
même en fens contraire. Par conféquent il n’eft
aucune forte de courbure que l’organe ne puiffe
contrarier par leur moyen.
Perrault a fuppofé que les mufcles intérieurs ou
tranfverfaux de la trompe font tous dirigés ,
commodes rayons, du pourtour des deux canaux,
perpendiculairement à l’enveloppe extérieure.
Cette affertion n’ eft pas entièrement exaéte; un
coup d’oeil fur une coupe tranfverfale de la
trompe , montre qu’ils ont plufîeurs autres directions;
ceux de la partie antérieure vont à peu
près comme des rayons, du centre à la circonférence;
dans la région de l'axe , derrière les deux
canaux, il y en a qui fe portent direétement de
droite à gauche ; ceux-ci font entourés par d'autres
qui vont plus ou moins obliquement à la circonférence.
On voit facilement que les premiers
& les derniers tendent bien à diminuer le diamètre
de l’enveloppe extérieure, fans diminuer pour
cela le diamètre des canaux, ainfi que Perrault
l ’a très-bien obfervé; mais on voit auffi que ceux
qui occupent la région de l’axe doivent, lorfqu’ils
fe contra&ent, rétrécir à h fois & les canaux
& l’enveloppe extérieure. Ce font ceux que Perrault
paroit ne pas avoir connus. Stukeley n’en
parle point non plus, quoiqu’il les ait affez bien
figurés; Au refte, leur aélion ire peut jamais aller
jufqu’ à fermer les narines.
Tous ces petits mufcles qui forment le corps de
1a trompe font bien diftinéts les uns des autres, &
fe terminent tous par des tendons grêles, dont
les uns traverfent les couches des mufcles longitudinaux,
pour gagner l’enveloppe extérieure, &
dont les autres vont s’implanter à la membrane
des canaux. Tous font comme plongés dans un
tiffu cellulaire, uniformément rempli d’une graille
blanche & homogène. On conçoit qu’ils font les
antagoniftes des mufcles longitudinaux, & qu’en
rétréciffant la trompe, ils la forcent de s’alonger
en tout ou en partie : car leur réparation permet
à l’animal de ne les faire agir qu’ aux endroits &
dans les limites qu’ il veut.
Il n’eft: pas difficile de compter le nombre des
petits mufcles qu’ offre une coupe tranfverfale de
la trompe; & comme ils n’ont pas une ligne d’é-
paiffeur, il eft aifé de calculer combien il y en a
dans la totalité de cet organe. Si l’on vent enfuite
confidérer les différens faifceaux des mufcles longitudinaux
comme autant de mufcles particuliers,
on trouvera que le nombre doit s’élever à trente
ou quarante mille, & l ’on ceffera d’être étonné
de la variété admirable des mouvemens & de la
force prodigieufe de ce bel organe.
871. La cloifon canilagineufe des narines. Elle eft
»vêtue d ’une membrane épaiffe & garnie d’un
grand nombre de grains glanduleux, gros comme
des pois, lefquels s’ouvrent d’une manière très-
vifible dans ces folles nafàles; à la partie antérieure
de celles-ci, il y a un trou confiiérable.
qui conduit à une glande de la groffeur d-’une noix
& femblable aux amygdales. Au-deffus de ce cartilage
de la cloifon, il' y a , de chaque co té , une
rainure dans laquelle eft jogé un fort ligament,
attaché par une de fes extrémités à l’os fronto-
pariétal, & confondu , par l’autre, dans les fibres
des mufcles longitudinaux de la trompe. (Perrault.)
872. Les finus des fojfes nafales. De tous les
animaux, l’éléphant eft cq|ui qui a les plus grands
finus frontaux; ce font eux qui donnent à fon
crâne cette épailfeur extraordinaire qui le diftin-
gue. (Voye% pag. 176, n°. 4.) Ils s’étendent
entre les lames des pariétaux, des temporaux, &
jufque dans les condyles articulaires de l ’occipital.
