
Les.voifeaüx ne font pas nourris de la même ma- \
nière a toutes les époques de leur vie. La mère, :
& même, parmi les efpèces monogames, le père,
pourvoient avec beaucoup de foin à l’alimentation
de leurs petits, jufqu’au moment où ceux-ci font
en état de fubvenir par eux-mêmes à leur fubfif-
tance. Les efpèces granivores, les pigeons en particulier
, portent la follicitude encore plus loin >
les paren.s rempli lient leur jabot de graines, leur
donnent le temps de fe ramollir, de fubir un commencement
de digeftion dans cette cavité, & reviennent
enfuite les dégorger dans le bec de leurs
chers nourriffons.
1320. Les vaijfeaux labiés. Peu de zootomiftes ,
ont annoncé avoir aperçu ces vaiffeaux dans l’autoplie
du corps des oifeaux. Vallifnieri cependant
prétend avoir vu , dans le méfentère entièrement
tranfparent de l’autruche, des vertiges non obfcurs
de vaifleaux. lymphatiques (1) , fait que confirme
Ramby (2), lequel ajoute que les ganglions cor-
refpondans font à peine vifibles^
S e c t i o n s e c o n d e .
1321 & 1322. Le tijfu cellulaire & la graiffe. Le
tiflu cellulaire fous-cutané des oifeaux ert géné ralement
plus lâche que celui des mammifères ,
& moins uniformément rempli par les véficules
adipeufes. On trouve même chez eux, & principalement
fous leurs ai fie {les, de grands efpaces où
ia peau n’adhère que d’une manière peu ferrée ,
& laifie introduire de l’air dans l’intervalle > dif-
pofition abfolument femblable à celle que Sparr-
mann a fignalée dans le blaireau mangeur de miel
du Cap de Bonne-Efpérance.
La graille des oifeaux n’eft point, en généra1,
répandue en couche au-deflous de la peau, comme
chez beaucoup de mammifères ; mais, de même
que chez ceux-ci, on en trouve fréquemment en
grande abondance dans la cavité de l’abdomen ou
dans l’épaifieur de fes parois.
Chez l’autruche, par exemple, il exifte fouvent
fur les inteftins & fur tout le ventre, une couche
de graille ou de fu if, épaifle de deux à fix pouces
(3) , graille qui é to it , au rapport de Pline ,
très-eitimée & fort chère chez les Romains^ &
que les Arabes emploient encore aujourd’hui
contre beaucoup de maladies (4).
Dans les oifeaux aquatiques , la graifle ert plus
fluide, p'us huileufe, plus odorante, plus colorée
que dans les autres efpèces 5 elle femble même
imprégner leurs os, qui ont allez habituellement
une teinte jaunâtre ($).
(1) Vallifnieri, l. c.y tom. T, pag. o42-
(2) Philosophical Tran factions-, n°. 386.
(3) Ramby , Le. — W a r r e n Mémoires cités.
(4) The W'old Difplayed , tom. XIII, pag. i5.
15) Daudin, Qrnithol. , tom. I , dife. 1.
Outre la graifle- d’autruche, fi connue fous le
nom de manteque, on a recommandé, en médecine
, celle d’une foule d’oifeaux , comme la
caille, l’épervier ( 1 ), la poule, le canard, l’ oie (2),
& c ., qu’on a fait entrer dans plufieurs comportions
pharmiceutiques, notamment dans celles
qui appartiennent à la nombreufe clafle des on-
guens. Tout ce qu’il ert permis de d ire, c ’eft
qu’appliquée en topique, la graifle des oifeaux,
en général, ert un émollient & un adousiflant.
