup
plus volumineux que les précédens, féparés
l ’un de l’autre par un efpace bien plus grand , 6c
qui battent fans ceffe alternativement. Ces deux
points faillans font les deux ventricules du coeur
de l’ embryon.
Mais des obfervations attentives prouvent que
les pulfations de ces deux points ont lieu beaucoup
avant le cinquième jour. Ariftote avoir déjà dit
qu’après 72 heures d’ incubation, le jaune étant
monté vers la partie la plus pointue de l’oe u f, on
voit dans le blanc une petite tache de fâng qui
faute. C ’eft le coeur, dit-il (1 ).
Les Modernes, aidés du microfcope , ontob-
fervé ce fait à une époque bien plus voifine encore
du début de l’incubation. Au bout Ae fîx heures,
Malpighi (2) a v u , dans une liqueur cryftalline,
un cercle blanchâtre, auquel abouttiffoient dé petits
canaux , & les battemens du coeur avoienc déjà
lieu à la quarantième heure, quoique Haller (3)
n’ait obfervé les premiers linéamens de cet organe
qu’après quarante - huit heures ; il étoit blanc ;
mais il battoit pourtant. Pour mertre d'accord
ces deux grands obfervateurs , i! fuffit de fe rappeler
que l’ un, Malpighi, habitoit l’ Italie , &que
l’autre, Haller, vivoit en Suiffe, 8c que d’ailleurs,
à Paris, quoiqu’ on voie quelquefois battre
le coeur dès la quarante-deuxième heure, ce!a
n’a lieu le plus fouvent que vers la fin du fécond
jour.
L’embryon cependant, dont la tête & le rachis
font, d ’après Buffon (4 ) , vilibles dès le premier
jour de l’incubation, s’entoure d’une auréole de
vaiffeaux fanguins qui s’étend graduellement. 1 2 3
(1) Z. c.y lib. V I, cap. 111.'
(2) Z.c.
(3) De Senac , /. c.
(A) Hifi. nat, des Qifeaux, tom. III, pag. 170.
g Ces vaiffeaux appartiennent proprement an jaune
de l’oe uf, qui alors, c ’eft-à-dire, vers la fin du troi-
fiène jour au plus tô t , ou dans le courant du
quatrième ou du cinquième au plus tard, peut fe
dépouiller d’une membrane épi 1er moi de , avec.
laquelle on enlève Us deux chalazes, 82-qui recouvre
l’auréole des vaiffeaux fanguins, & 1 embryon
lui-même.
Une portion des vaiffeaux dont il vient d’être
queftion , à déjà- abforbé une partie de l’aibumen,
non-feulement pour fervrr à la nutrition de l’embryon,
mais encore .pour opérer la liquéfaction
de la matière des jaunes, qui, épailfe & vifqurufe
avant l’incubation , eft devenue dès le troilïème
jour d’une fluidité remarquable.
En conféquence-de cette abforption, le ratine
a confiiérablement augmenté de volume, & , de
plus en plus diftendu, il rompt la première couche
de la viteliine dans le courant du quatrième jour*
Celle-ci refte en partie appliquée fur lui & en partie
collée fur la membrane de la coque à laquelle
elle eft contiguë en ce moment.
C ’eft aufli dans le quatrième jour qu’ on voit
paroître les yeux 8c le foie, & , en fui v an c Je développement
du germe, toujours dans l’oeuf de la
poule, on reconnoîc que l’eftomac 6c les reins
prennent naiffance le cinquième jouri les poumons
6c ia peau, le fixième, époque o ù , dit-on ( 1 ) ,
l’on voir déjà poindre les plumes ; les inteftins 6c
le bec, le feptième ; la véficule du fiel, les moignons
des ailes,. le rudiment des patres, le huitième
& le neuvième. Le dixième jour, toutes
les parties qui doivent conftituer le poulet font à
leur place ; elles ont déjà la forme qui les caraéte-
rife. Les jours fuivans, elles fe développent, 6c
prennent tout i’accroiffement qu’elle^ peuvent
acquérir ; alors le pouflin eft affez fort pour brifec
fa coquille, & c’eft ce-qu’ il fait le vinge-unième
jour de l’incubation, à l’a iie de la pet te pointe
dure & tranchante dont fon bec eft armé. A l’aide
aufli des pattes, du cou & des ailes , il s’échappe
alors tout humide de fon étroite ptifon.
Mais,'un peu avant cette époque, il fe paffe
des phénomènes bien curieux. Ainfi, fi l’on ouvre
le jaune de l’oe uf vers le dix-huitième ou le dix-
neuvième jour de l’incubation, on le trouve rempli
d’une matière verdâtre & un peu glaireufe,
bien differente de celle qu’il contenoir primitivement.
Alors aufli, les blancs de l’oeuf fe trouvent
entièrement confommés, parce que le foetus paroi
c s'être nourri & développé, jufqu'à ce moment,
à leurs dépens. Mais, dans le temps dont
nous parlons , le jaune paffe tout entier par l'ouverture
du nombril dans le ventre où il eft entraîné.
On croit généralement que c’eft de cette maffe,
renfermée dans la cavité abdominale, que le pou-
(1) Hifi. nas. des Qifeaux, tom. 111, pag. tau}»
let tire fa fubfiflance pendant les deux ou trois
premiers jours qui fuivent fa naiffance. Cette conjecture
eft confirmée par l ’obfervation, car on
trouve,alors dans le conduit intvftinal une liqueur
jaunâtre qui reffemble, par tous les lignes extérieurs,
à celle que renferme la capfule du jaune ,
qui paroît ainfi'n’êcre qu’un appendice volumineux
de l’intellin (1), ■
Avant la rupture de-la coque de l’oeuf, on voit
très-dillinCtement que le jaune tient en effet à l’in-
tfcftin par un pédicule affez court 5 nu s la petiteffe
d s parties ne permet point encore de reconnoître
fi re pédicule eft creux, & s’ il communique dans
l’inceftin, ccmme on lëroit porté à le p tn flr ;
cetce communication devient très-vifible deux
jours après la naiffance du poulet.