Les lames qui les divifent en cellules, toutes communiquantes,
font nombreufes & irrégulières.
L’ intérieur des finus maxillaires eft partagé de
même en une multitude de cellules très-larges,
toutes communiquantes, & dont une s'ouvre par
un trou, au côté du nez.
Les finus fphénoï laux font énormes & occupent
une partie des apophyfes ptérygoïdes. Ils ne
font point divifés en cellules, comme les précé-
dens.
874. La pulpe des nerfs oïfakifs. Elle a un pouce
de diamètre & une cavité confidérable dans fon
épaiffeur. (Perrault.)
S e c t i o n o n z le m e.
876. Le toucher en général. Nous avons déjà dît
que la trompe é to i t , fous le rapport du toucher,
-un organe très-important : elle eft pour ainfi
dire un long bras q u i, touchant les corps au
loin, donne à l’ éléphant des idées précifes de
la diftance , au lieu que la plupart des autres
animaux ne peuvent acquérir ces mêmes idées
qu’en parcourant l’efpace avec leur corps.- Ce
fens eft donc très-développé dans l’animai qui
nous occupe, & contribue furtout à lui donner
cette efpèce d’ intelligence qui l’a fait remarquer
dans tous les temps.
La peau de l’éléphant eft très-fenfible , partout
où elle n’ eft pas calieufe ; dans les gerçures
& dans les autres endroits où elle n’eft
ni defféchée ni durcie, la piqûre des mouches
fe fait parfaitement bien fentir.
Les pieds ne peuvent en aucune manière fervir
à l’exercice du fens qui nous occupe.
877. L’épiderme. Duré & calieufe, cette membrane
eft fillonnée & comme déchirée par des
gerçures, & eft munie d’un grand nombre d’afpéri-
tés qui lui donnent l’apparence de l’écorce d’un
vieux chêne. Elle ?ft fèche & fort fujette à s'épaif*
lï r , acquérant quelquefois trois ou quatre lignes
d’épaifleur par le defféchement fucceffif des différentes
couches qui fe régénèrent les unes fous
les autres, quoique fon épaiffeur ordinaire foit
celle d’un gros papier.
Dans l’homme & dans les animaux, en général,
l’épiderme eft partout adhérent à la peau ; dans
féléphant, il eft feulement attaché par quelques
points, comme le font deux étoffes piquées l'une
fur l'autre. ( Bujfon. )
Les filions qui parcourent l’ épiderme de l’élé-
phanc font plus ou moins éloignés les uns des
autres, ont différentes directions, ou s’entrecoupent
en divers fens. Le front & les oreilles
eh font habituellement dépourvus.
Vue à la loupe, la furface extérieure de l'épiderme
eft granuleufe & percée de quelques trous
pour le paffage des poils. Sa furface interne préfente
autant de petites cavités qu’ il y a d’éminences
fur l’autre, & toutes ces petites cavités
font carrées, pentagonales ou hexagonales (Dau-
henton), & arrondies dans les vieux fujets.
( Perrault. )
A fa fuperficie, l’épiderme eft hériffé de petites
lames qui s’en détachent comme des écailles.
( Cuvier. )
Celui de la plante du pied préfente une flruc-
ture tout-à faif> fingulière. II eft partagé à l’extérieur
par des enfoncemens profonds, à peu près
circulaires, à fix ou huit pans plus ou moins
réguliers, dans chacun defquels font renfermés
une infinité de petits polygones beaucoup plus
irréguliers, qui rendent la furface de la peau
comme chagrinée. Ce même épiderme, détaché
de l’animal & vu par fa face interne , offre des
lignes très-fai Hantes à la place des filions qui
déterminent les grands polygones ; il en préfente
auffi beaucoup d'autres plus petites , qui corref-
pondent aux petits polygones. Il réfulte de cette
difpofition une efpèce de treillis en relief, d'un
deffin allez régulier, qui reffemble à une dentelle
à larges points. (Idem, f
La couleur de l’épiderme eft en général d’ un
gris-cendré tirant plus ou moins fur le brun.