Mais il paroît qu’ il y a beaucoup de prévention
dans les raifons de préférence qu’on donne à ces
graiffes , dont les Vertus font loin d’être confta-
tées. Il n’eft pas plus ridicule, au re lie , de les
avoir vu préconifer dans une foule de cas particuliers
, que d’entendre célébrer les propriétés mer-
veilleules de ces nids d’ alcyon, dont nous avons
déjà parlé, Se que, dans le Levant, on emploie
comme aliment} de ces becs de canne qui fervent,
en Chine, à la préparation d’ une colle ufitée contre
les maladies de poitrine 5 du duvet du cygne,
regardé comme fpécifique dans les douleurs Se les
tumeurs cancéreufes > des plumes de perdrix, qu’ on
préfère pour brûler fous le nez des femmes ner-
veufes & hyftériquesj du fangde canardy propre, dit-
on, à combattre les accident cauféspar le venin de
la vipères delà fiente d’oie dfflillée avec le chardon
bénit, dans la vue de coupèr les accès de la fièvre
quarte (3 ) , & c . Combien nous devons nous efti-
mer heureux de voir les médecins modernes amener
une fage réforme dans le. langage de la matière
médicale, & dans les moyens qu’elle offre à la
thérapeutique !
S e c t i o n q u a t r i è m e .
1323. Les diverfes périodes ou âges de la vie, en
général. Les oifeaux vivent long-temps , & cependant
iis atteignent tout leur développement dans
le cours de la. première année de leur exift nce,
& fouvent même avant leur fixième mois (4), rapidité
d’accroiffement qui, au refte, leur ert commune
avec tous les animaux d’une petite taille &
à circulation très-accélérée (y), mais qui ne doit
point faire admettre une forte de rajeuniflement,
un renouvellement de certaines parties chez eux.
Il faut donc ranger au rang des fables, ce que L’on
a dit autrefois de l’aigle, qui changeoic de bec par
intervalles (6). 1 2 3 4 5 6
(1) La graille de cet oifeau a été vantée contre les taches
qui obfcurcijflent la cornée tranfparente , à la fuite des
ophthalmies'.
(2) La graifle d’oie entre dans l’onguent fortifiant 5c
dans l’onguent peâoral de la Pharmacopée, de Lémcry ,
préparations aujourd'hui totalement abandonnées.
(3) Gruger, Ephem. Nat. Curiof., Dec. I I , ann. 6,
pag. 106.
(4) Duhamel, Mémoires de F Académie royale des fçiences,
année 1743 , pag. i3o.
(5) Willughby , Ornithol,, pag. i 3.
(6) Fr. Bacon Hift. vitre & mort. , pag. 81.
Conféquemment, chez les oifeaux, non-feulement
la durée de la vie eft plus longue que dans
les mammifères, mais encore elle ne fuit point les
mêmes règles, les mêmes proportions que chez
eux , o ù , de même que dans l’homme, la durée
de la vie eft toujours proportionnelle au temps
employé au développement du corps , & où les
individus ne font en état d’ engendrer que lorfqu’ils
ont pris ,1a plus grande partie de leur accmifle-
mônt. 1
Nous aurons bientôt occafion de donner des
preuves de cette aflertion.
1324 & [52c. L ’embryon & le foetus. L’accroif-
femenc des oifeaux, tant qu’ ils font renfermés
dans l’oe u f, fe fait avec une exceflive rapidité j
mais celle-ci diminue de moment en moment,
à mefure qu’on s’éloigne du premier terme de la
vivification. Haller (1) a démontré que, pendant
le premier jour de l'incubation , le petit poulet
groihffoit à tel point, qu’au commencement
du fécond jour, il pefoit quatre-vingt-dix fois
autant qu’au début du premier, tandis que, dans
le courant du vingt-unième jour, raccroiflement
n’étoit que de cinq à fix parties (1.).
Cette règle eft, au refte, jufqu’à un certain
point, applicable à l’homme & aux autres mammifères.
1326. Le premier âge. Après fa fortie de l’oe u f,
le jeune oifeaù continue à fe développer avec activité.
Dans, les fix premiers jours , après fa naif-
fance, il augmente dans la proportion de 44 à
50 (2) j dans les fept jours fuivans, il croît dans
celle de yo à 60j puis il met treize jours enfuite,
pour arriver de 60 à 66 (3).
