
4 i 8 Amphibies.
leur poids s'élève jufqu’àhuit milliers. C'eft à eux
que, fui vaut l ’expreflion éloquente de Buffon,
finiffent les peuples de la terre & commencent
les peuplades de la mer.
Le lamantin a été, avec affez de juftefîe, comparé
à une outre ; il repréfente en effet un ellip-
feïde alongé, dont la tête forme la partie antérieure,
& dont l'extrémité poftérieure, après un
léger étranglement, s’aplatit & s’élargit pour former
la queue , dont la forme eft oblongue & le
bout large, mince & comme tronqué.
La queue forme à peu près le quart de la longueur
totale fur un individu qui a été envoyé de
Cayenne au Muféum d’hiftoire naturelle de Paris.
Cette queue eftgroffe & s’élargit horizontalement
en éventail. Il y a un peu moins du quart
entre l’infertion des nageoires & le mufeau.
Aucun rétréciffetnent ne fait remarquer la place
du cou.
La tête eft un conoïde tronqué} un mufeau gros
& charnu la termine. Elle eft petite.
Les membres poftérieurs manquent entièrement.
Les antérieurs font de véritables nageoires portées
fur un avant-bras plus dégagé que dans les dauphins
, & lai (Tant mieux fentir les doigts au travers
de la peau. Aufli n’étant déjà plus quadrupède, le
Jamantin n'eft pas encore entièrement cétacé.
Un lamantin, confervé au Muféum d’hiftoire
naturelle de Paris, & décrit par M. Cuvier, p r é -
fente les dimenfions générales fuivantes :
Longueur totale....................... . yp. iop. 3 1.
Largeur du mufeau.......................o 4 y
Diftance du mufeau à la commiffure
des lè vres .................. o 3 2
— ----------------- du mufeau à l’oe il................0 4 2
— ---------de l’oeil-à la commiffure
des lè vre s .....................................o 2 8
------------du mufeau à la racine inférieure
de la nageoire.. . . . . r. o 7 9
Longueur de la nageoire............... o 9 6
Plus grande largeur de la main. . . . o 3 o
Longueur dê la queue.................... 1 y o
Plus.grande largeur.......................... 1 o, 8
Contour de la tête à l’endroit des
yeux..................... . . . . . ................. 1 7 7
— — - -—du corps aux aiffelles.. . 3 1. 4
— ------------------- à l’endroit le
plus gros ................................ . . . . . . 3 8 6
------------ — --------- à l’ étranglement
de la queue .......................... ... 1 10 10
Diftance du. bord poftérieur de la
queue à l’anus . ........... ................. 2 o 6
■------------de l’anus à la vulve. . . . . o 3 8
Parleur naturel & leurs moeurs, les lamantins
femblent partager en quelque chofe à l'intelligence
& aux qualités fociales; ils Te tiennent prefque toujours
en troupes & ferrés les uns contre les autres
avec leurs petits au milieu d'eux; tous fe prêtent
dans le danger des fecours mutuels.
Ces animaux ae fe trouvent point dans les hautes
mers à.une grande diftance des terres ; ils,ha.
bitent au voifinage des côtes & des îles, & parti,
culièrement fur les plages abondantes en fucus.
F O N C T I O N P R E M I È R E .
L a l o c o m o t i o n .
S e c t i o n p r e m i è r e .
Squelettologie.''
4. Le crâne en général. Les deux crêtes qui limitent
dans le haut les foffes temporales, marchent
prefque parallèlement & ne fe réunifient point en
,une feule ligne, comme dans la plupart des car-
nafliers.
y. L'osfrontal. Ileftdiviféen deux portions par
une future très-prononcée. En avant, il fe partage
en deux longues branches, qui s’écartent confilé-
rablement pour embraffer l’ouverture des narines
& former les plafonds des orbites. Chacune de cés
branches fournit une forte apophyfe poft-orbitaire
obcufe.
6. Les os pariétaux. Le lamantin n’a qu'un feul
os pariétal impair. Il eft petit, bifurqué antérieurement
& placé fur le fommet de la tête.
- 7. L'occipital. Le plan de cet os eft incliné d’a-
vapt en arrière & de haut en bas.
La crête occipitale forme un angle obtus.
8. Lès temporaux. Leur apophyfe zygomatique
eft plus épaiffe que dans aucun autre animal.
Le rocher forme un os à part&diftinél du refis
du crâne comme dans les cétacés; mais il n’eft pas
feulement fufpèndu, il fe trouve enchâffé dans une
cavité de l’os temporal. Sa maffe eft irrégulièrement
globuleufe, & préfente à fa partie fupé-
rieure un fegment de fphère très-épais & arrondi
de toutes parts ; c’eft le dôme de la caiffe du tympan.
Ce dôme s’attache, par fon bord -interne, à
tout le bord fupérieur du rocher, & y clôt la caiffe
en deffus ; mais, en deffous, il refte un grand intervalle
entre les bords inférieurs du rocher & du
cadre, & toute cette partie doit n’être fermée,
dans le vivant, que par les membranes. ( Cuvier,)
La partie poftérieure du rocher eft crès-épaifïe &
folide; c’eft dans fa partie antérieure, qui eft plus
comprimée, que font creufées les cavités du labyrinthe.
C ’eft le rocher du lamantin & l’os de la caiffe
de la baleine (1 ), que pendant long-temps, fous le
nom à’os manatiy on a vanté contre les maladies
des voies urinaifes & contre les hémorrhagies (2).
1 1. Les os de là face en général. Les orbites font
(1) Blumenbach , M a n u e l d'Hifi. na t. , art. Trichechus.