(Perrault & Daubenton. )
879. Le derme ou cuir. Il offre à fa fuperficie
de petites éminences qui correfpondent aux cavités
de l’épiderme , & des trous d’où fortent
les poils. La plupart des éminences font coniques
& pointues ; leur grandeur & leur degré d’in-
clinaifon feulement font variables.
Le derme lui-même a trois, quatre & même
jufqu’à fept lignes d'épaiffeur. Sa face externe
eft jaunâtre. ( Daubenton. )
882. Le corps papillaire. Il eft très-apparent
dans les tégumens de la trompe. ( Cuvier), ainfi
que cela fe remarque dans tous les •"organes des
animaux deftinés à la caution.
883. Les poils. Pline & Solin affurent que l'éléphant
eft dépourvu de poils, Mais on reconnoît
facilemen: qu’ils fe font trompés l'un & l'autre,
pour peu qu'on veuille examiner les chofes. Ces
poils font des efpèces de foies, beaucoup plus
fortes & plus robuftes que celles des fangliers,
noires, luifantes & d’une égale groffeur depuis
la bafe jufqu’ à l’extrémité,, qui eft comme tronquée.
Cependant elles font rares & clairfemées,
& occupent de préférence certaines parties, la
trompe , la queue , les paupières : la partie convexe
de la trompe en particulier en eft: fouvent
couverte. Les foies ou crins de l’extrémité de
la queue ont beaucoup plus de longueur que les
autres ; j’en poffède un brin qui a plus d’un pied
d’étendue, fur une demi-ligne de diamètre.
Ces longues foies de la queue naiffen&quelque-
fois crois ou quatre d’une même bulbe. (Camper.)
Nous avons déjà dit que les paupières avoient
des cils très-prononcés , mais nous ne leur-
avons pas indiqué des proportions comme celles .
que Gillius, d’A lb e , dit qu’elles ont quelquefois,
puifqu’ il prétend avoir vu de ces cils apportés des
Indes, & qui avoient jufqu’à trois pieds de longueur
;» erreur manifefte & trop évidente pour
mériter d’être réfutée.
En outre on rencontre encore des foies chez l'éléphant
fur le derrière de la tête, dans les conduits
auriculaires, au dedans des cuiffes & des jambes,
884. Les fabots. II y a eu pendant bien longtemps
de l’ incertitude parmi les naturaliftes fur
le nombre & .fur la nature de ces fabots. Perrault
les regardoit comme des prolongemens de la
plante des pieds, & Daubenton en faifoit de véritables
ongles. /
Leur nombre, au refte, n’eft pas le même probablement
dans l’ éléphant d’ Afrique & dans celui
des Indes. (Cuvier.) Tous ceux des Indes, en effet,
qui ont été bien examinés, fe font trouvés avoir
cinq ongles devant & quatre derrière. Dans de
jeunes individus d’Afrique, que M. Cuvier a pu
obferver, il y avoit quatre ongles devant & trois
derrière feulement, & Perrault donne à celui du
Congo, qu’il a décrit, trois ongles à tous les
pieds ; mais chez celui- ci -on remarquoit des ex*
croiffances monftrueufes à toutes les femelles, &
l’une d’ elles a fort bien pu dérober un des ongles
à fes recherches.
Ces fabots ontU’aiUeurs une fubftance analogue
à celle qui conftitue les ongles des autres ani-
naux ÿils ont plus de largeur que de longueur
& font convexes. Ils font véritablement féparés &
diftinéts de la femelle des pieds. Ils paroiffent
dirigés en bas, & même courbés en dedans par
leur extrémité inférieure. Ceux du milieu font
beaucoup plus grands que les latéraux, & ceux
des pieds de devant plus longs que les poftérieurs;
mais ils ont'tous à peu près la même forme ; ils
préfentent des cannelures très-apparentes, & font
! coupés carrément par le bouc. ( Daubenton.)