Au refte, le jaune, qui étoit primitivement di •
vifé en deux ou trois lobes, & qui formait comme
une ceinture autour du jeune poulet, prend la
figure d’ un petit baril alongé lorfqu’il pénètre
dans l’abdumen, & fe place vers le côté droit de
cette cavité.
Mj8 , 12^9 8c 1160. Z.e chorioti, /’amnios &
l'allantoïde. Dès le moment où l’embryon commence
à ië développer au centre de la cicatricule ,
il paroît déjà nager dans une bulle remplie d’une
lymphe très-limpide. C ’eft l'amnios qui, dans l'endroit
correfpondant au dos du poulet, adhère au
fécond épiderme du jaune. Jufqu’au quatrième
jour il ne contient aucun fluide, 8c il elt exactement
appliqué fur l’embryon.
Dans le courant de ce même quatrième jour,
paroît l'allantoïde qui part de l’extrémité pofté-
rieure du poulet, & qui fort de fon abdomen par
l'ouverture ombilicale.
L’amnios fe réfléchit vers le corps du poulet fur
les bords de l’ouverture ombilicale, de forte que
l âüantoide & le jaune fe trouvent fitués hors de
la cavité de cette membrane.
Le cinquième jou r, l’allantoïde s’eft considérable
ment accrue, de même que les vaiffeaux qu’elle
renferme , & le fixième, elle repréfente une poche
aplatie, d’un pouce environ de diamètre, dans
l’oeuf de poule, & remplie d’ un fluide légèrement
jaunâtre & falé.
On remarque, au centre de cette poche, un
gros vai fléau qui femble être contenu dans fon inférieur
& qui fe di fin b ue à fa furface fupérieure.
Ce vaiifeau principal oppofe un obftacle au développement
de l'allantoïde, déterminé avec rapidité
par l’cff-t de la dilhnfion qu’opère en elle le
fluide abondamment verfé dans l'on intérieur. Elle
fe pliffe donc fur lui de ia même manière que le
ni?Untère fur les inuftins, & applique ainfi l’une
contre l’aune deux des parties de fa furface extérieure.
Ces deux portions de l'allantoïde fe collent &
fe confondent en une feule membrane qui refte
j(i) Haller, Bonnet, Ducrôchet, l. c.
extrêmement fine, tandis que l’envelpppe, dont
elle a ceffé de faire partie, grofïit progreffivement.
Le feptième jour de l'incubation, l ’allantoïde,
continuant à croître, rompt la fécondé couche de
la vitelline, 8c fe place entre le jaune 8c la membrane
de la coque.
Alors elle continue à fe développer, & la fécondé
couche de la vitelline, qu’elle a rompue,
refte appliquée fur le jaune 8c fe confond par adhérences
avec les membranes vafculaires qui lui deviennent
contiguës.
A la fin du huitième jour, l’auréole du jaune eft
entièrement couverte par l’allantoïde dévoloppée ;
les vaiffeaux qui forment cette auréole, & qui
antérieurement avoientfervi à la refpiration du poule
t, ont ceffé par conféquent d’avoir cet ufage
que remplit actuellement le fond de l’allantoïde
appliqué contre la membrane de la coque.
A dater de ce moment, les vaiffeaux dont il
s’agît reftent, pour ainfi dire, ftationnaires & n’ont
plus qu’ un développement fort lent.
A la fin du neuvième jour, l'allantoïde, continuant
toujours à fe gliffer enrre ia membrane delà
coque & les blancs de l’oe u f, recouvre lupérieu-
rement l’albumen & arrive à la chalaze du petit
bout, dans l’endroit où celle-ci adhère à la coque.
Enfin, le dixième jour, on trouve tout le contenu
de l’oe u f, c’eft-à-dire, l’amnios renfermant
le poulet, le jaune 8c ce qui refte des blancs, entièrement
enveloppé par l’allantoïde, dont les extrémités,
s’étant jointes par ce développement
progreflif & périphérique, s'unifient & fe foudenc
pour toujours dans le point de réunion.
De cette forte, l'oe u f fe trouve environné de
deux membranes Vafculaires qu’ il ne poffédoit
point au commencement de l’incubation.
La plus extérieure des deux, éminemment vaf-
culaire, eft l’analogue du chorion des mammifères.
L'intérieure, plus fine, mais vafculaire aufli,
repréfente cette fécondé lame du chorion des
mammifères, à laquelle Haller a donné le nom de
membrane m ye.me.
Dans l’ une comme dans l'autre, les vaiffeaux
émanent des vaiffeaux ombilicaux, mais ils font
bien plus abondamment répandus dans la première
que dans la fécondé.
“Le chorion proprement d it, au refte., paroît
formé de trois tuniques, c’eft-à-dire, d’un refeau
vafculaire compris entre deux épidermes. La membrane
moyenne eft trop déiiée pour permettre de
voir cette difpoficion.
Au refte, la jonction des extrémités de l’allantoïde
s’opère à l'endroit où eft fixée la chalaze
du petit bout, parce que cette chalaze, fortement
adhérente à la membrane de la coque , arrête dans
cet end roi rie développement progreflif dé la poche
allantoïdienne.
La chilaze du gros bout s’eft, au contraire, détachée
de la coque dès les premiers jours de l’incubation.