La diminution de la rapidité fuivant laquelle fe
développe le corps, a donc encore lieu alors
d’après la même règle, que quand l’oifeau eft
contenu dans l’oeuf.
Au refte, le développement n'eft point uniforme
pour tous les fyftème$ de tiflus de l'économie.
Il eft aflez facile de voir les progrès de celui
des os, & Haller a fait connoïtre les rapports fui-
vant le'quels croiflent le tibia & le fémur. Ces
rapports font les fuivans, à dater du jour de la
fortie de l’oeuf.
D.ans.le premier jour, le tibia croît d e ...........................
— les trois jours fuivans, de ..............................................
—- les trois jours fuivans encore, d e ..................................
— les huit jours fubféquens, d e ...................... ................
— les cinq jours qui leur fuccèdent, de...........................
■— les fept jours fuivans, d e ........................................— .
— les neuf derniers jours, d e .............................................
io?i
121 13*7
' 4*
17 S
222
à 117! & le fémur de 737 à 83.
à 121 de 83 à 92*
à 1337 de 92 à 102.,
à ' 142 de 102 à 119.,
à 175 de 119 à 1.50.
à 222 de 150 à 175..
à 277 de 17 f à 202>
Il eft également fort aifé de connoïtre le mode
du développement des plumes, chez les oifeaux.
Nous avons déjà eu occafion de l’ indiauer précédemment
(2) j nous n’y reviendrons donc point
üfl jPfgfjsjl
Au refte, chez beaucoup d efpèces, un jeune
oifeau peut fe fervir de fes pieds en fortant de la
coque, & de fes ailes peu de temps après} il peut
marcher en naiffant, & voler un mois ou cinq fe-
maines après fa naiffance.
1327. Uadolefcence. En vertu de la promptitude
même de l’accroiffement, la faculté de fe reproduire
eft plus précoce chez les oifeaux que dans
les mammifères.
Le co q , par exemple, eft déjà en état d’engendrer
à l’ âge de quatre mois & même de quarante
jours (4). Beaucoup de petites efpèces s’accouplent
à lix ou huit mois (5) , ôc furtout les individus
femelles, qui, excepté dans l’ordre des
rapaces, étant d’ une moindre taille que les mâ-
(1) Èlementa phyfiologia corporis humant , lib. XXX ,
§„ i i . — Opera minora, com. III.
(2) Foye% ci-dejfus, pag. 6x3 & 614-
(3 ) Buffon, Difcours fur lanature des oifeaux.
(4 ) Réaumur, Art de faire éclore, I I , pag. 3 89.
(5) Belon , De la nature dés oifeauxUv. I.
les, arrivent plus tôt que ceux-ci à leur entier développement.
1333. JJ état des os dans la vieillejfe. Les OS des
oifeaux, d’une fubftance moins folide & plus légère
que celle des os des quadrupèdes, reftciit
plus long-temps poreux. C ’eft à cette particularité
que le célèbre Buffon ^attribue la longue vie
de ces habitans des airs.
1335. L’ état des tendons dans la vie’Ufffe. Les
tendons des oifeaux. ont une grande ten lance à
s’oflîfier avec l’âge j c.e fait eft furtout évident
pour ceux des membres abdominaux.
13 38. La vie. D’après de nombreufes & exaéles
obfervations , on fait, généralement aujourd’hui
1 que, dans l’homme & dans les quadrupèdes, la
] durée totale de la vie eft fix ou fept fois plus
j grande que ce lié de l’entier accroiffement j fi la.
! même règle étoit applicable aux oifeaux , il s’c-n-
| fuivroit que le coq & le perroquet, qui ne font
£ qu’un an à croître, ne devroient vivre que fix ou
5 fept ans, au lieu que l’on cite un grand nombre
(1) Voye\ci-de(fu$, n°. 1256»
(2) Halier, ubi fuprd.
(3) Idem, ibidem-,.