(a) Giuiïuÿ,, ap. monardem fim p l. medic., cap. XXXII.
très-avancées ; ce font les branchés antérieures du
frontal qui forment la plus grande partie de leur
plafond. Leur contour eft très-faillant.
r Les foffes nafales font trois fois plus longues que
larges. (Cuvier.)
L’ouverture antérieure de ces foffes eft très-
grande & tournée immédiatement en haut.
Le trou fous-orbitaire eft percé dans l’angle rentrant
que fait le cadre Taillant de l’orbite avec la
partie antérieure de l’os maxillaire, de' manière
qu’on ne l’aperçoit point quand on regatde la tête
de profil. ( Cuvier. )
La faillie de l’orbite eft caufe, au refte, que la
diftance entre le bord inférieur externe de la partie
zygomatique de l’os maxillaire & les dents,
eft plus grande que la largeur du palais. (Idem. )
L’arcade zygomatique, exceflivement épaiffe
& folide, reflemble beaucoup à celle des pachydermes
; la portion du temporal eft très-groffe & 1
comme pofée feulement fur l’ os de la pommette,
fans aucune efpèce de future ou de pénétration
réciproque des os.
Cette arcade eft extrêmement convexe en deffous,
dans la partie antérieure, & très-échancrée
en arrière dans la région temporale.
Elle eft aufli arquée en dehors que dans les car-
naffiers. .
Il n’y a point de fofle ptérygoïdienne.
Le trou incifïf eft (impie, ovale., grand, & fîtué
tout-près du bout du mufeaiî.n
13. Les os inter-maxillaires. Ils font très-étendus
en longueur, & cependant ils ne portent point de
dents.
14. Les os de la pommette. Ils s’étendent dans
toute la moitié inférieure de l’orbite, fur l'apo-
phyfe orbitaire de l’os maxillaire.
17. Les os du ne%. Ils font fort petits, & c ’eft
là ce qui rend l’ouverture des foffes nafales fort
grande fur le fquelette. Néanmoins la partie qui
paroît manquer en eux eft remplacée par des cartilages,
& , dans le vivant, l'ouverture des narines
eft comme à l’ordinaire au bout du mufeau.
; 20. La mâchoire inférieure. Les deux pièces qui
la conftituent dans le jeune âge fe foudent de fort
bonne heure. L’angle qu’elles forment, par leur
réunion, eft affez étroit & préfente, en deffus,
une furface creufée légèrement en canal, qui va
un peu en s’abaiffant d’arrière en avant, & recouvre
poftérieurement une fofle arrondie, fituée
derrière cet angle.
La partie antérieure de cette mâchoire eft
droite.
La branche montante eft très-large & l’angle
poftérieur arrondi. Les parties latérales & dentaires
du corps font groffes arrondies.
L apophyfe coronoïde eft dirigée en avant &
tronquée prefqu’en fer de hache. ( Cuvier. ) Une
ordonnée abaiffée <\p fon. extrémité tombetoit fur
ibiesl; éjî t)
la quatrième molaire, par confsquent, très-
loin du point d’appui & au-delà d’une par rie de
la réfiftance.
Le condyle eft arrondi & aplati fur fon fommet.
Toute la partie qui porte la gencive eft criblée
de petits trous.
Lès trous mentonniers font fort grands.
21. Les dents incifves. Elles manquent.
22. Les dents canines. Elles manquent également.
•
23 & 24. Les dents molaires. On n’eft point
d’accord fur le nombre des dents du lamantin. Le
véritable eft de trente-fix, neuf de chaque cô té ,
en haut & en bas. ( Cuvier. )
Les fupérieures font carrées; les inférieures,
plus longues que larges, furtout en arrière.
Toutes prefentent deux collines tranfverfales
& un talon qui devient plus confidérable dans lès
poftérieures d’en bas. Ces deux collines, avant
d’être entamées, offrent chacune deux ou trois
petites pointes moufles; enfuite, à mefure qu’ elles
s’ufent par l’aéte de la maftication, elles montrent
deux lignes bordées d’émail, qui s’élargif-
fent jufqu’à ce qu’elles fe confondent en une fur-
face aufli étendue que la dent, qui eft alors entièrement
ufée. (Cuvier.)
16. Les vertèbres en général. Leur nombre eft de
quarante-fix. (Idem.)
28. Les vertèbres cervicales en général. Leur nombre
eft de fix. (DaubentonCuvier.) Toutes font
fort courtes.
29. Lçs vertèbres cervicales en particulier. La
partie annulaire des troifîème, quatrième &
cinquième n’eft pas complète..
Les apophyfes tranfverfes des quatrième,
cinquième & fixième font percées d’un trou:
elles font toutes Amples.
30. Les vertèbres du dos en général. II y en a
feize. Leurs apophyfes épineufes'font médiocrement
élevées & inclinées en arrière.
A compter de la fixième,' on obferve, fur la
face abdominale de leur corps, une petite crête
aiguë.
32. Les vertèbres des lombes en général. Leur
nombre eft de deux. ( Cuvier. )
3 f. V o s facrum. II manque.
36. Les vertèbres coccygiennes. Leur nombre eft
de vingt-deux. (Cuvier.) Leurs apophyfes tranfverfes
font très-grandes, furtout dans les premières,
mais les épineufes font peu conlidérables,
ce qui s’accorde avec la forme déprimée de la
nageoire. Sous les jointures des onze premières
font articulés de petits os en chevron, comme
il y en a dans beaucoup de quadrupèdes à forte
queue.
G"S S 2.